À un jet de pierre de la fascinante cathedrale en Pierre de Gres de Strasbourg, un monument est erige en l’honneur de Johannes Gutenberg, l’inventeur de la dactylographie mobile.
Cette invention, sans doute l’événement le plus important de l’époque moderne, déclencha la révolution de l’imprimerie, avec de profondes conséquences pour l’éducation, l’économie, la science, la politique et la société. Gutenberg vécut à Strasbourg durant au moins une décennie, à partir de 1434, et l’on croit qu’il y a développé et perfectionné l’art de l’impression, même s’il n’imprimera pas ses premiers livres avant 1450, dans sa ville natale de Mayence. Le monument même est une statue de bronze de l’inventeur, avec quatre panneaux en relief, en bronze, à la base. Ceux-ci dépeignent des scènes de la libération politique en Amérique (avec, entre autres, George Washington), l’émancipation de l’esclavage en Afrique (avec William Wilberforce et des esclaves libérés – voir photo), la prolifération des publications éducatives en Europe (avec des érudits comme Erasme, Milton et Rousseau), et l’expansion des idées sous forme de livre vers l’Asie (avec des Brahmanes et des Chinois). L’invention de Gutenberg permit le développement de la Renaissance, la Réforme, le Siècle des Lumières et la révolution scientifique. Elle ouvrit les portes à la communication de masse, à l’éducation pour tous et à l’économie moderne basée sur la connaissance. Elle renversa le pouvoir des autorités politiques et religieuses. Elle fit voler en éclats le monopole de l’élite sur l’éducation et favorisa l’émergence de la classe moyenne.
Analphabétisme Biblique
À travers l’Europe, elle éleva une prise de conscience culturelle des peuples et le
nationalisme, ainsi que les langues vernaculaires européennes, supplantant le latin comme langue de discours majestueuse, légale et érudite. Enfin et surtout, elle mena à la prolifération de la publication de la Bible dans les langues européennes (et autres) et à l’influence de ce livre dans toutes les sphères de la vie européenne. La Bible de Gutenberg, publiée en 1454, fut le premier livre majeur imprimé avec la dactylographie mobile. Les quarante-huit copies existantes sont considérées comme les livres les plus précieux dans le monde aujourd’hui. Pourtant, malgré le rôle de l’invention de Gutenberg dans la diffusion de la Bible et de l’éducation en général, la génération actuelle reste tout autant bibliquement analphabète que la génération de leurs enseignants. Peu d’Européens éduqués ont conscience de l’influence largement répandue que la Bible a eue dans la vie et la culture européenne, ni de la haute estime que beaucoup de penseurs, auteurs, dirigeants et scientifiques du siècle des Lumières ont eu pour le Livre des livres. Peu après la cathédrale, vers les maisons en colombage du voisinage médiéval appelé Petite- France, nous sommes tombés sur une Eglise Protestante, durant notre récent Tour de l’Héritage, avec des panneaux invitant les passants à l’intérieur pour une exposition biblique.
Une copie de la Bible de Gutenberg était mise en évidence au milieu d’autres versions plus anciennes. Dans l’exposition figurait également une version microscopique de 1245 pages pour une surface de 30×27 mm, identique à celle placée sur la lune par les astronautes d’Apollo.
La plus grande benediction
Des citations à propos de la Bible de personnages historiques célèbres étaient offertes. Certaines d’entre elles, de réformateurs tels que Calvin et Luther, étaient ce que nous nous attendions à lire. D’autres, par contre, de philosophes, scientifiques et politiciens étaient plus surprenantes.
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) était un lecteur de la Bible toute sa vie, et aussi le produit d’une éducation calviniste ‘approfondie, si pas stricte’. « Je reconnais que la majesté des Ecritures m’étonne, que la sainteté de l’Evangile parle à mon cœur. Regardez les livres des philosophes ; avec toutes leurs pompes, qu’ils sont petits à côté du livre ! Est-ce qu’un livre aussi sublime, et pourtant si simple, peut être l’œuvre d’un homme ? »
Johan Wolfgang von Goethe (1749-1832) n’a jamais manqué à reconnaître sa dette envers la Bible : « Le monde peut progresser autant qu’il le peut, la science humaine peut se développer au plus haut niveau, mais rien ne remplacera jamais la Bible. »
Victor Hugo (1802-1885) déclara: « Il y a un livre qui contient toute la sagesse humaine à la lumière de la sagesse de Dieu, un livre que les gens nomment LE LIVRE, LA BIBLE… Semez l’Evangile dans les villages, une Bible par maison. »
Même Friedrich Nietzsche (1844-1900), qui méprisa le Christianisme comme étant une religion pour les faibles, admit : « Dans ‘l’Ancien Testament’ Juif, le livre de la justice divine, il y a des êtres humains, des choses, et des discours dans un style tellement grandiose que les littératures grecques et indiennes n’ont rien en comparaison avec ceci ».
Kant, Pascal, Dostoïevski, Napoléon, Lincoln, Churchill, Eisenhower… la liste des noms célèbres continuait, citation après citation sur la Bible, comme étant ‘le meilleur don que Dieu n’ait jamais donné à l’homme », « Les Ecrits Saints, qui encore aujourd’hui éclaire le chemin pour le pèlerinage de l’homme’, ‘la plus grande bénédiction connue par l’être humain’…
Il est si tragique que les Européens modernes soient devenus à tel point ignorant de ce que Goethe appelait ‘la source de toutes les cultures et de toutes les connaissances’. Quelle ironie que l’invention de Gutenberg ait pu mener à un système éducatif qui rejette ses propres racines !
À la semaine prochaine,