Permettez-moi d’exercer la liberté d’expression que tout le monde dans les rues semble vouloir défendre: Je n’suis pas Charlie! Après les manifestations de masse à Paris et dans d’autres villes d’Europe et d’ailleurs, je reste perplexe et confus. Quelle déclaration nos dirigeants et les foules essayaient exactement de prononcer?
Bien entendu, les attaques terroristes et barbares sont inexcusables, et méritent une condamnation mondiale. Et bien entendu, la liberté d’expression est une pierre angulaire de notre démocratie libérale et doit être défendue. D’accord ?
Mais où tirons-nous une ligne entre la liberté d’expression et les crimes de haine ? Est-ce que le genre de satire appliquée par Charlie Hebdo, où rien n’est sacré et où les dessins des papes portant des préservatifs sont monnaie courante, représente les valeurs qui construisent la confiance et la solidarité ? Pourquoi l’affirmation partiale de nos dirigeants politiques en faveur de cette liberté sélective, sans appel au respect et à la compréhension ? Même si la liberté d’expression et la satire ont leur place dans notre société occidentale (même les prophètes de l’Ancien Testament utilisaient la satire), voulons-nous pour autant nous identifier au style offensif de Charlie Hebdo envers les musulmans et les chrétiens ? Même la mafia de la FIFA prêche le respect sur le terrain de football. Mais bien entendu, ce n’est qu’un jeu. Ce n’est pas la vie réelle.
Hypocrisie
J’étais heureux de voir des délibérations plus nuancées et réfléchies faire surface dans les médias et réseaux sociaux durant le week-end, se demandant ce que cela signifiait d’affirmer ‘Je suis Charlie’ ? ‘Il n’est pas correct pour la plupart d’entre nous de clamer, écrivit un journaliste du New York Times ce jeudi: ‘La plupart d’entre nous ne participe pas à cet humour délibérément offensif dont ce journal en est expert.’ Beaucoup de ceux qui étaient rapides pour célébrer ceux qui offensaient les points de vue des terroristes islamistes en France, étaient beaucoup moins tolérants envers ceux qui offensaient leurs propres points de vue dans leur pays, dit-il, plaidant pour moins d’hypocrisie.
Mon fils a posté, sur Facebook, une photo des fondamentalistes de Boko Haram, qui ont massacré des centaines, si pas des milliers de personnes au Nigéria la semaine dernière, avec la question implicite : Y-a-t-il quelqu’un qui va prendre la peine de marcher en signe de protestation contre ceci demain ?
Un autre journaliste du quotidien britannique « The Telegraph » remit en question l’idée que les terroristes ‘gagnent’ si nous ne reproduisons pas ces dessins, et ‘perdent’ si nous le faisons. ‘Comme si, en ce moment, les leaders terroristes en Occident étaient en train de gémir en cachette, dans une incrédulité angoissante, car les dessins satiriques ont été reproduits ce matin dans plusieurs journaux européens. (« Catastrophe! Notre plan s’est retourné contre nous, d’une manière que nous n’aurions pas pu imaginer ! L’encre est vraiment plus forte que les Kalachnikovs ! La satire nous bat encore une fois !)’ Au contraire, suggéra-t-il, les terroristes ‘gagnent’ si nous réagissons, en avalant leur appât et détestons les musulmans, condamnons les musulmans, persécutons les musulmans, brûlons leur livre, attaquons leurs mosquées, et exigeons leur expulsion. De telles actions, avertit-il, font peur aux musulmans occidentaux, les isolent, les aliènent et poussent certains d’entre eux à soutenir, et même devenir, terroristes.
Instable
Ah, mais nous devons défendre la liberté, et particulièrement la liberté d’expression. Hier, la foule à Paris scandait : ‘Liberté, Egalité, Fraternité’. Mais la liberté est un client instable. Ce slogan était ironiquement le cri de la Révolution française, qui aboutit directement aux rivières de sang dans les mêmes rues de Paris où la foule marcha hier : une bien plus grande barbarie !
La liberté de conscience, qui est la liberté sur laquelle toutes les autres libertés sont basées, est bafouée dans toute l’Europe libérale. Des médecins et des infirmières qui refusent de massacrer des embryons vivants perdent leur emploi. Des fonctionnaires qui ne peuvent pas, en bonne conscience, conduire une cérémonie de ‘mariage’ homosexuel, perdent leur emploi. Des gens ordinaires portant de simples symboles de leur foi se retrouvent subitement sans emploi. Osez ne pas être d’accord avec la doctrine politiquement correcte des relations du même sexe et vous verrez à quel point la liberté d’expression existe. La liberté de religion et de culte, fondamentale à la civilisation occidentale, fait aussi face à une grande menace. La tolérance libérale classique – ’Je suis en désaccord total avec votre point de vue mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le tenir’ – a produit une intolérance répandue, cataloguant rapidement des perspectives comme ‘homophobes’, ‘fondamentalistes’, ‘bigotes’, ‘mesquines’ or ‘désuètes’. Sur quoi basons-nous l’Egalité à partir du moment où on rejette l’idée que les humains reflètent l’image de Dieu ? Ne sommes-nous pas simplement des produits de sélection naturelle ? Est-ce que seul le plus fort peut survivre ? Et pouvons-nous réellement parler de Fraternité si nous ne commençons pas avec la Paternité ?
Il y a une chose qui est certaine : ces problèmes vont encore être là pour un long moment. Comment pouvons-nous répondre à ces périodes troubles dans l’esprit de Jésus ? La semaine prochaine, je vous écrirai à propos de certains événements qui nous aideront à nous équiper pour cette année qui commence.
À la semaine prochaine,