La crainte du populisme amène nos dirigeants politiques européens à revenir sur les promesses et à trahir les valeurs européennes déclarées de solidarité, de dignité humaine et d’égalité à travers le continent.
Même sans être au pouvoir, les partis populistes façonnent déjà des politiques et des plateformes des partis traditionnels qui craignent de perdre des voix. Les populistes n’ont pas besoin d’accéder au pouvoir pour atteindre leurs objectifs. Les partis traditionnels le font pour eux. Avec notre complicité silencieuse.
La crainte incite les Etats-nations, par exemple, à renoncer aux engagements pris, en septembre 2015, de déplacer plus de 63.000 réfugiés bloqués en Grèce vers d’autres nations. Tout en ayant à gérer sa propre crise, la Grèce a été aussi obligée de faire face au débordement de réfugiés. Malgré cela, moins de 10.000 personnes ont été déplacées après presque 18 mois.
L’Italie est l’autre pays qui assume la plus grande partie des réfugiés, avec près de 35.000 personnes que d’autres nations européennes se sont engagées à déplacer, et dont moins de 4.000 ont été transférées jusqu’à présent. En d’autres termes, seulement 14.000 des 98.000 personnes promises ont été déplacées. Moins d’une sur six !
Inhumain
Pendant ce temps, ces hommes, femmes et enfants ont été forcés de rester dans des conditions inhumaines au cours d’un hiver glacial, laissés dehors dans le froid, au seuil de l’endroit même où ils étaient venus chercher refuge. Voulons-nous être ce genre d’Europe ? Restons-nous, chrétiens européens, les bras croisés et permettons-nous à ce poison rampant de la crainte et de l’exclusion de transformer notre continent en une forteresse ? Ou y a-t-il quelque chose d’autre que nous pouvons faire ?
Kathia Reynders, du Salon Schuman à Bruxelles, dit que oui, ensemble nous pouvons faire une déclaration à nos dirigeants européens et nationaux, que nous nous attendons à ce qu’ils tiennent leurs promesses. Elle a aidé à l’organisation d’un défilé de voitures dans le cœur de Bruxelles, prévu lundi prochain, le 6 mars, afin de montrer aux dirigeants de l’Union européenne à quel point certains citoyens prennent l’accueil des réfugiés au sérieux.
Amenons-les ici commença avec un défilé néerlandais de voitures en novembre dernier (voir la vidéo) lorsque plus de 350 citoyens ont conduit leur voiture à La Haye. Se proposant eux-mêmes comme ‘Chauffeurs officiels’ afin d’aider et d’accélérer le processus de relocalisation, ils ont manifesté leur soutien aux promesses faites à Bruxelles. Un petit groupe de jeunes néerlandais amstellodamois dont le théologien Rikko Voorberg et l’artiste Tinkebell, ont estimé qu’ils ne pouvaient plus ignorer la terrible situation des réfugiés en Grèce. Ils ont lancé le projet désormais soutenu par de nombreuses organisations, dont Amnesty International, Oxfam Novib, le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés, Vluchtelingenwerk et le Centre Schuman.
Le week-end dernier, Kathia, Rikko et Tinkebell faisaient partie d’une équipe ‘Amenons-les ici’ qui s’est rendue en Grèce afin d’évaluer la situation là-bas et de voir par eux-mêmes à quel point celle-ci est toujours aussi pénible et désespérée. Ils ont remarqué que presque tous vivent depuis un an dans une grande insécurité. Chacun de ces réfugiés a satisfait aux contrôles de sécurité et a été approuvé pour être transféré quelque part dans l’Union européenne. L’attente interminable brise les gens mentalement et physiquement. Pour beaucoup d’entre eux, un simple appel téléphonique d’un Etat-membre européen les tient éloignés du début d’un avenir. Mais cet appel téléphonique ne vient tout simplement pas, car les Etats-membres retardent le processus.
Défilé
Lundi prochain donc, des citoyens de toute l’Europe se rendront à Bruxelles, afin de se proposer comme ‘Chauffeurs européens officiels’, désireux d’amener les réfugiés dans leurs pays respectifs – ‘si c’est ce qu’il faut pour y arriver’.
‘En conduisant nos propres voitures à Bruxelles’, déclarent les organisateurs sur leur site internet, ‘nous, conducteurs, montrons que, si nécessaire, nous sommes même prêts à transférer les réfugiés nous-mêmes dans nos propres pays ! Nous offrons notre aide, afin que les dirigeants européens n’aient vraiment aucune excuse pour ne pas garder leurs promesses. Nous n’avons peut-être pas d’avions, de trains ou de bateaux à offrir, mais ce que nous avons, ce sont nos voitures et la volonté d’être leurs chauffeurs et de les amener ici.’
Après un rassemblement dans le Parc du Cinquantenaire, les voitures formeront un défilé et se dirigeront vers le rond-point Schuman, où se trouvent les principales institutions européennes. Le défilé a lieu quelques jours avant la réunion du Conseil européen de tous les dirigeants de l’Union européenne au même endroit. Des images de l’action seront montrées durant les jours où les dirigeants européens se rencontreront cette même semaine, sur un grand écran LED au rond-point, juste en face du bâtiment où se déroule la réunion.
Alors Kathia, comment pouvons-nous nous impliquer ?
Réponse :
1 Se rendre en voiture à Bruxelles le 6 mars ! Inscrivez-vous ici.
2 Inviter d’autres personnes à se joindre à vous pour le voyage à Bruxelles, en partageant : le film, l’événement Facebook, la page d’enregistrement, le site internet, Facebook, Twitter.
3 Utiliser le mot-clic #refugeepromise
4 Même s’ils ne peuvent pas se rendre à Bruxelles lundi prochain, les gens peuvent poster un selfie avec leur plaque d’immatriculation, afin de montrer leur soutien ce jour-là.
‘Nous faisons notre part et prenons position’ dit Kathia.
‘Il est temps que les gouvernements européens respectent leurs engagements.’
À la semaine prochaine,