Célébrer l’unité et la diversité

septembre 25, 2017

Les Néerlandais ont une expression qui dit que ‘Dieu créa la terre mais que les Néerlandais créèrent la Hollande’. Et non sans raison. Leurs projets audacieux de génie civil ont repoussé la mer pour créer de l’espace pour des fermes, des maisons et des villes.

Pourtant, les Pays-Bas ne sont pas la création unique des Néerlandais. Des siècles d’interaction avec des peuples lointains et proches ont conduit au pays tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le roi Willem-Alexander, par exemple, n’a pas de sang ‘néerlandais’ dans ses veines. Il est Allemand à 90 pour cent et Russe à 10 pour cent. Pierre le Grand était un de ses ancêtres.

A l’époque de Rembrandt – l’Âge d’Or du dix-septième siècle – trois Amstellodamois sur quatre étaient des nouveaux arrivants dans la ville, fuyant les persécutions religieuses d’Anvers, de l’Angleterre, de la péninsule ibérique et des terres germanophones.

Au huitième siècle, Willibrord et Boniface amenèrent le christianisme de la Grande-Bretagne dans cette partie du Nord de l’Europe. Des ordres monastiques d’Irlande, de Grande-Bretagne, de France et d’Italie suivirent, implantant des communautés au sein des frontières néerlandaises actuelles et démarrant des hôpitaux, des hospices, des brasseries, des écoles et d’autres institutions sociales.

Vivant dans le delta du Rhin, les Néerlandais devinrent des marchands, spécialement entre l’Angleterre et l’Allemagne. Même aujourd’hui, les Allemands blaguent au sujet de Rotterdam comme étant leur plus grand port. Vers la fin du Moyen-Âge, la Ligue hanséatique connecta des villes marchandes néerlandaises avec d’autres villes autour de la Mer du Nord. Plus tard, Amsterdam devint le centre d’une entreprise de commerce mondial. L’identité néerlandaise a grandi grâce à l’interdépendance avec ses voisins.

Imbriqués

Aujourd’hui, les Néerlandais sont aussi fiers de leur sens d’identité nationale que toute autre nation européenne. Ils se rassemblent en masse, vêtus d’orange, pour les événements de football nationaux ou pour des occasions royales. Et pourtant, ils apprécient les pizzas italiennes, les bières belges, le chocolat suisse, le saumon norvégien, les meubles suédois, les détectives anglais, les groupes de rock irlandais, les vins espagnols, les voitures allemandes et bien plus encore. Ils aiment le Concours Eurovision de la Chanson et la Ligue des Champions de football (et détestent être éliminés).

Des histoires similaires d’imbrications pourraient être racontées pour pratiquement toutes les autres nations européennes. Dès lors, pourquoi ne pas célébrer notre appartenance à la famille européenne des peuples ? Pourquoi ne pas profiter de notre diversité et de notre unité ? Pourquoi ne pas observer une Journée annuelle de l’Europe, ainsi que nos jours de fêtes nationales, comme la Fête nationale française, le Koningsdag (le Jour du Roi) néerlandais, la Jour de l’unification allemande, etc. ?

Comme nous l’écrivions la semaine dernière, pour beaucoup d’entre nous, « l’Europe » semble être trop loin de nos vies quotidiennes. Mais lorsque nous nous arrêtons pour réaliser tout ce dont nous profitons et bénéficions grâce à nos connexions européennes, nous pouvons voir comment notre « Européanité » fait partie de la chaîne et de la trame de nos routines quotidiennes.

Base

Soyons donc concrets et pratiques. Comment pouvons-nous célébrer notre appartenance à une famille de peuples plus large ?

La Journée de l’Europe est déjà un événement officiel sur le calendrier de l’Union européenne, célébrée le 9 mai. C’était à cette date, en 1950, que Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français, annonça un plan visant à amener les industries du charbon et de l’acier de France et d’Allemagne, et de toute autre nation démocratique désireuse, de se joindre à une autorité supranationale. C’est la naissance reconnue du projet européen qui conduisit à l’Union européenne elle-même.

Cependant, la Journée de l’Europe ne doit pas être seulement politique. Et cela peut inclure plus que juste l’Union européenne. Les communautés civiles, en particulier les communautés religieuses, devraient prendre l’initiative. Elle devrait viser à influencer les enfants, les jeunes, les dirigeants et les membres des communautés religieuses, les universitaires, les politiciens, les responsables civils et tous ceux intéressés par l’avenir de l’Europe.

Imaginez une journée où des écoles à travers l’Europe se concentreraient sur le thème de la diversité et de l’unité, avec des jeux, des quizz et des projets de recherche amusants à faire sur internet, pour tous les âges. Les activités pourraient comprendre un programme ‘Schuman pour enfants’, similaire à ce que ma collègue Laura Mihaly de Cluj-Napoca, en Roumanie, organisa récemment, avec un grand enthousiasme aussi bien des enfants que des enseignants.

Des lectures pourraient avoir lieu dans des bibliothèques locales pour tous les âges, avec des histoires provenant de tout le continent. Des cafés et des restaurants, ainsi que des fêtes privées et des longs dîners, ou des soirées vin et fromage, pourraient offrir des menus spéciaux de la Journée de l’Europe, avec des plats et des boissons de tout le continent. Des concerts et des événements cinématographiques pourraient promouvoir la musique et le cinéma des quatre coins de l’Europe.

Inspiré par le Forum sur l’état de l’Europe à Amsterdam l’an dernier, lors de la Journée de l’Europe de cette année, un membre du conseil de la cathédrale Saint-Martin d’Utrecht (Domkerk) initia des vêpres œcuméniques, avec la Cathédrale catholique et la Vieille Cathédrale catholique, qui se poursuivront l’année prochaine. Les vêpres étaient suivies d’un symposium avec des intervenants de premier plan sur l’avenir de l’Europe.

Des symposiums, des éditoriaux dans les journaux, des quizz dans les cafés, des foules éclairs (flash mobs) jouant l’hymne européen dans des gares et dans des centres commerciaux sont des activités de base possibles. Nous prévoyons de créer une page web afin de promouvoir ce concept, avec des suggestions de ressources et des idées transférables à utiliser n’importe où.

Y-a-t-il quelque chose dans tout cela qui résonne en vous ? Alors, partagez vos réactions et vos idées, soit sur le site www.weeklyword.eu ou sur la page Facebook du Centre Schuman.

 


À la semaine prochaine,

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