Vivre avec le paradoxe

août 8, 2017

Les bruits de la préparation de la Parade Pride à Amsterdam dérivaient jusqu’à nous depuis cinq étages plus bas. Lors de notre dernier jour du Masterclass pour les Etudes européennes, nous nous sommes réunis, le samedi matin, dans la tour de prière du bâtiment de Jeunesse en Mission De Poort.

Avec une magnifique vue sur la ville qui nous encerclait, nous pouvions voir une forêt de flèches d’églises qui s’élevaient au-dessus d’un centre-ville qui relègue les gratte-ciels dans la périphérie. Pourtant les tours et les coupoles de la Oosterkerk, de l’Eglise Moïse et Aaron, de la Zuiderkerk, de la Westerkerk, de la Oudekerk, de l’Eglise Saint-Nicolas et de la Noorderkerk semblaient pointer en vain vers le ciel pour la foule d’Amstellodamois prenant place pour regarder la parade.

En-dessous de nous, une flottille de bateaux de sauvetage gonflables oranges traversait le port, vers l’entrée du canal, pour prendre position le long du trajet, bientôt suivie d’une procession d’environ 80 bateaux, péniches et flotteurs. Des bannières colorées sur des mâts s’agitaient avec le mot dominant, ‘Pride’ (Fierté). Dans le but de promouvoir une participation ‘hétéro’, le mot ‘Gay’ a été abandonné.

De retour dans la tour de prière, nous venions de tenir notre dernière session de dévotion en explorant les paradoxes de l’Evangile : de la Trinité, de l’humanité, de la croix, et maintenant du Royaume de Dieu – qui est ‘déjà ici… mais pas encore’.

En suivant le thème du Masterclass de ‘vivre avec le paradoxe’, nous avions identifié davantage de paradoxes dans la vie des anciens résidents importants d’Amsterdam, y compris Rembrandt van Rijn, Vincent van Gogh et Abraham Kuyper, qui seront explorés dans des futures pensées de la semaine.

Tolérance

Notre professeur résident, Evert van de Poll, avait expliqué le paradoxe de l’Europe comme étant le continent le plus exposé à l’Evangile au fil du temps et en intensité, et pourtant, dernièrement, aussi influencé par l’abandon de l’Evangile.

Notre vue panoramique depuis la tour semblait confirmer la thèse d’Evert. Amsterdam était une ville grandement façonnée par la Bible et son message, dans le passé, comme nous l’avions vu lors d’une promenade dans le centre-ville, à travers des constructions passées d’anciens monastères qui constituaient naguère un bon tiers de la zone urbaine intérieure et fournissaient les services sociaux de la ville. Beaucoup de pierres de pignon que nous avons vues portaient encore des messages et des thèmes bibliques, dont une qui déclarait que ‘Dieu est ma forteresse’, partageant maintenant une façade avec une enseigne lumineuse au néon, Erotic Museum.

On peut voir le paradoxe de la ville très clairement dans le Red Light district (le quartier rouge) où l’on trouve peut-être davantage d’églises et de ministères chrétiens de sensibilisation que dans tout autre kilomètre carré du territoire néerlandais.

La réputation d’Amsterdam comme étant la ville la plus libérale du monde, mise en évidence par la parade du jour,  pourrait même être attribuée, paradoxalement, à l’influence de la Bible. La longue tradition de tolérance de la ville émergea bien avant le Siècle des Lumières, habituellement considéré comme la source de la tolérance moderne. Guillaume d’Orange défendit la liberté d’expression, de conscience et de culte  dans la lutte contre la répression espagnole, influencée par Erasme, le traducteur de la Bible éduqué par les Frères de la vie commune. Les Pères pèlerins, l’éducateur chrétien Jan Amos Comenius, les fondateurs baptistes John Smyth et Thomas Helwys, et beaucoup d’autres, trouvèrent refuge à Amsterdam en tant que lieu de tolérance et de libre expression. Helwys fut le premier à écrire au sujet des droits de l’homme et de la liberté de conscience, dans la langue anglaise, inspiré par la Bible.

Vieille fille

Une personne qui a compris le paradoxe de la liberté, dans le Red Light district, plus que tout autre, était la Major Alida Bosshardt de l’Armée du Salut, la ‘Mère Theresa’ de Hollande. Nous avons  rencontré le pont qui porte son nom et la statue en son honneur où nous pouvions nous asseoir à côté de son effigie de bronze, sur un banc gravé avec sa devise de vie: ‘servir les gens, c’est servir Dieu ; servir Dieu, c’est servir les gens’.

Afin de nous aider à en apprendre plus davantage à son sujet, notre dernier ‘profil de paradoxe’, l’ancienne collègue de Jeunesse en Mission, Nelleke Bosshardt, nous a rejoint dans la tour de prière. Elle raconta des histoires au sujet de sa tante qui est restée intransigeante dans sa position pour l’Evangile, même lorsqu’elle est devenue une icône nationale. Pourtant, elle est restée aussi non-critique, toujours consciente que, sans la grâce de Dieu, elle aurait pu faire partie des infortunées qu’elle essayait d’aider.

Le paradoxe de la « major » était que cette vieille fille, en uniforme démodé du 19ème siècle, incarnant l’Evangile parmi les prostituées, est devenue la figure de proue de l’amour dans le Red Light district. Ses funérailles, il y a dix ans, furent retransmises à la télévision dans tout le pays. Ses concitoyens amstellodamois l’ont élue la ‘plus grande Amstellodamoise de tous les temps’ – devant les Rembrandt et les Johan Cruijff !

Plus tard, en observant la parade tapageuse, carnavalesque et ses spectateurs, je me suis demandé pourquoi une ville devait être fière d’une parade dans laquelle les organes génitaux semblaient être quelque chose à célébrer publiquement, et tenir des ballons en forme de phallus, gonflés à l’hélium, semblait ‘cool’.

Mes pensées sont alors retournées vers la «major » qui a accepté les réalités paradoxales de la vie, refusé de juger et persévéré calmement en aimant les gens de manière pratique.


À la semaine prochaine,

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