Villes & politiques sociales

août 6, 2018

La sixième d’une série d’ébauches de chapitres pour un livre-cadeau illustré et au style populaire sur la manière dont la Bible a façonné beaucoup de facettes de nos vies occidentales. Le premier chapitre propose que la Bible soit la clé pour comprendre l’Europe. Les second, troisième, quatrième et cinquième chapitres explorent respectivement l’influence de la Bible sur l’art et la musique occidentaux, l’architecture et la conception, l’agriculture et le jardinage, et les affaires et l’économie. Vos commentaires sont les bienvenus.

Les Européens d’aujourd’hui ne peuvent pas rapidement identifier les villes modernes comme des lieux façonnés par la Bible. Pourtant, un examen plus approfondi révèle la profonde influence des anciennes Ecritures sur le développement des centres urbains en Europe et au-delà. Pour commencer, l’histoire de Jérusalem, la ville où les chrétiens croient que Jésus a été crucifié et ressuscité, a été façonnée depuis lors par les revendications des trois religions abrahamiques – pour le meilleur et pour le pire.

Rome, la capitale de la plus grande puissance militaire et économique que le monde ait jamais connu, succomba au message chrétien d’amour, de vérité et de justice, en à peine trois siècles. Depuis lors, elle a été le siège d’une des plus grandes expressions du christianisme. La chute de Rome, en 410, incita Augustin d’Hippone à écrire son œuvre extrêmement influente, La Cité de Dieu, considérée comme la pierre angulaire de la pensée occidentale, résumant l’histoire humaine comme la tension entre deux cités : celle de Dieu et celle de l’homme.

Les monastères – où la lecture, la récitation, le chant et la copie de la Bible étaient essentiels – furent souvent établis sur les sites d’anciennes garnisons romaines, comme Paris, Londres, York, Utrecht, Cologne, Zürich et Ratisbonne. D’autres monastères ont démarré dans des zones inhabitées et se sont finalement transformés en villes, attirant des pèlerins, des étudiants, des érudits, des artisans, des brasseurs, des agriculteurs et des commerçants. Saint-Gall fut colonisée par le moine irlandais Saint-Gall. Münster dérive du latin Monasterium. Le nom de Munich vient du terme, en vieux haut allemand, Munichen signifiant ‘par les moines’.

Les monastères fournissaient des services sociaux aux villes, offrant des soins aux malades, aux sans-abri, aux pauvres, aux affamés et aux insoumis. Une carte de n’importe quelle ville européenne, datant d’avant la Réforme, montrera qu’un tiers ou plus de l’espace urbain était occupé par des églises et des monastères. L’érudit humaniste chrétien, Erasme, s’interrogeait : ‘qu’est-ce qu’une ville, sinon un grand monastère ?’ Car le monastère a servi de modèle à une nouvelle forme de société : la cité médiévale.

Au cœur de ce modèle, il y avait le pouvoir de créer une communauté : le concept biblique d’agapè, l’amour désintéressé. Les gens étaient libres de former des communautés publiques en faisant un vœu – promissio –non fondées sur les liens familiaux, ou sur les intérêts partagés, mais centrées sur un ‘idéal’. La ville devint un espace pour les hommes libres et égaux, engagés dans un soutien mutuel, avec une infrastructure morale fondée sur l’alliance et le vœu personnel, souvent renouvelé annuellement. La société civile présupposait la retenue et le maintien des promesses.

Les guildes de libre-échange étaient des communautés basées sur un pacte, réglementant les normes et la bonne conduite. Le mot ‘guilde’ signifiait à la fois le paiement ou la contribution, le sacrifice ou le culte, et reflétait les origines des guildes comme étant à la fois séculières et religieuses.

La Réforme entraîna la dissolution et la sécularisation des propriétés monastiques, et par conséquent, un déplacement des responsabilités sociales vers l’église diocésaine et les anciens de la ville. Plus tard, la Révolution industrielle aggrava considérablement les besoins sociaux dans les villes, de plus en plus surpeuplées. Des institutions et des mouvements incarnant une conscience chrétienne éveillée apportèrent des réponses innovantes, par exemple les Méthodistes et l’Armée du Salut, en Grande-Bretagne, et les mouvements de diaconesses dans les pays luthériens et réformés.

Tandis que William Blake opposait les ‘sombres usines sataniques’ aux visions de Jérusalem, d’autres décidèrent de construire leurs propres monuments en briques pour ‘progresser’ dans la sagesse humaine, sans recourir au Dieu agapè. Pour beaucoup, les fautes du Christianisme – les guerres de religion et les alliances impies avec le pouvoir – discréditèrent sa capacité à inspirer des idéaux civils et sociaux adéquats. Pourtant, la quête permanente de visions alternatives soutenant l’égalité, la liberté et la fraternité dans les villes et la société en général restait insaisissable.

Il y a un siècle, les mouvements démocratiques et sociaux-démocrates émergents, s’inspiraient initialement, tous deux, des concepts bibliques de l’humanité en tant qu’êtres relationnels créés à l’image de Dieu – homo socialis plutôt que homo consumus – afin de rechercher des réponses à ce qu’on appelait ‘la question sociale’.

Aujourd’hui, les questions se sont élargies et approfondies, pour englober des enjeux d’unité dans la diversité relatif à l’ethnicité, la religion, le sexe, la justice, l’environnement et la sécurité. Comme par le passé, la Bible reste une source d’inspiration pour explorer des nouveaux idéaux sociaux, pour nos villes et nos communautés.

 


À la semaine prochaine,

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