"Baissez vos armes!"

novembre 17, 2014

Dr William Yoder, un missionnaire basé à Minsk, que j’ai rencontré récemment en Angleterre, a fait ce commentaire cette semaine sur la crise ukrainienne, offrant une perspective en contradiction avec la plupart des médias occidentaux. Même si nous serons sans doute en désaccord avec cette vision, nous devons nous rappeler la prière de Saint-François: “Que je ne cherche pas tant… à être compris qu’à comprendre.”

Yoder: “Les sœurs et frères protestants d’Ukraine, en général, soutiennent que les soldats russes sont sur leur territoire, et qu’il est temps de défendre la patrie contre la Russie. Pourtant, les Ukrainiens de la région orientale du Donbass estiment qu’ils font exactement la même chose : défendre la patrie. Il apparaîtrait donc que les Ukrainiens défendent la patrie contre d’autres Ukrainiens. Ceci peut répondre à la définition de guerre civile, même si une telle déclaration serait politiquement très « incorrecte » dans l’Ukraine d’aujourd’hui, dirigée par Kiev. Une victoire de Kiev amènerait les peuples d’Ukraine orientale à être chassés de leur patrie ancestrale. “

“Les chrétiens de la majorité de l’Ukraine sont coupables d’une grave erreur lorsqu’ils soutiennent que seule la langue ukrainienne est capable d’unir le pays. C’est précisément cette tentative qui contribua grandement à la division du pays. Imaginez qu’un groupe de Suisses en venait à la conclusion que la Suisse ne pourrait être unie que sous la seule langue française. Cela diviserait probablement le pays. Pourtant, l’Ukraine a été plurilingue depuis autant de temps que la Suisse.“

Empoisonnement

“La haine au sein des jeunes protestants et l’empoisonnement des âmes influençables blessent réellement. (Ceci se produit bien entendu aussi en Russie, mais cela me semble plus aisément apparent quand je visite l’Ukraine.) Lors d’une conférence essentiellement charismatique, un jeune participant fut accueilli sous les applaudissements lorsqu’il compara l’annexion de la Crimée avec l’occupation allemande de Kiev entre 1941 et 1943. De manière générale, les Ukrainiens qui servent les armées du Donbass sont qualifiés de « terroristes ». Dans l’autre camp, les Ukrainiens de Kiev sont catégorisés en tant que « fascistes ». Ce sont des mots qui encouragent à la guerre. Effaçons-les de notre vocabulaire ! Ils n’ont pas de place auprès de chrétiens pacifiques. “

“Le président baptiste du Parlement, Oleksandr Turchinov, appelle à la reprise des hostilités à l’Est. Le 6 novembre, il écrit : « vous ne pouvez pas négocier avec les territoires occupés. Ils doivent être libérés. » Mais avons-nous été frappés d’amnésie ? La destruction massive des forces ukrainiennes occidentales dans la région d’Ilovaisk à la fin du mois d’août n’a-t-elle pas prouvé clairement que les Ukrainiens de l’Est et leurs cohortes ne pouvaient pas être chassés en dehors des frontières, vers la Russie ? La conclusion d’Ilovaisk  est que les intérêts russes ne seront pas maîtrisés par des moyens militaires. L’OTAN veut-elle risquer une grande guerre européenne pour le bénéfice d’un terrain de 50 km de large ? Ce conflit n’a pas de solution militaire. “

“L’option restante est le retour à la table des négociations à Minsk. Une question vitale serait : « Que faudra-t-il de la part de Kiev afin que les Ukrainiens de l’Est baissent les armes pour de bon ? » Si aucun accord négocié n’est possible, alors il faut diviser le pays. Lors des élections démocratiques et légitimes du 7 février 2010, le, désormais déchu, Viktor Yanukovich reçut 49% des votes. Donnons alors aux Ukrainiens de l’Est 15% du territoire – une partie de la région qu’ils ont toujours habitée. (La Crimée est un cas différent – il semble qu’elle appartiendra à la Russie pour longtemps.) Bien sûr, pas tous les Ukrainiens de l’Est – les protestants le moins de tous – désirent la création d’un état séparé. Mais une vaste majorité le désire – remarquez les résultats du référendum, non sans signification, du 2 novembre 2014. “

Division

“Les Ukrainiens de l’Ouest (protestants y compris) insistent sur le fait de couper avec leurs anciennes racines slaves orientales pour rejoindre l’Ouest. Nous devons bien sûr concéder que si ceci était clairement leur désir, il ne pourrait être qualifié de démocratique que si la décision des Ukrainiens de l’Est était respectée. Les Ukrainiens pro-Kiev croient que le nombre de dissidents ne correspond à rien de plus qu’un grain de sable tenu en vie par la Russie. Mais l’afflux de réfugiés vers la Russie (bien plus grand que les groupes se dirigeant vers l’Ukraine) et les résultats de l’élection de 2010 montrent l’inverse.

“Une division du pays ne mènerait pas à la disparation de l’Ukraine. En 1993, les Tchèques présentèrent 38% de « leur » territoire à la Slovaquie. Les deux peuples sont restés amis et leur territoire est ouvert à tous. Nous devrions bien sûr ajouter que la Tchécoslovaquie n’abandonnait pas ses biens : les Slovaques avaient un droit égal à posséder une partie du territoire. Il en serait de même pour l’Ukraine orientale. “

Yoder conclut : “Voyez-vous un autre chemin vers la paix ? Que les diplomates aillent à la table des négociations ; que l’on baisse les armes ! Les chrétiens peuvent jouer leur rôle afin que ceci ait lieu. »

 


À la semaine prochaine,

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