Ethique & Morale

septembre 10, 2018

La onzième d’une série d’ébauches de chapitres pour un livre-cadeau illustré et au style populaire sur la manière dont la Bible a façonné beaucoup de facettes de nos vies occidentales. Vos commentaires sont les bienvenus.

Quelle influence la Bible a-t-elle eu sur le développement de l’éthique et de la morale dans la société occidentale ?

L’éthique et la morale sont des mots souvent utilisés de manière interchangeable, tous deux liés au caractère ‘correct’ et ‘incorrect’ de la conduite. Mais, ils sont, en réalité, différents.

L’éthique, du mot grec ethos, signifie ‘caractère’, et fait référence à des règles provenant d’une source externe de système social, telle que le lieu de travail, une religion ou une profession. La morale se réfère à des principes internes et personnels du bien et du mal. Le mot dérive des mots latins moralis, mos et mores, signifiant ‘coutume(s)’.

Les sociétés ont développé différents codes d’éthique et de morale bien avant que la Bible ne soit achevée. Le concept de loi naturelle avait été exposé par les Grecs (par exemple Aristote) et les Romains (par exemple Cicéron) sur l’utilisation de la raison pour déduire des règles de comportement moral de la nature ou de la création de Dieu. Le Serment d’Hippocrate, par exemple, est un code d’éthique pour les médecins et les infirmières, datant du quatrième ou cinquième siècle avant J.C..

Ecrivant aux Romains, Paul reconnaît ce concept comme une boussole morale innée : « Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » (Romains 2:14-15)

Avec la Christianisation des peuples européens pendant la majeure partie du premier millénaire, la Bible introduisit une compréhension de Dieu et des humains qui transforma la vision du monde des Grecs, des Latins, des Celtes, des Francs, des Slaves, des Vikings… pratiquement de tous les Européens. Le fait que les humains aient été créés avec une dignité intrinsèque, à l’image de Dieu, possédant une égalité morale devant Dieu, avait des implications profondes pour la vie sociale.

Les ‘barbares’ païens furent exposés au code moral hébreu que nous connaissonssous le nom des Dix Commandements. Ceux-ci peuvent simplement avoir été dix verbes, Dix Mots, chacun avec un préfixe négatif : quelque chose comme : ‘pas d’idoles’, ‘pas de meurtre’, ‘pas d’adultère’, ‘pas de vol’, ‘pas de mensonge’, ‘pas de convoitise’… facilement comptés sur ses doigts. Comme l’écrit Thomas Cahill : « Ils ont été reçus par des milliards de personnes, comme étant raisonnables, nécessaires, voire inaltérables, parce qu’ils sont écrits dans les cœurs humains et l’ont toujours été. Ils étaient toujours là, dans le cœur intérieur de la personne humaine – dans le silence profond que chacun de nous porte à l’intérieur. »

Jésus a réaffirmé le résumé en deux parties de ce code tel que trouvé dans la Torah (Deutéronome 6:4-9 et Lévitique 19:18), à savoir, aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de toute sa pensée, et d’aimer son prochain comme soi-même. L’amour pour Dieu et pour son prochain étaient imbriqués. Sans amour pour Dieu, quelles raisons y aurait-il d’aimer son prochain ?

Des Pères de l’Eglise primitive, de Justin Martyre à Augustin d’Hippone, puisaient leur éthique dans la Bible, mais aussi dans les principes de la philosophie grecque et dans le Judaïsme hellénistique. Tout en s’appuyant sur Aristote, des philosophes chrétiens médiévaux, comme Albert le Grand et Thomas d’Aquin, soutenaient que, puisque la raison humaine ne pouvait pas pleinement comprendre la loi éternelle, elle devait être complétée par la Loi divine révélée.

Les réformateurs, tels que Luther et Calvin, entreprirent de construire un système éthique, uniquement à partir des Ecritures. Pour Calvin, toute la nature humaine était corrompue par le péché. Comme Luther, il considérait la raison comme un guide non fiable pour la conduite humaine et rejetait la conception de la philosophie classique et de la scolastique médiévale.

Cependant, d’autres Protestants, tels que Philippe Melanchthon, proche collègue de Luther , puisait encore dans la philosophie aristotélicienne ; le Hollandais arminien, Hugo Grotius, basa ses fondements de droit international sur la loi naturelle.

Aujourd’hui, les théistes et les athées se demandent toujours si l’éthique et la morale ont des raisons suffisantes sans Dieu. L’auteur russe, Fiodor Dostoïevski, lui-même croyant, posait la question suivante : « pourquoi devrais-je mener une vie juste et faire de bonnes œuvres si je meurs entièrement sur terre ? S’il n’y a pas de Dieu, alors tout est ma volonté et je dois exprimer ma volonté. » Le philosophe allemand, Friedrich Nietzche, concordait : puisque Dieu était mort, seule la force était juste.

L’influence de la Bible, sur l’héritage moral occidental, peut être confirmée par des sources surprenantes. Le présentateur de documentaires de la BBC, Niall Ferguson, cite des chercheurs de l’Académie chinoise des Sciences sociales, qui ont fait des recherches sur les raisons de la domination mondiale de l’Occident. Après avoir considéré les armes, la politique et l’économie occidentales, ils conclurent « que le cœur de votre culture était votre religion : le Christianisme. Les fondements moraux chrétiens de la vie sociale et culturelle ont rendu possible l’émergence du capitalisme, puis la transition réussie vers une politique démocratique. »

Notre dernier mot vient du philosophe séculier allemand, Jürgen Habermas : « L’égalitarisme universaliste, d’où ont jailli les idéaux de liberté et de vie collective en solidarité, la conduite autonome de vie et d’émancipation, la moralité de conscience individuelle, les droits de l’homme et la démocratie, est l’héritage direct de l’éthique judéo-chrétienne de la justice et de l’éthique chrétienne de l’amour. »

 


À la semaine prochaine,

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