Le miracle de Leipzig

octobre 8, 2019

Le neuvième d’une série sur la révolution spirituelle derrière la chute du communisme, il y a trente ans :

Il y a trente anscette semaine, un événement remarquable se produisit dans la ville de Leipzig, en Allemagne de l’Est, inspirant des millions de personnes à descendre dans les rues du pays et à démolir le Mur de Berlinexactement un mois plus tard.

La Nikolaikirche (Eglise Saint-Nicolas) fut le point de départ de ce mouvement de rébellion pacifique contre le régime communiste oppressif. L’église fut fondéevers 1165 à la jonction de deux routes commerciales importantes, nord-sud et est-ouest, et fut nommée en l’honneur du saint patron des marchands. On dit que Luther prêcha ici. Jean-Sébastien Bach fut maître et organiste de la chorale, de 1723 à 1750. Beaucoup de ses compositions furent entendues pour la première fois dans cette église.

L’artiste qui a peint un ange de paix au-dessus de l’autel, il y a plusieurs siècles, n’aurait jamais pu savoir à quel point son œuvre serait prophétique. A partir de 1982, des offices de prière pour la paix furent organisés le lundi soir dans l’église. Un mouvement de protestation contre la course à l’armement et pour la justice et les droits l’homme commença à se développer en RDA (République Démocratique Allemande). L’église devint le centre de ce mécontentement, y compris l’agitation pour le droit d’émigrer. Aussi bien des Croyants comme non-croyants priaient, discutaient et étudiaient la pertinence contemporaine des prophètes de l’Ancien Testament et des enseignements de Jésus. L’église était la seule institution en RDA qui semblait offrir une protection contre la Stasi (Police de la Sécurité de l’Etat).

Idée radicale

Le pasteur de la Nikolaikirche, Christian Führer, savourait la chance de parler du Sermon sur la Montagne à un public captivé. Il soutenait aussi publiquement ceux qui désiraient émigrer ; mais à la fin de l’été 1988, une idée plus radicale s’était installée : rester et manifester pour une Allemagne libre et démocratique.

En février 1989, la police dispersa un rassemblement appelant à la démocratie et à la liberté. Mais la Friedensgebete (prière pour la paix) continua de croître et, au printemps, les autorités considéraient les réunions de prière comme une menace. L’accès à l’église pour les voitures fut bloqué. Même les sorties d’autoroute les plus proches étaient soumises à des contrôles à grande échelle ou fermées.

A l’automne 1989, le mouvement approcha de son apogée. La Nikolaikirche continua à être ouverte pour tout le monde : les vrais adorateurs, les mécontents, les curieux, la Stasi et ses collaborateurs, tous rassemblés sous les bras étendus du Jésus crucifié et ressuscité. Des fleurs ornaient les fenêtres de l’église ; des bougies se multipliaient dans tout l’édifice comme des signes d’espoir silencieux. Un esprit de paix régnait partout. Des foules continuèrent à se rassembler à l’église. Certains réclamaient la liberté de quitter le pays ; d’autres affirmaient leur volonté de rester. Les autorités essayèrent de faire pression sur les responsables de l’église pour annuler les prières pour la paix. La police encercla l’église et commença à procéder à des arrestations brutales. Chaque lundi, de nouvelles arrestationsétaient effectuées, et pourtant davantage de visiteurs affluèrent à l’église, débordant ses 2.000 places.

Le 25 septembre, le pasteur Christoph Wonneberger critiqua la violence de l’Etat dans son sermon et réclama un changement démocratique par des moyens pacifiquesA la fin de l’office, la foule fit le tour du périphérique de la ville, recueillant l’appui jusqu’à 8.000 personnes. Le lundi suivant, le 2 octobre, 20.000 personnes défilèrent jusqu’à la Thomaskirche (Eglise Saint-Thomas) située à l’autre bout de la ville, où les attendait la police anti-émeute avec des boucliers, des casques et des matraques.

Provocation

Le 7 octobre, c’était le 40ème anniversaire de la RDA. La police envahit les manifestants, en arrêta beaucoup et les emmena dans des écuries.

Deux jours plus tard, le 9 octobre, un millier de collaborateurs de la Stasi furent envoyés à la Nikolaikirche pour ‘empêcher les provocations’. Au début de l’après-midi, 600 d’entre eux prirent position à l’intérieur de l’église. Au milieu de l’après-midi, l’église fut pleine et les retardataires remplirent sept autres églises du centre-ville avant 17 heures.

Après les prières, les 2.000 fidèles sortirent de l’édifice avec leurs bougies pour être accueillis par 10.000 manifestants pour la paixà l’extérieur. Des soldats, des paramilitaires et des policiers en attente commencèrent à s’infiltrer dans la foule, cherchant la provocation, mais personne ne se permit de réagir par la violence.

Pfarrer (Pasteur) Führer a décrit ce qui s’est produit : « Si vous portez une bougie, vous avez besoin de deux mains. Vous devez empêcher la bougie de s’éteindre. Vous ne pouvez pas tenir une pierre ou un bâton dans votre main. Et le miracle s’est produit. L’esprit de non-violence de Jésus saisit la foule et devint une puissance matérielle, pacifique. Les troupes, les groupes de milice industrielle, et la police furent attirés, s’engagèrent dans des conversations et puis se retirèrent. Ce fut une soirée dans l’esprit de notre Seigneur Jésus car il n’y avait pas de vainqueurs ni de vaincus, personne n’a triomphé de l’autre, et personne n’a perdu la face. »

Plus tard, le chef de la Stasi admit : «Nous étions préparés à tout, sauf aux prières et aux bougies. »

Le lundi suivant, 150.000 manifestants disciplinés traversèrent la ville. La semaine suivante, ils étaient 300.000. Un mouvement inspiré par la prière, par les enseignements de Jésus et par le courage des responsables d’église de défendre la vérité et la justice serépandait dans tout le pays.

Malgré la déclaration d’Erich Honeckerle 7 octobre (lors des commémorations du 40ème anniversaire)selon laquelle le Mur de Berlin durerait cent ans de plus, il n’a guère duré un mois de plus. Les pouvoirs doux de l’amour, de la vérité et de la justice avaient finalement triomphé des expressions de division, de tromperie et d’injustice.


À la semaine prochaine,

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