Débattre de notre avenir

février 1, 2016

Face à la possibilité d’un ‘Brexit’, les Britanniques (les moins Européens de tous les membres de l’UE) lancent quelques initiatives nécessaires et constructives afin de discuter de l’avenir de l’Europe.

Nécessaires, à cause de la gravité des crises actuelles de l’économie et des migrants, accentuées par les menaces terroristes, et les possibles répercussions d’une sortie britannique. Des sondages récents montrent que la plupart des électeurs britanniques sont en faveur d’une sortie de l’UE, qui pourrait être confirmée, par référendum, probablement avant l’été.

Il y a plus de soixante ans, Schuman avait prévenu que les Britanniques auraient toujours une attitude ambivalente envers le projet européen, à cause de leur relation spéciale avec le Commonwealth britannique et les Etats-Unis. Un ‘non’ britannique aurait l’effet d’un choc séismique à Bruxelles et dans d’autres capitales européennes, perturbant le rêve de l’unité européenne. Certains craignent le début de la fin de ce qui a été le projet politique international le plus difficile et dynamique de l’histoire moderne. La Grande-Bretagne est en effet la plus grande économie de l’Union européenne, seulement derrière l’Allemagne. Sa perte serait pour l’Union un coup dur en termes de puissance économique et de prestige diplomatique mondial.

La présidence néerlandaise de l’UE, en cette première moitié de l’année, devra faire face à ces problèmes. Jamais, dans les 25 dernières années, le projet européen n’a été autant au centre des discussions et des débats publics. Jusqu’à présent, le thème de l’Europe n’a intéressé ni les éditeurs, ni les lecteurs, en particulier en Grande-Bretagne.

Âme

Mais à présent, un débat sain sur l’avenir du projet européen est suscité en Grande-Bretagne. Et cela a vraiment besoin de se produire dans tous les Etats-membres. Mercredi dernier, par exemple le Theos think tank (Groupe de réflexion Theos) a organisé un débat à Londres sur le genre d’Europe qui mérite d’être préservé. Les intervenants variaient des eurosceptiques aux europhiles. (J’ai été invité, à la dernière minute, à y participer – un défi insurmontable étant donné que je célébrais le 93ème anniversaire de ma mère en Nouvelle-Zélande le même jour).

Le chercheur de Theos, Ben Ryan, a contribué au débat par la présentation d’un rapport très constructif appelé A soul for the Union (Une âme pour l’Union). Maintenant, voici un document que je recommande à quiconque est intéressé par l’avenir de l’Europe, alors que le débat gagnera en intensité au cours des prochains mois. Ryan essaie de recadrer le débat actuel, cherchant à sortir de l’obsession du ‘fondamentalisme’ de marché, en rappelant à ses lecteurs la vision des pères fondateurs du projet européen. Les crises de l’Europe étaient symptomatiques d’une crise plus profonde de ‘l’âme de l’Europe’, écrit-il.

Pour les lecteurs réguliers de la pensée de la semaine, ceci ne sera pas nouveau. Ryan déplore l’hypothèse courante que la seule vraie mesure sur base de laquelle évaluer l’Europe est économique. La protection de l’Euro et la réduction du déficit sont devenues beaucoup plus préoccupantes que la protection des personnes vulnérables ou le soutien de l’emploi. La vision des pères fondateurs de l’Europe – De Gasperi, Adenauer, Schuman, Monnet, Spaak, et même Churchill – est méconnaissable dans les débats sur l’Europe d’aujourd’hui, affirme Ryan.

Ce qui était jadis un projet basé sur la morale, la paix, la prospérité et l’avantage de la population de l’Europe est devenu quelque chose de très différent. Le projet européen avait autrefois un sens très clair de son propre but moral et de sa mission. Il avait une âme. S’il pouvait retrouver cette âme, il se retrouverait avec une vision plus forte, valant la peine d’être défendue.

Important

Cette même semaine, une publication beaucoup plus dense paraîtra en Grande-Bretagne avec le grand titre : God and the EU-faith in the European project (Dieu et la foi de l’UE dans le projet européen). Les coéditeurs, Jonathan Chaplin et Gary Wilton ont collationné des chapitres, d’observateurs tant britanniques que continentaux. Ils offrent un aperçu des contributions chrétiennes à l’origine et au développement de l’UE. Tout comme Ryan, ils se focalisent sur une crise de ‘l’âme de l’Europe’. Est-ce que la foi dans le projet européen pourrait être maintenue, demandent-ils, si la contribution de la foi à l’histoire de notre continent et à l’inspiration des pères fondateurs pour le projet européen était mise de côté ?

God and the EU explique les origines chrétiennes de l’UE et rapporte aussi la place de la religion dans l’UE d’aujourd’hui, expliquant le rôle de la religion dans les institutions européennes actuelles. Ceci sera une source de référence importante qui vaut son prix élevé de 90 £ pour ceux qui recherchent des perspectives chrétiennes sur les questions difficiles auxquelles nous sommes confrontés en Europe aujourd’hui.

Les coauteurs présenteront leur livre à Bruxelles, dans deux semaines, dans la Chapelle de la Résurrection, le lundi 15 février à 19 heures. Chanoine Wilton, ancien représentant de l’archevêque de Canterbury auprès de l’UE, contribua au Forum sur l’Etat de l’Europe à Copenhague en 2012. Dr Chaplin, directeur du Kirby Laing Institute of Christian Ethics (Institut de l’éthique chrétienne Kirby Laing) à Cambridge, abordera ces questions, ainsi que d’autres, cette année, au Forum sur l’Etat de l’Europe à Amsterdam, les 8 et 9 mai prochains, dans  la Zuiderkerk. Une bonne raison pour s’inscrire.

Grâce à ces deux initiatives britanniques opportunes, les chrétiens des deux côtés de la Manche seront mieux informés et équipés pour les défis à venir.


À la semaine prochaine,

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