Entendre la voix intérieure

juillet 20, 2015

La vue du balcon doit sans doute être une des plus epoustouflante au monde. Mais les congressistes rassemblés en cercle, a coté des fenêtres panoramiques de l’hôtel Caux Palace surplombant le lac de Genève, ce vendredi matin dernier, ne regardaient pas dehors. Au contraire, ils regardaient au-dedans, à l’écoute de la voix intérieure.

Caux Palace, connu également comme le Centre de la Réconciliation des Nations, a été un lieu de rencontre pour des gens de toutes les nationalités, depuis la Deuxième Guerre mondiale. Des centaines de politiciens, industriels, syndicalistes, journalistes, dirigeants d’église et pédagogues allemands y ont rencontré leurs homologues d’anciennes nations ennemies, afin de demander et de recevoir le pardon et de construire les fondements de confiance pour l’avenir de l’Europe. Notre Continental Heritage Tour planifiait de visiter Caux vendredi dernier, sur notre route pour Genève, avant de nous rediriger vers le nord, pour rentrer aux Pays-Bas. J’ai reçu une invitation pour parler de Robert Schuman lors d’une conférence sur la réconciliation, commençant la veille à Caux, et appelée Pour relancer une Europe inachevée. Etant donné que cela s’accordait parfaitement à notre programme, j’ai accepté l’invitation. Le mouvement qui possède et gère le Caux Palace a opéré sous plusieurs noms depuis son début dans les années 1920 ; tout d’abord en tant que First Century Christian Fellowship, ensuite en tant que Groupe d’Oxford, suivi par le Réarmement Moral, et de nos jours en tant qu’Initiatives et Changements (I&C).

Changement personnel

Ce mouvement mondial est engagé dans la transformation de la société vers un monde juste, paisible et durable, en commençant par un changement personnel. Le lien entre le changement personnel et le changement mondial implique de jeter un regard honnête sur les motivations et comportements personnels. I&C, avec sa diversité intergénérationnelle, multiculturelle et interreligieuse, encourage une écoute respectueuse des autres, des conversations honnêtes et des ponts de confiances entre peuples de contextes différents, voire antagonistes. Au cœur de son approche, le mouvement encourage la pratique régulière de l’écoute silencieuse de la voix intérieure, ce que certains nomment rechercher la direction divine, et d’autres la direction de la conscience. Auparavant, le slogan était souvent répété : ‘Quand quelqu’un écoute, Dieu parle ; quand quelqu’un obéit, Dieu agit’. Alors qu’I&C était un mouvement chrétien à l’origine, il est devenu un forum pour des peuples de toute confession et d’aucune. Pourtant, cette pratique de la méditation silencieuse quotidienne a des origines clairement chrétiennes. Frank Buchman, l’évangéliste influent qui fonda le mouvement, était fortement influencé par le Piétisme luthérien de l’école de Halle, que nous avons visité précédemment durant notre tour. Il a aussi vécu une expérience transformant sa vie à Keswick, dans le nord de l’Angleterre, sous le ministère de Jesse Penn-Lewis, après quoi il a ressenti plus fortement la présence du Saint-Esprit dans sa vie. Une autre influence majeure dans sa vie a été celle du baptiste britannique, F.B. Meyer, auteur de The Secret of Guidance (1896). Un jour, Meyer provoqua Buchman personnellement, en lui demandant s’il donnait réellement à Dieu suffisamment de temps ininterrompu afin qu’Il lui dise quoi faire. Buchman décida de passer au moins une heure chaque matin à l’écoute de Dieu, initialement de cinq à six heures. Ceci initia une pratique routinière de ‘temps calme’ dans le but de chercher la direction de Dieu. Il encouragea d’autres à parler à Dieu pendant quinze minutes et à l’écouter silencieusement pendant 45 minutes. Il cita également Saint-François de Sales, disant qu’une demi-heure par jour à l’écoute de Dieu était un minimum de base. Cependant, pour des personnes très occupées, une heure entière était nécessaire !

Longue méditation

Le modérateur de notre ‘temps calme’ donna des exemples d’autres personnes qui pratiquaient la méditation de prière. J’étais surpris d’entendre une citation lue par François Mitterrand, ancien Président français, rendant l’hommage suivant à Robert Schuman, lors de la commémoration du centenaire de sa naissance, le 25 juin 1986 : Cet homme discret, modeste, inspiré par sa foi profonde en Dieu, démontra, lorsque c’était nécessaire, une résolution que rien ne pouvait détourner. Lorsque j’étais membre de son gouvernement, je l’ai vu tel qu’il était, debout très tôt le matin, commençant son travail dans un bureau dépourvu de documents, après une longue méditation que personne n’osait déranger. Bien que Mitterrand ne fût clairement pas un homme spirituel, il participa aux conférences de Caux dans les années d’après-guerre. Nous allions voir une preuve supplémentaire de la spiritualité personnelle de Schuman, deux jours plus tard, lors de notre dernière étape du Tour de l’Héritage à travers la France, lors de notre arrêt dans le petit village de Scy-Chazelles, où sa maison est désormais un musée. La bibliothèque de sa maison comprenait des livres sur la spiritualité et la prière. Tout comme Buchman, qui encouragea le ministre français des Affaires étrangères à écouter son cœur, alors qu’il pensait à se retirer de la politique en 1948, Schuman découvrit que la pratique de l’écoute de la direction divine était essentielle pour sa politique. Schuman obéit à cette voix intérieure, resta dans la politique, et façonna l’histoire moderne de L’Europe en conséquence.


À la semaine prochaine,

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