Les fleurs étaient encore présentes partout à l’entrée de la station métro de Maelbeek à Bruxelles, la semaine dernière, lorsque ma collègue et moi-même étions en route vers l’hôtel, dans le quartier, pour des consultations sur les problèmes européens, dont le défi terroriste et la cohésion sociale.
La station métro a réouvert ce lundi, mais la vie n’est pas encore revenue à la normale, quoi que cela puisse signifier désormais. Le trafic ferroviaire vers l’aéroport de Bruxelles a repris ce vendredi, mais de longs retards sont toujours à l’ordre du jour.
Jusqu’à il y a quatre ans, le terrorisme avait été un problème national, apprenions-nous à la consultation. Les attaques avaient visé un seul Etat, un seul ennemi. Aujourd’hui, cependant, il y avait une pluralité de menaces, des menaces non-militaires. Contrairement à la menace d’Al-Qaïda, lorsque des citoyens non-occidentaux attaquaient des cibles occidentales, aujourd’hui, la menace venait de l’intérieur de l’Europe, de détenteurs de passeports de l’Union européenne. Les valeurs européennes faisaient l’objet d’attaques. Des citoyens européens exploitaient les libertés des Etats européens pour attaquer ces libertés.
Qu’est-ce qui était pire, nous a-t-on demandé : le terrorisme ou la terreur du terrorisme ? Les partis xénophobes et nationalistes nous présentaient une fausse dichotomie, que nous devions choisir entre la démocratie et la sécurité. Notre solidarité européenne était menacée. La démocratie et les relations internes étaient compromises. Pourtant, la démocratie réelle ne pourrait pas exister sans la sécurité, et vice-versa entendions-nous.
Evolution
Une sécurité dure et un style militaire ne pouvaient pas être la réponse complète. Des outils sociaux étaient nécessaires. Les communautés musulmanes locales doivent faire partie de la solution.
Daesh, ou l’Etat Islamique, était sous forte pression en Syrie et perdait du terrain là-bas. Pourtant, des unités spéciales étaient entraînées en Syrie pour des attaques en Europe. Internet et les médias sociaux tels que YouTube étaient largement utilisés afin de recruter et de communiquer. Dans les deux heures qui ont suivi le carnage des attentats de Bruxelles, 100.000 personnes s’étaient rejointes afin de célébrer cela sur Internet.
Daesh, un acronyme adapté de leur nom arabe – Dawlat al-Islamiyah f’al-Iraq w Belaad al-Sham – est similaire à un autre mot arabe – das – qui signifie ‘piétiner’ ou ‘écraser’, une association que Daesh déteste grandement. Ils ont, semble-t-il, menacé de couper la langue de quiconque l’utiliserait en public.
Comprendre l’évolution était essentiel pour développer des réponses efficaces, entendions-nous, qui devaient inclure la mobilisation de la société civile, et pas seulement celle des autorités. Cela comprenait des églises, des organisations chrétiennes, des ONG, des médias, des écoles et même des familles, réalisais-je.
Le terrorisme est un problème exigeant une réponse de nous tous. Une réponse par défaut est celle de la peur et de la haine, comme prêchée par les politiciens populistes, exactement la réponse que recherchent les terroristes. Pourtant, nous tombons dans le piège de penser comme les terroristes quand nous permettons à la différence de devenir une raison d’hostilité. Pour les disciples de Jésus, cela nécessite de puiser profondément dans les valeurs bibliques, ainsi que de demander la grâce et la miséricorde dans nos réponses. Je fus interpellé récemment par la déclaration que la justice nationale et internationale était soutenue ou minée selon que la miséricorde inconditionnelle envers l’autre était exprimée ou pas.
Certainement, les soi-disant valeurs européennes de dignité humaine, d’égalité, de liberté, de paix et de solidarité, sont attaquées par le terrorisme. Chacune de ces valeurs a vraiment besoin de fondements bibliques pour être maintenues. La dignité exige une compréhension de chaque être humain, de toutes les ethnies, comme reflétant l’image de Dieu. L’égalité et la fraternité s’évaporent si elles ne sont pas enracinées dans la paternité de Dieu. La liberté ne peut être correctement réalisée que dans la poursuite des intentions de Dieu pour l’homme.
Creuser plus profondément
La situation actuelle nous oblige à creuser plus profondément et à penser plus clairement. Nous avons besoin de nous entraider. Nous sommes poussés en dehors de nos zones de confort. Cela nous emmène au-delà du périmètre de nos églises locales. Nous avons besoin de la contribution de ceux qui voient une image plus grande.
Les sessions sur la sécurité et la défense du Forum sur l’état de l’Europe, les discussions avec d’autres qui partagent des perspectives et des valeurs bibliques, peuvent nous aider à comprendre l’évolution rapide du paysage, non seulement sur le terrorisme, mais aussi concernant les tensions actuelles Est-Ouest. Nos deux principaux contributeurs sont :
Julian Lindley-French, (Royaume-Uni) travaille dans le milieu de l’OTAN, et est un analyste stratégique, conseiller et auteur reconnu internationalement. Il était auparavant professeur « Eisenhower » de la stratégie de défense à l’Académie de la Défense des Pays-Bas, et professeur spécial des études stratégiques à l’Université de Leiden.
AntonGiulio de’ Robertis (Italie) était un consultant sur les relations Est-Ouest pour le parti italien Democrazia Cristiana. Fondateur et secrétaire général de la Fondation De Gasperi, il est professeur à l’Université de Bari (Italie), et enseigne également à l’Université de Rome « La Sapienza » et à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg. Aujourd’hui, il est aussi le vice-président du Comité Atlantique Italien.
Sur la page d’information sur ce sujet, l’un des dix sujets, vous pouvez aussi télécharger et lire un entretien perspicace avec l’expert néerlandais en terrorisme, Beatrice de Graaf, qui n’a pas été en mesure d’accepter notre invitation à s’exprimer dans cette session, à cause d’autres engagements pris à Cambridge : ’11 leçons sur le terrorisme’.
Soyez équipés. Inscrivez-vous pour le Forum sur l’état de l’Europe, les 8 et 9 mai, à la Zuiderkerk d’Amsterdam.
À la semaine prochaine,