Histoires continentales

juillet 17, 2017

Comme les personnages des Contes de Canterbury de Chaucer, ils venaient de différents horizons. Il y avait un docteur, un aiguilleur du ciel à la retraite, un pasteur presbytérien et un inspecteur ; ainsi que des enseignants, des grands-mères, des jeunes mariés et des missionnaires. Ils provenaient d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie et d’Océanie.

Alors que le pèlerinage à Canterbury, au tombeau de Saint-Thomas À-Becket, assassiné, prit plus de cinq jours de marche pour couvrir les cent kilomètres depuis Londres, ce ‘pèlerinage’ par quarante endroits, dans cinq pays, s’étendait sur cinq mille kilomètres et deux semaines entières, dans un petit convoi de véhicules.

Comme dans le classique anglais du quatorzième siècle, notre voyage de ces deux dernières semaines a permis de créer de nouvelles amitiés, autour des récits et des repas – mais sans les grivoiseries de Chaucer. Alors que les pèlerins d’autrefois se mettaient en marche pour gagner la faveur de Dieu et expier les péchés, notre groupe de pèlerins sur le Tour Continental de l’Héritage s’est mis en route pour suivre la trace des minorités fidèles à travers deux millénaires, afin d’apprendre comment l’histoire de Jésus a façonné la vie et la société européenne – et peut encore le faire.

Notre dernier souper ensemble, samedi soir, a été célébré dans la pièce supérieure d’un restaurant à un jet de pierre de l’imposante façade gothique de la Cathédrale de Strasbourg, avant que nous sortions pour rejoindre la foule attendant, dans l’air doux du soir, le captivant spectacle son et lumière projeté sur l’édifice millénaire.

Imbrication

Autour d’une Tarte flambée, spécialité alsacienne, nous avons partagé nos expériences et impressions de notre voyage en commun, plein de découvertes et de surprises. Certains ont avoué qu’ils n’avaient eu qu’une vague connaissance des personnes-clés de la Réforme, tels que Luther, Zwingli et Calvin, encore moins de comment Dieu avait été à l’œuvre, en Europe,  tout au long de ce qui est communément appelé l’Âge Sombre.

D’autres ont partagé leur stupéfaction quant à l’influence considérable des pionniers apostoliques sur de vastes étendues de territoires. Boniface, par exemple, fonda et dirigea des monastères et des évêchés à Erfurt, Ratisbonne et Fulde, et était encore vigoureux à l’âge de 80 ans, lorsqu’il connut une mort violente en Frise.

L’imbrication de l’histoire de l’Europe a aussi impressionné d’autres personnes. Jan Hus à Prague a été inspiré par Jean Wycliffe à Oxford, qui à son tour influença Jan Amos Comenius, le Comte Zinzendorf et John Wesley, chacun d’entre eux produisant littéralement des millions de descendants spirituels. La réalité de la persécution et la détermination de la foi des disciples de Hus se révéla à nous alors que nous avions escaladé les montagnes du nord de la République Tchèque, à travers un labyrinthe naturel rocheux, là où ils se rencontraient pour des cultes secrets.

Ce même samedi matin, nous avions marché dans les rues de Genève, une ville réputée pour être la plus malodorante d’Europe, jusqu’à ce que Jean Calvin amena une transformation de la vie d’église, de la vie de famille, des pratiques dans le monde des affaires, de l’éducation, des soins de santé et du gouvernement de la ville, par son application pratique de la Parole de Dieu dans la vie quotidienne. Nous avons attribué le caractère internationaliste actuel de la ville au travail de ce réformateur.

Encore frais dans nos pensées, c’était notre voyage, le jour précédent, dans le village de Saint-Maurice, au sud de Montreux, à la pointe orientale du Lac de Genève, portant le nom d’un commandant de la Légion thébaine, de l’armée romaine du troisième siècle, venant de la Haute-Egypte. Lui et ses hommes avaient été appelés par l’empereur Maximien pour réprimer une rébellion de chrétiens helvètes, en Suisse actuelle, qui avaient refusé d’adorer les dieux romains et l’empereur en tant que dieu. Maurice et sa légion dirent à Maximien que, bien qu’ils voulaient être des soldats obéissants et courageux pour César, leur loyauté ultime était aussi pour Dieu. La légende raconte que la légion complète de 6.600 hommes s’est laissée être exécutée plutôt que de trahir leur Christ.

Vitalité

En grande partie oubliée aujourd’hui, cette histoire était largement racontée dans l’Europe entière, exprimée dans les vitraux et les statues, rappelant aux Européens que la foi chrétienne devait beaucoup à la vitalité de l’église en Egypte, où le monachisme commença dans les premiers siècles. Nous avons rencontré de nombreux rappels visibles du réseau serré de monastères qui avaient été les pierres angulaires de la société européenne, après l’effondrement de l’Empire romain – d’Utrecht et Amsterdam, au début du tour, jusqu’à Saint-Gall, Zürich et Saint-Maurice, vers la fin. Ces communautés avaient été des centres d’adoration, d’enseignement, de culture, d’agriculture et de commerce d’Europe.

Parfois, passant la nuit dans des centres de Jeunesse en Mission, et dans une communauté œcuménique à Fulde, nous pouvions reconnaître le même esprit et les mêmes formes de mouvements du passé par lesquels Dieu avait apporté le renouveau et la réforme en Europe.

Nous nous sommes rappelés de l’observation de G.K. Chesterton, il y a un siècle, qu’au cours des 1900 années précédentes, il y avait eu au moins cinq ères au cours desquelles il semblait que l’Eglise ‘allait aux chiens’ (c’est-à-dire courrait à sa perte) ; et pourtant à chaque fois, c’était ‘le chien’ qui mourrait. Depuis cette observation, deux ‘chiens’ supplémentaires sont morts : le fascisme et le communisme. Un autre ‘chien’, également condamné à passer, est le sécularisme.

Notre voyage de retour dans le passé nous a encouragés à croire que Dieu n’en a pas encore fini avec l’Europe.


À la semaine prochaine,

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