Le paradoxe de Vincent Van Gogh

août 21, 2017

De l’autre côté de la rue du centre de Jeunesse en Mission De Poort, sur le quai d’Amsterdam, et à côté du musée maritime, se trouve le bâtiment en briques rouges de l’ancienne amirauté.

On peut voir une grande plaque de bronze sur le bâtiment, depuis les fenêtres de De Poort où nous avons organisé le Masterclass sur les études européennes au début de ce mois. Une inspection plus approfondie montre qu’elle commémore, non pas la carrière courageuse d’un officier de marine héroïque, mais le séjour, dans ce bâtiment, d’un jeune et zélé étudiant en théologie appelé Vincent van Gogh.

Logeant là, de mai 1877 à juillet 1878, avec son oncle, le Contre-Amiral Johannes van Gogh, Vincent a essayé, sans succès, de se préparer aux études théologiques, instruit par un autre oncle pasteur de l’Eglise réformée néerlandaise.

Les dimanches, pour Vincent, impliquaient une routine auto-imposée de fréquentation fanatique d’églises : un culte tôt le matin dans l’Oosterkerk toute proche, suivi d’un autre dans l’Oudezijds Kapel (encore de nos jours un ministère évangélique dans le quartier rouge). Après avoir marché plus loin pour le sermon suivant dans la Westerkerk, il terminait son circuit dans la Noorderkerk. La plaque en bronze cite ses propres mots à son frère Theo au sujet des ‘nombreux porches et sols d’églises’ qu’il a vus dans la ville.

L’échec de ses études l’a poussé à partir pour une pauvre région minière en Belgique, en tant que prédicateur laïc. Avec le même fanatisme, il s’est impliqué dans la vie des pauvres, a donné tous ses biens et est même descendu dans les mines. Mais ses efforts ont été rejetés aussi bien par la population locale que par la mission pour laquelle il travaillait.

Rejet

Ses croquis d’un Borinage sombre et miséreux ont cependant incité Theo à lui conseiller de devenir un artiste. Mais cette nouvelle recherche, pour son appel, était aussi chargée de déception, de rejet et d’échec. Il a écrit à Theo qu’il « n’arriverait jamais à rien d’important ».

D’autres échecs (dont une tentative malheureuse d’aider une prostituée et son enfant) l’ont forcé à retourner vivre avec ses parents à Nuenen, près d’Eindhoven, dans le sud des Pays-Bas. Là-bas, il a produit plus de 500 œuvres, dans des couleurs terreuses ou au crayon, le plus souvent des scènes rurales.

Et puis la France l’a attiré, tout d’abord à Paris où il a découvert la couleur et développé son style typique de coups de pinceau courts, et plus tard à Arles, dans le sud, où il avait espéré mettre sur pied une confrérie d’artistes. Là-bas, sa relation tumultueuse avec Paul Gauguin l’a conduit dans un asile, pendant un an, et à la production de 150 autres œuvres. La dernière année de sa vie, 1889-90, Vincent a déménagé à Auvers-sur-Oise pour être plus près de son frère. Son activité artistique effrénée a continué, produisant une peinture par jour.

Un jour de juillet 1890, il est revenu boitillant d’un champ de maïs avec une blessure par balle fatale. Il est mort deux jours plus tard. Jusqu’à récemment, on avait supposé qu’il s’était tiré une balle. Mais des questions concernant l’angle de tir et d’autres circonstances ont désormais mené à des théories selon lesquelles des jeunes locaux étaient responsables.

La vie tragiquement courte de Vincent van Gogh était un des nombreux paradoxes. Au cours de sa prolifique décennie de production artistique, avant sa mort, il avait peine à vendre ses peintures. Aujourd’hui, pourtant, ses œuvres se vendent  à des centaines de millions d’euros.

Preuve

Son association avec Amsterdam n’a jamais été en tant que peintre. Pourtant, aujourd’hui, le Musée Van Gogh est l’une des attractions touristiques les plus populaires d’Amsterdam, où les amateurs font la file chaque jour dehors, impatients de voir la collection de plus de 200 de ses originaux.

Les critiques ont traditionnellement supposé que les déceptions de van Gogh avec l’église l’ont amené à rompre avec le christianisme institutionnel et à rechercher le divin dans la nature. Pourtant, ses propres écrits à Theo et ses peintures de sa dernière phase témoignent de sa préoccupation, jusqu’au bout, de la personne de Christ : « …un artiste plus grand que tous les autres artistes, méprisant le marbre et l’argile ainsi que la couleur, œuvrant dans la chair vivante », a-t-il écrit. « Cet artiste incomparable… a rendu des hommes vivants, immortels. »

Deux livres qui ont eu un impact tout au long de la vie de van Gogh étaient L’imitation de Christ, par Thomas a Kempis, et Le voyage du pèlerin de John Bunyan. Au sujet de sa peinture de 1890 d’un vieil homme assis près d’un feu ouvert, appelée À la porte de l’éternité, il écrivait : «  L’un des éléments de preuve les plus forts de l’existence… d’un Dieu et d’une éternité, est la qualité indiciblement émouvante qu’il peut y avoir, dans l’expression d’un vieil homme… qui ne peut pas être destiné aux vers… »

Plus récemment, ma petite-fille de huit ans – une fan inconditionnelle de Vincent –m’a fait part d’une nouvelle recherche déclarant que Terrasse du café le soir (1888) dépeint le Dernier Repas, complet doté d’un mystérieux Judas s’éclipsant par la porte, un Jésus comme personnage central avec une croix derrière lui, et les autres disciples assis aux tables. Toute la scène est baignée d’une teinte jaune doré, une allusion typique de van Gogh au divin.

En écrivant à Theo au sujet de cette œuvre, Vincent disait qu’il ressentait « un besoin immense pour, vais-je dire le mot – la religion. »

 


À la semaine prochaine,

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