Soins de santé et hospitalité

septembre 3, 2018

Lorsqu’une ambulance, aux sirènes retentissantes et aux feux flamboyants, roule à toute allure dans les rues, ‘la bienséance’ veut que toute la circulation s’arrête pour laisser la place à ce véhicule en mission d’urgence.

Pourtant, soins et compassion n’ont pas toujours été la réponse évidente à la souffrance. La croyance au karma, par exemple, entravait l’intervention auprès d’une personne souffrante car elle reportait la souffrance vers une vie future. La maladie signifiait la faiblesse humaine, dans les sociétés grecques et romaines. Sénèque, le philosophe romain, écrivait : « nous noyons les enfants qui, à la naissance, sont fragiles et anormaux. » Les Romains ont souvent fui pendant les épidémies, laissant les malades mourir sans surveillance.

Les textes hébreux décrivaient cependant de nombreux cas où Dieu guérissait les malades, par exemple, lorsque Moïse tint le serpent élevé sur un bâton dans le désert (Nombres 21:9). Ils contenaient aussi des directives pour une vie saine, et une promesse de sauver Israël des maladies affectant les Egyptiens : « Car je suis l’Eternel, qui te guérit. » (Exode 15:26)

Les enseignements et les actions de Jésus allaient encore plus loin, introduisant une révolution dans la réflexion sur les soins de santé. Aimez vos ennemis, enseignait-il. Son histoire du Bon Samaritain fit des soins et de la compassion une préoccupation universelle, pas seulement à ceux d’affinité familiale, religieuse ou nationale.

Aujourd’hui, la croix est un symbole utilisé sur les cartes, les panneaux et les véhicules afin de signifier les hôpitaux et l’assistance médicale de toutes formes. Pourtant la croix était un instrument romain cruel de torture et de mort jusqu’à ce que la crucifixion de Jésus la transforme en un signe de guérison et d’espoir.

Ce fut un tournant dans l’histoire des soins de santé. La guérison allait de pair avec la prédication de l’Evangile. Naufragé sur l’île de Malte, Paul guérit beaucoup de malades par la prière. Aujourd’hui, les Maltais datent leur conversion au Christianisme depuis cet événement.

Dans leurs lettres, Pierre et Paul ont tous deux souligné que le peuple de Dieu devait refléter le caractère de Dieu en étant hospitalier et accueillant, spécialement envers les étrangers ; les anciens devaient particulièrement être connus pour leur hospitalité. Nos mots pour ‘hospitalité’, ‘hôpital’, ‘hospice’ et ‘hôtel’ viennent tous du même mot latin, hospitale qui dérive de hospes, hôte, c’est-à-dire celui qui offre l’hospitalité.

Dans Matthieu 25, Jésus a énuméré les ‘œuvres de miséricorde’ : prendre soin des malades, revêtir les dénudés, désaltérer les assoiffés, nourrir les affamés, loger les sans-abri et rendre visite aux prisonniers. Cette liste a énormément influencé l’œuvre chrétienne à travers les âges.

Denys, un évêque du 3ème siècle, a décrit comment les Chrétiens « visitaient les malades sans penser à leur propre péril,… attirant sur eux les maladies de leur prochain et prenant volontairement le fardeau des souffrances de ceux qui les entourent. »

Bien que certaines installations semblaient avoir existé pour les soldats romains blessés, les hôpitaux où les malades étaient traités et soignés ne furent institutionnalisés qu’après le Concile œcuménique de Nicée, en 325. Des délégués acceptèrent d’installer des hospices dans chaque ville avec cathédrale dès leur retour.

On attribue à Basil de Césarée, en Cappadoce (Turquie), la construction du premier hôpital (nosocomium) exclusivement destiné à soigner les malades, en 369. D’autres suivirent à Rome et à Constantinople. Les infirmeries devinrent une partie régulière des monastères tandis qu’ils se répandaient à travers l’ancien Empire romain. Celles-ci étaient les premières institutions caritatives volontaires au monde.

Le plus ancien hôpital en activité dans le monde est l’Hôtel-Dieu à Paris, fondé par l’évêque Landry en 651 après J.C.. Construit sur l’Île de la Cité, à côté de Notre-Dame, c’était le seul hôpital parisien jusqu’à la Renaissance.

L’Empereur Charlemagne parraina la construction d’hôpitaux dans tout le Saint-Empire romain germanique. Plus tard, pendant les Croisades, les Chevaliers de Saint-Jean étaient un ordre militaire chargé de défendre et de prendre soin des pèlerins en Terre Sainte. Ils dirigeaient l’hôpital du 11 siècle, à Jérusalem, et furent connus sous le nom des Hospitaliers. Après la reconquête musulmane de Jérusalem, ils déménagèrent finalement à Malte, et devinrent les Chevaliers de Malte, fondant peut-être l’hôpital le plus avancé du monde, la Sacra Infermiera, où jusqu’à 914 patients de toutes confessions, Chrétiens, Musulmans et autres étaient traités.

La charité chrétienne inspira le développement aussi bien des soins infirmiers que des soins aux personnes atteintes de troubles mentaux. Les Sœurs Augustines devinrent le plus vieil ordre de sœurs consacrées aux soins infirmiers, au 13èmesiècle, le terme ‘sœur’ étant encore utilisé pour les infirmières.

Après la Réforme, les ordres de diaconesses se sont développés. L’un d’eux, fondé par Theodor Fliedner à Kaiserswerth, en Allemagne, en inspira beaucoup d’autres dans toute l’Europe, y compris Florence Nightingale, une jeune chrétienne britannique qui visita Kaiserswerth avant de se consacrer elle-même aux soins des blessés de la Guerre de Crimée. A son retour à Londres, accueillie en héroïne, elle fonda une école d’infirmières à l’Hôpital St Thomas.

Tout autant consterné par les souffrances sur le champ de bataille, l’homme d’affaires chrétien suisse, Henri Dunant, fonda la Croix Rouge en 1864, et reçut le premier Prix Nobel de la Paix en 1901.

Le message d’amour universel de Dieu pour l’humanité, exprimé en Jésus, a clairement été la source de la diffusion mondiale des soins de santé et de l’hospitalité que nous considérons si facilement comme acquis de nos jours.

 


À la semaine prochaine,

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