Nous pouvons faire mieux!

juin 20, 2016

Des deux côtés de la Manche, les protestants sont plus susceptibles d’être eurosceptiques, tandis que ceux ayant un héritage catholique sont plus pro-Union européenne, selon une étude récente.

Six baptistes britanniques sur dix, par exemple, sont susceptibles de voter pour quitter l’Union européenne, par rapport à seulement 41% de ceux n’ayant aucune religion, 38% de musulmans, 34% de juifs et 13% d’Hindous pouvant voter le départ.

Ceci peut être surprenant, quand les chrétiens sont censés vivre selon le Grand Commandement d’aimer Dieu et son prochain, pays voisins y compris. En vingt ans de voyages à travers l’Europe, en tant que directeur européen de Jeunesse en Mission, j’ai découvert qu’en général, plus on se dirigeait vers le nord, plus on pouvait rencontrer des eurosceptiques. La plupart des protestants, particulièrement des évangéliques, ne semblaient pas avoir de cadre de réflexion sur l’Europe autrement qu’en termes de scénarii eschatologiques populaires de l’Europe en tant que bête à dix têtes, ou en tant que prostituée de Rome ; que l’Union européenne était un complot catholique, une première étape vers un gouvernement mondial tant redouté, une vaine tentative de reconstruire Babel.

Pourtant, aucun de ces scenarii n’a aidé les croyants à comprendre comment le royaume de Dieu devait venir et comment sa volonté devait être faite sur terre, comme ils l’ont sans doute prié dans la prière du Notre Père. Mon propre passé baptiste/charismatique ne m’a pas non plus équipé à me demander quel genre de modèles gouvernementaux incarneraient au mieux les enseignements de Jésus au sujet de l’amour, de la justice et de la vérité. Mon odyssée personnelle m’a amené à trouver des réponses à la fois dans les perspectives réformées/kuyperiennes que, plus tard, dans l’enseignement catholique social.

Spéculation

Malheureusement, le débat du Brexit semble avoir causé une résurgence de ce genre de spéculation sur la fin des temps. Un ami britannique postait sur Facebook la semaine dernière : « Pourquoi dit-on que beaucoup de chrétiens au Royaume-Uni entendent qu’Europe (de la mythologie grecque) est la prostituée de Babylone, alors qu’Europe était une vierge innocente, l’opposée d’une prostituée ? Pourquoi dit-on que beaucoup de chrétiens au Royaume-Uni entendent que Satan est assis en Allemagne et que l’Union européenne est un complot satanique, avec l’Allemagne comme agent de domination ? Je suis sans voix et dégoûté. »

Apparemment, des congrégations entières sont encouragées par leurs pasteurs à voter le départ, basé sur ce genre de scenario. Pourtant, les protestants et les évangéliques ignorent, pour la plupart,  la merveilleuse histoire du pardon chrétien et de la réconciliation, à la naissance du projet européen, de la préoccupation, dans la prière, partagée par les pères fondateurs tels que Schuman, Adenauer et De Gasperi, afin que l’Europe d’après-guerre soit reconstruite sur des fondements chrétiens, et que l’inspiration de ces hommes provenait directement des enseignements de Jésus d’aimer et de pardonner ses ennemis.

Certes, en tant que chrétiens, nous devons faire mieux que cela ! Mais cela signifierait un grand changement dans notre raisonnement et une humble préparation d’apprendre à partir de courants autres que le nôtre. Car notre tradition évangélique a très peu développé de théologie politique et de doctrine sociale. Jusqu’à il y a un peu plus de quarante ans, les évangéliques désapprouvaient l’engagement social, le considérant comme étant une distraction de la véritable tâche de sauver des âmes. La politique était sale et les chrétiens ne devraient pas être impliqués, par exemple. Heureusement, beaucoup se rendent compte maintenant que ceci est la raison pour laquelle les chrétiens devraient être impliqués, en tant que sel et lumière ! Mais trop souvent, nous nous sommes précipités naïvement sur la place publique, sans beaucoup de compréhension. Et parfois, avec des résultats désastreux.

Urgent

Pourtant, il existe un enseignement social et politique bibliquement enraciné. Les quatre piliers de la doctrine sociale de l’Eglise (catholique) – la dignité humaine, le bien commun, la solidarité, et la subsidiarité – ont été construits sur la chaîne et la trame de la pensée de l’Union européenne. L’enseignement d’Abraham Kuyper sur les sphères de souveraineté a profondément façonné la politique néerlandaise, au cours du dernier siècle.

Des efforts plus récents, tels que la Pensée relationnelle par le Dr Michael Schluter, offre des paramètres pour la promotion d’une Europe relationnelle, encourageant les relations entre les nations et les peuples, en cherchant le bien commun, la continuité avec l’autre, en choisissant la proximité (se rapprochant plutôt que s’éloignant l’un de l’autre), s’engageant dans une multiplexité d’environnements, et en respectant la parité, (l’intégrité des autres parties, indépendamment de leur taille ou de leur rang social). Ce principe de parité m’est revenu en tête, il y a quelques jours, lors d’une visite sur la petite Ile de Malte, qui se prépare à prendre la présidence de l’Union européenne, l’an prochain, avec une population d’à peine 450.000 habitants !

Après le Brexit, quelle que soit la direction de la décision, la question de l’avenir de l’Europe ne sera que plus urgente. Où pouvons-nous trouver des réponses bibliques ? Nous n’avons certainement pas toutes les réponses dans le Centre Schuman, mais nous essayons de créer un espace pour rechercher ces réponses ensemble, à travers des événements tels que le Forum sur l’état de l’Europe, les Tours de l’héritage, et le Masterclass pour les études européennes.

Le prochain Masterclass se tiendra à Louvain dans seulement six semaines, du 2 au 7 août. Si vous êtes pasteur, missionnaire, professionnel, enseignant, étudiant, politicien, ou tout simplement concerné par l’avenir de l’Europe, je ne connais pas de meilleur cours disponible comme point de départ afin de rechercher des réponses bibliques aux problèmes pressants pour l’Europe de demain. Il y a encore de la place pour vous. Vous pouvez vous inscrire ici aujourd’hui.


À la semaine prochaine,

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