Comment pouvons-nous nourrir nos propres vies spirituelles en puisant dans les sources historiques ? C’était le thème de nos méditations quotidiennes lors du Masterclass pour les études européennes la semaine dernière à Amsterdam.
Avec une douzaine de participants venus de cinq pays européens, nous avons exploré quelques-unes des nombreuses ressources riches souvent négligées dans les cercles d’églises libres, certaines remontant à aussi loin que les Pères du Désert et les Pères de l’Eglise primitive.
Henri Nouwen a décrit les voix des anciens ermites égyptiens comme exprimant une sagesse, cachée aux érudits, révélée à de simples enfants et qui mérited’être recherchée. Rowan Williams, l’ancien archevêque de Cantorbéry, a écrit que la spiritualité des Pères et des Mères du Désert résonnait fortement avec des questions que beaucoup se posent de nos jours : Comment pouvons-nous découvrir la vérité sur nous-mêmes ? Comment vivons-nous en relation avec les autres ? Qu’est-ce que le désert nous enseigne sur les priorités ?
Une riche tradition est celle de l’Eglise d’Arménie, la première nation à adopter officiellement le Christianisme en 301, avant que Constantin ne devienne empereur. C’était là une tradition fortement influencée par la tradition copte d’Egypte. Lors d’un voyage en Arménie, il y a près de vingt ans, j’ai rencontré Thomas Samuelian, le traducteur d’un classique de la littérature dévotionnelle vieux de mille ans, de Saint-Grégoire de Narek, intitulé ‘Parler à Dieu du plus profond du cœur’. Je n’ai jamais rencontré un langage aussi riche, descriptif, éloquent, imaginatif, articulé et original que dans cet épais volume, avec un manuscrit original arménien sur la page de gauche, et la traduction anglaise sur l’autre page (voir photo). Notre langage d’adoration contemporain semble si pâle en comparaison.
Le Livre de Prières de Saint-Grégoire a été comparé aux psaumes de David et aux Confessions d’Augustin, beaucoup étant des méditations sur les psaumes, et exprimant des ‘soupirs du cœur’. Souffrant d’une maladie en phase terminale, Grégoire est très personnel dans ses prières pastorales. Il nous rappelle que les gens ont été les mêmes tout au long des siècleset que l’on peut toujours approcher Dieu de la même manière que les chercheurs ont cherché sa présence depuis l’Eglise primitive.
Un autre courant, fortement influencé par la tradition copte, était la spiritualité celte qui a connu un réveil au cours des dernières décennies. Comme je l’ai écrit précédemment, l’influence des origines orientales de la vie monastique celte se trouve dans les règles monastiques, l’architecture en forme de ruche des cellules des moines, les tours rondes, la disposition des communautés monastiques et certaines enluminures de manuscrits celtes, sont clairement copiées à partir de sources coptes.
Ray Simpson, Andy Raine et Philip Newell font partie de ceux qui ont développé des ressources de méditation et d’adoration basées sur la spiritualité celte. Les caractéristiques de cette spiritualité comprenaient une forte conscience de la présence de Dieu dans sa création ; un style de vie communautaire vécu quotidiennement, le fait que les personnes et les relations avaient plus d’importance que les choses et la réputation ; que les femmes et les hommes étaient égaux dans le royaume de Dieu et partageaient les dons pour la responsabilité ; que la contemplation et la prière, d’un côté, étaient associées à l’action et à l’engagement de l’autre.
Saint-Benoît est une autre voix du premier millénaire encore entendue aujourd’hui par les multitudes à travers la Lectio Divina, la lecture divine. Bien qu’Origène développa la réflexion et l’interprétation des Ecritures déjà au troisième siècle, influençant d’autres pères de l’église comme Ambroise et Augustin, ce fut Benoît, au sixième siècle, qui officialisa un mode de méditation particulier pour les moines de l’ordre qu’il a établi, qui devint la norme pour le monachisme occidental.
Les quatre étapes fondamentales de la pratique bénédictine ont été formulées par Guigues II, au douzième siècle, comme : Lectio (lire), Meditatio (méditer), Oratio (prier) et Contemplatio (contempler).Les Ecritures n’ont pas été abordées comme un texte à étudier, mais comme un festin de la Parole vivante . Prendre une bouchée (lectio) a conduit à la mâcher (meditatio), puis à savourer son essence (oratio) et finalement à la digérer (contemplatio).
Le mouvement de la Dévotion moderne est apparu aux Pays-Bas aux quatorzième et quinzième siècles, apportant un renouveau spirituel en réponse à la scolastique aride de l’époque. Les Frères et les Sœurs de la Vie commune, originaires de Deventer et de Zwolle, devinrent énormément influents parmi les monastères du Nord de l’Europe. L’œuvre classique de Thomas a Kempis, L’Imitation de Christ, devint le livre de dévotion le plus populaire de l’histoire chrétienne occidentale. C’était essentiellement le manuel d’apprentissage du mouvement, toujourspertinent pour nous aujourd’hui, malgré les caractéristiques claires qui prévalaient avant la Réforme.
Le Bréviaire de Luther encourage le lecteur à suivre l’année liturgique, jour après jour, avec un verset de Bible et l’interprétation de Martin Luther. Le mouvement piétiste des dix-septième et dix-huitième sièclessuscita un regain de la dévotion personnelle dans le Luthéranisme traditionnel, et en 1728, le mouvement morave commença à produire des textes quotidiens connus sous le nom de Losungen (Mots d’ordre), utilisés aujourd’hui dans soixante-deux langues,dans le monde entier.
Nous avons terminé notre semaine en lisant la prière quotidienne du 2 août du Livre de la Prière commune, une compilation contemporaine tirée de nombreuses sources de l’histoire, soulignant le ‘nous’ plutôt que le ‘moi’ dans le culte et la dévotion . Très apprécié !
À la semaine prochaine,