Double miracle de la résurrection

avril 3, 2018

Une audience de plus de trois millions de téléspectateurs fut témoin d’un double miracle de la résurrection grâce à l’interprétation moderne de l’histoire de La Passion de Jésus jouée dans toute la ville d’Amsterdam, à la veille du Vendredi Saint, la semaine dernière.

Débutant au sommet de la Tour d’Amsterdam au nord de la rivière Ij, l’histoire suivait Jésus et ses disciples à travers l’eau et les rues de la ville, vers son arrestation, son procès et sa crucifixion dans le district sud-est de Bijlmermeer – ou comme communément appelé le ‘Bijlmer’.

Le spectacle qui se déroule depuis sept ans dans différentes villes des Pays-Bas, est une production conjointe des trois principales sociétés de radiodiffusion chrétiennes : évangélique, protestante et catholique. Les participants sur scène sont choisis parmi des artistes célèbres de toutes sortes d’horizons. Des chansons contemporaines prennent une signification nouvelle dans le contexte de l’histoire biblique.

Une foule estimée à 20.000 personnes s’est rassemblée autour d’une immense scène et d’un écran géant près de l’Amsterdam Arena, le stade de l’équipe de football de l’Ajax, suivant avec enthousiasme l’histoire racontée par une ancienne présentatrice du journal télévisé national, Noraly Beyer. Des chansons, des interviews et des scènes transportaient l’histoire vers l’arrestation et le procès de Jésus, vêtu d’une blouse carcérale orange vif. L’apogée arriva lorsque Jésus ressuscité apparut, illuminé par des projecteurs, bien au-dessus de la foule, sur le toit de l’Arena.

Beyer, elle-même une descendante d’esclaves surinamiens et résidente de Bijlmer pendant 33 ans, expliquait que les acteurs, les solistes, et les choristes avaient été choisis pour leur lien avec le district. ‘Judas’ était le célèbre chanteur Jeangu Macrooy, lui aussi d’origine surinamienne, comme beaucoup de ceux qui se sont installés au Bijlmer après l’indépendance de leur pays en 1975.

Un autre ‘disciple’ était Don Seders, un jeune activiste populaire chrétien, travaillant pour les pauvres du Bijlmer, récemment élu au Conseil communal d’Amsterdam.

Catastrophe

Le « Bijlmer » a fait la une des journaux du monde, en 1992, lorsque l’avion cargo El Al s’écrasa dans deux des dix étages d’un immeuble à appartements, en forme de nid d’abeille, démolissant de nombreux appartements et tuant plus de 40 personnes.

Depuis le site d’un monument érigé en 1996 en mémoire des victimes, une grande croix éclairée au néon débuta une procession ‘Via Dolorosa’, portée par des résidents du Bijlmer, dont certains avaient perdu des membres de leur famille lors de la catastrophe.

La narratrice a tissé l’histoire du Bijlmer en toile de fond du spectacle du soir, une histoire qui représentait en soi un miracle de résurrection. Elle a expliqué que cette année marquait le 50ème anniversaire de l’achèvement des premiers appartements du Bijlmermeer, la raison du choix du lieu de cette année.

Désormais lieu de résidence d’environ 50.000 personnes de 150 nationalités, le Bijlmer a été transformé, de ce que la police avait appelé une zone sinistrée nationale – le premier ghetto des Pays-Bas synonyme de crime, de drogue, de chômage et d’immigrants illégaux – en une communauté multiculturelle dynamique.

Manquant 

Le Bijlmer avait été conçu pour être une ‘ville rayonnante’ moderne pour ‘le nouvel homme’, basé sur les idées de l’architecte suisse Le Corbusier. C’était une expérience unique d’aménagement urbain aux Pays-Bas, et c’était la seule entreprise de ce type dans le monde. Elle incarnait le style de vie futuriste de la famille de classe moyenne néerlandaise, du moins au début des années 1960.

Très vite, cependant, les Néerlandais commencèrent à critiquer le design alvéolé massif, monotone et sans fin du Bijlmer, choisissant des projets d’habitation de moindre envergure dans les villes voisines. Les bâtiments sont restés vides à leur achèvement jusqu’à ce que des migrants, en provenance du Surinam, commencèrent à s’installer. La moitié d’entre eux  étaient sans emploi, vivant de subsides sociaux.

Jusqu’à la dernière décennie du siècle dernier, le Bijlmer continua à se détériorer à mesure que plus de migrants s’installaient dans ces logements à bas prix. Beaucoup en provenance d’Afrique étaient des chrétiens pratiquants et remarquèrent immédiatement un élément manquant dans la communauté : aucune église n’avait été prévue dans cette ‘ville futuriste et rayonnante pour le nouvel homme’. La pensée séculariste avait supposé que ‘les églises’ appartiendraient au passé.

Des croyants commencèrent à se rassembler dans des parkings. D’autres se rassemblèrent pour la prière et l’étude biblique dans des appartements. Des congrégations émergèrent dans des bureaux, des espaces en-dessous des appartements, partout où ils pouvaient chanter, prier et lire la Bible ensemble. Certaines des victimes de l’accident de l’avion El Al priaient et étudiaient ensemble au moment de l’impact.

Dans le cadre d’un programme de renouvellement du Bijlmer, un grand complexe fut acheté, il y a onze ans, parrainé par la ville pour que de nombreuses églises puissent l’utiliser pour des cultes. Depuis lors, De Kandelaar a été utilisé conjointement par cinquante églises de quinze dénominations.

Décrivant ces églises comme des ‘perles’, l’ancien chef de police du Bijlmer, Danny Williams, déclarait que la police avait beaucoup de raisons de les remercier. Au cours de la dernière décennie, il y a eu une coopération étroite entre les églises, la police, les politiciens et les autorités d’immigration.

Aujourd’hui, plus de 10.000 personnes parmi celles qui vivent dans le Bijlmer, sont des membres d’église actifs, à peu près une personne sur cinq. La plupart sont des jeunes. Comme Noraly Beyer expliquait à ses téléspectateurs, ils rassemblent pas moins de 150 différentes congrégations.

J’appellerais cela un miracle de résurrection. Pas vous ?


À la semaine prochaine,

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