Des tribunes ont été installées sur le champ de bataille de Waterloo afin de permettre a des centaines de milliers de personnes de pouvoir assister cette semaine a la reconstitution de la bataille qui façonna le 19ème siècle en Europe, il y aura 200 ans ce jeudi.
Je grimpais vers le sommet d’une des tribunes ce samedi pour prendre la photo figurant sur cet article. La Butte du Lion, une colline conique monumentale, construite par les néerlandais, peut être vue à droite. Elle marque l’endroit où le Prince d’Orange hollandais, Guillaume II, fut assommé sur son cheval par une balle de mousquet durant la bataille. Juste derrière cette tribune se trouve le Couvent de Fichermont, construit au cours du dernier siècle au bord du champ de bataille, en tant que sanctuaire de prière pour la paix par des sœurs dominicaines. (Pour ceux qui sont suffisamment âgés pour s’en souvenir, la chanson de Sœur Sourire de 1963, Dominique, provient de ce couvent.) Aujourd’hui, Fichermont abrite la communauté catholique Le Verbe de Vie, et était, ce samedi, le lieu de rencontre pour une journée de prière, de réconciliation et de pardon, réunissant des participants français, allemands, britanniques, belges et néerlandais. Monseigneur Peter Hocken, un vieil ami de JEM, et l’ancien président du Conseil Européen, Herman Van Rompuy, faisaient partie des orateurs.
Embarras
Au contraire de la perception populaire britannique du grand triomphe anglais, la Bataille de Waterloo était décrite comme étant la ‘première opération de l’OTAN’ et une victoire ‘européenne’. À peine un peu plus d’un tiers des forces alliées étaient britanniques ; la majorité était germanophone, et un cinquième néerlandais et belges. Il y a un siècle, la commémoration de la bataille causa beaucoup d’embarras aux politiciens britanniques, français et allemands car en 1915, la Grande-Bretagne était alors alliée à l’ancien ennemi, la France, dans la guerre des tranchées, de nouveau sur le sol belge, et contre l’ancien allié, l’Allemagne. Aucune grande tribune ne fut placée pour l’occasion ! Tout cela nous rappelle que la guerre était la norme en Europe durant des siècles, tandis que rois et empereurs, nations et empires, réglaient leurs différends par la force et la violence. Waterloo aurait pu facilement être une victoire pour Napoléon. L’issue dépendait de plusieurs facteurs clés. Le commandant allié, le Duc de Wellington, admit librement que cela avait été ‘très serré’. Auquel cas, le français serait resté la lingua franca mondiale, la langue dominante des communications internationales, comme cela l’était dans la plupart de l’Europe depuis le temps de Charlemagne. Au lieu de cela, Waterloo est reconnue comme, selon la phrase de Churchill, ‘un point de ponctuation de l’Histoire’. Le romancier français Victor Hugo l’appelait ‘la tombe de la France’. Le Congrès de Vienne façonna l’Europe post-Waterloo. Déjà en cours depuis le mois de septembre précédent, après la défaite et la capitulation de ‘Boney’ en mai 1814, le congrès était une tentative de restaurer le système international, de recréer les frontières et de créer un nouvel équilibre des puissances. Le but n’était pas de restaurer les anciennes frontières, mais d’ajuster la taille des puissances principales afin qu’elles puissent s’équilibrer les unes aux autres et rester en paix. Les leaders étaient des conservateurs, et non des républicains ou des révolutionnaires. Après le retour d’exil de Napoléon et la reprise de sa campagne militaire, les autres nations négociantes se mobilisèrent afin de l’arrêter à Waterloo.
Gates
Le congrès était le premier dans l’Histoire où, à l’échelle continentale, les représentants nationaux se réunissaient pour formuler des traités, au lieu de se relayer des messages entre les différentes capitales. Il créa le cadre de la politique européenne internationale jusqu’au déclenchement de la guerre en 1914. Aujourd’hui, nous avons une génération gâtée et privilégiée, pour laquelle la guerre est impensable, déclarait Van Rompuy, tout en mettant en garde que nous ne devrions rien considérer comme acquis. Pour beaucoup, dans ce monde postmoderne, l’Histoire commença le jour de leur propre naissance, dit-il. Mais l’Histoire était l’enseignante de la vie. Nous devions apprendre ses leçons.
J’encourage toute personne considérant l’Europe sérieusement de participer au Masterclass pour les études européennes que nous offrons à Bruxelles cet été, du 3 au 7 août. C’est une des rares opportunités d’études que je connais où l’Europe est regardée à la lumière de l’Histoire et de la Bible. C’est une réelle chance d’acquérir un riche aperçu de l’influence transformatrice de l’Evangile dans l’Histoire de l’Europe. Des conférences, des lectures, des discussions et des excursions dans et autour de Bruxelles nous aiderons à réfléchir sur le paradoxe de l’Europe en tant que champ de bataille et de mission, le continent le plus façonné par la Bible… et par son rejet.
On se voit à Bruxelles ?
À la semaine prochaine,