Au-delà des zones de confort

février 11, 2019

Lors d’une allocution devant un rassemblement de missionnaires engagés en Albanie, le week-end dernier, je me suis souvenu des énormes changements que ce pays a connus depuis le renversement du communisme, en 1991.

J’ai visité la nation que l’Apôtre Paul connaissait sous le nom d’Illyrie (Romains 15:19), pour la première fois, en 1992. Peu de voitures roulaient sur des routes mal entretenues. Le transport se faisait à pied, dans des camions ouverts surchargés ou en s’accrochant, de manière précaire, sur les côtés des autobus. La campagne était parsemée d’abris antiaériens en béton, en forme de champignon, construits sous le règne paranoïaque du dictateur Enver Hoxha.

Aujourd’hui, l’Albanie est un membre à part entière de l’OTAN et, depuis 2014, est officiellement candidate à une adhésion totale à l’Union européenne, dans l’attente des questions relatives à la justice, à l’état de droit, aux droits des minorités et à l’environnement.

Comme il semblait impossible que l’Albanie puisse jamais changer, même en 1988, lorsqu’on m’a demandé d’assumer la direction de Jeunesse en Mission en Europe. L’année suivante, en 1989, des choses étonnantes ont commencé à se produire : les fils barbelés furent enroulés à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche, le mur de Berlin fut abattu, et le dictateur de la Roumanie, Nicolae Ceaușescu était mort et enterré avant la fin de l’année.

Les protestations estudiantines, au début de l’année 1990, entamèrent un processus long et compliqué de démantèlement du régime communiste vers un système démocratique de gouvernement, avec la séparation des pouvoirs et la protection des droits humains fondamentaux. La motivationà adhérer à l’Union européenne continue d’apporter des changements constants et une amélioration de la vie des Albanais.

Revoir cette histoire, samedi dernier, m’a fait prendre conscience à quel point le travail missionnaire en Albanie, et dans d’autres anciens pays communistes, ne pouvait simplement se limiter à l’évangélisation et à l’implantation d’églises. Cela signifiait apporter la bonne nouvelle dans chaque sphère d’une société sidéformée par un gouvernement impie.

Les missions ont conduit à l’édification de la nation et nous ont souvent emmenés hors de nos zones de confort, en nous limitant à penser à «sauver des âmes » et à implanter des églises.

Pour essentielles que fussent ces tâches, nous avons été forcés de participer concrètement à la refonte de certains aspects de l’éducation, de l’agriculture, du gouvernement et d’autres sphères de la vie. La ville de Pogradec est devenue un laboratoire pour plusieurs ministères offrant une aide concrète dans ces domaines. Un projet de culture de pommes de terre, par exemple, dirigé par un jeune néerlandais du nom de Joost, a donné l’espoir à la région qu’il y aurait un avenir pour les jeunes, poussant les villageois à scander : « Joostie à la présidence ! »

On m’avait demandé, samedi, de parler de la forme des missions en Europe aujourd’hui, un continent qui fut jadis la pépinière du christianisme mondial, mais quiétait devenu un champ de mission extrêmement complexe et stratégique. Quel espoir y avait-il pour le continent qui avait été fondamentalement façonné par l’Evangile mais, paradoxalement, aussi par son rejet ? Comment devrions-nous voir l’Europe aujourd’hui ? J’ai suggéré que nous devions regarder dans sept directions différentes.

Nous devions:

Regarder en arrière: Nous devrions être conscients de la façon dont la Bible et l’histoire de Jésus ont été les façonneurs les plus influents du passé de l’Europe. Pour avoir foi dans les objectifs futurs de Dieu, nous devons comprendre son action au cours de l’histoire, en particulier auprès des minorités fidèles.

Regarder au-delà : Nous avons également besoin de la vision de l’objectif grand angle, pour voir l’Europe au-delà de nos perspectives nationalistes et dénominationalistes.La mission en Albanie avait obligé les missions à coopérer et à penser à l’ensemble du corps de Christ et à la transformation de l’ensemble de la société.

Regarder en avant : Si l’histoire de Jésus a été la plus grande source d’influence du passé de l’Europe, pourquoi ne le serait-elle pas pour le futur ? Nous devrions nous demander : ‘quelle sorte d’Europe plairait à Dieu ?’

Regarder autour : L’Europe connaît encore aujourd’hui des crises dans l’économie, la politique, la société, la religion et l’environnement. La crise est devenue la nouvelle norme en Europe. Elle devrait remodeler les agendas missionnaires des églises européennes. Les puissances douces de l’amour, de la vérité et de la justice ont gagné la crédibilité et le respect de l’église primitive et ont finalement conquis l’Empire romain. Ils pourraient à nouveau gagner en crédibilité pour l’église.

Regarder à l’intérieur : Si nous sommes vraiment honnêtes, nous nous sentons souvent intimidés, immobilisés et incapables d’exprimer notre foi sur la place publique. Nos vies sont souvent centrées sur l’église plutôt que sur le royaume, alors que nous recherchons la zone de confort de la communion avec des croyants animés des mêmes idées. Une Europe transformée commencera avec des disciples transformés, un corps de Christ transformé.

Regarder encore : Jetons un autre regard sur l’Europe pour voir ce queDieu prépare. ‘Le bon grain et l’ivraie’ grandiront toujours ensemble. Une faim spirituelle renouvelée, de nouvelles passions pour la prière, de nouvelles expressions d’église,des églises migrantes restaurant la foi, la couleur et l’audace dans nos villes, un nouvel œcuménisme de cœur entre les traditions anciennes et le recouvrement de la conscience de l’Evangile transformant toutes les sphères de la vie sont des signes d’espoir dans notre continent aujourd’hui.

Enfin, regarder vers le haut : Notre espoir n’est jamais basé sur les circonstances. En tant que peuple d’espoir, « enceinte » du futur de Dieu, nous regardons à travers les crises pour voir comment le Seigneur de l’histoire accomplira Ses plans pour l’Europe et le monde.


À la semaine prochaine,

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