En quête d’identité

mai 6, 2019

Cette semaine, le jeudi 9 mai sera la Journée de l’Europe, un jour pour célébrer notre appartenance à une famille de peuples qui vivent ensemble dans la paix depuis une période record de 74 ans.

Avec nos collègues du Centre Schuman en Roumanie, nous organisons une Célébration de la Journée de l’Europe au Palais patriarcal, à Bucarest, jeudi à 19h30. Le Dr Teodor Baconschi, ancien ambassadeur de Roumanie au Vatican, en France et au Portugal, et ancien ministre des Affaires étrangères, a proposé de parler de la manière dont notre héritage chrétien peut encore inspirer le projet européen. Et donc si vous êtes dans les parages…

Il y a un an, nous avons lancé le Projet du 9 mai visant à encourager les Européens partout à célébrer notre connexité et notre interdépendance, notre unité avecla diversité et notre héritage spirituel commun. Nous avions inauguré le site internet www.may9.eu pour proposer des idées sur la manière dont nous pouvions vivre cette journée. Une des idées, celle d’organiser un repas avec des aliments de différents pays, a inspiré le récent e-mail de Thomas B. à Munich : « L’an dernier, au travail (BMW), dans mon équipe de personnes en provenance de quinze pays, nous avons célébré la Journée de l’Europe et avons dégusté beaucoup de plats internationaux. »

Vendredi dernier, à Esslingen en Allemagne, j’étais invité à prononcer le discours inaugural lors d’un événement de « Ensemble pour l’Europe » organisé par le YMCA, en prévision de la Journée de l’Europe et des prochaines élections européennes (du 23 au 26 mai). Plusieurs politiciens allemands étaient présents, notamment Evelyne Gebhardt, la vice-présidente du Parlement européen, chacun partageant ses points de vue sur l’Europe.

La soirée s’est terminée par la présence d’un politicien dans chaque coin de la salle engageant le dialogue avec des membres du public, pendant que des bières et des vins de différents pays étaient servis, nous rappelant l’enrichissement varié ou diversifié que notre famille de nations a apporté.

Voici une partie de ce que j’ai partagé :

De nos jours, nombreux sont ceux qui recherchent leurs racines personnelles, inspirés par des programmes télévisés populaires comme ‘Who do you think you are ?’ (Qui croyez-vous être ?) et par les agences d’ADN proposant de retracer leur généalogie. Nous voulons connaître notre héritage parce que nous voulons connaître notre identité. Nous entendons, de nos jours, beaucoup parler de ‘la politique identitaire’, dans laquelle les gens forment des alliances politiques exclusives autour d’une identité raciale, religieuse, ethnique, sexuelle, sociale ou culturelle particulière, au lieu de s’engager dans une politique de parti large et traditionnelle.

Pourquoi cela se produit-il, et pourquoi maintenant ? Est-il possible que nous ayons perdu la vue d’ensemble ? L’histoire est simplement le produit de la politique de pouvoir, nous disait-on. Donc, nous n’apprenons plus l’histoire. Non seulement l’histoire est un sujet négligé de nos jours, mais l’histoire de l’Europe est encore plus négligée. Et l’histoire des origines chrétiennes de l’Europe est délibérémentignorée.

Et donc nous recherchons des identités plus réduites, locales et spécialisées, sur lesquelles construire nos vies. Nous nous retrouvons dans une Europe se morcelant dans un populisme fragmenté, polarisé et étroit d’esprit. Peut-être est-il temps de rechercher tout à nouveau notre ADN européen, et de nous demander : existe-t-il une identité plus large, plus inclusive que nous partageons ?

En fait, il y a une histoire qui explique beaucoup de choses sur les sources, la provenance, l’âme de la vie européenne. Tout comme le filigrane sur un billet de banque, il existe une empreinte indélébile sur la culture européenne qui est visible lorsque nous la mettons à la lumière. Car, bien que l’histoire européenne ait ses racines à la fois dans la Grèce et la Rome antiques, l’héritage classique ne suffisait pas à lui seul à faire émerger l’Europe. La révélation hébraïque d’un Dieu qui a créé l’homme à son image,imago dei, a jeté les bases du concept européen d’humanité, avec la dignité, les droits et le caractère sacré de la vie.

Deuxièmement, c’est le concept chrétien d’égalitémorale qui a profondément façonné le droit etle gouvernement en Europe. Les idées européennes essentielles de l’individu et de l’égalité n’étaient pasdes découvertes du Siècle des Lumières, mais plutôt le fruit du Christianisme. Les paroles de Saint-Paul, selon lesquelles il n’y a en Christ ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, en ont fait le plus grand révolutionnaire de l’histoire, déclarele professeur d’Oxford Larry Siedentop.

Ces pensées ont inspiré le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, à proposer, le 9 mai 1950, un plan véritablement radical qui a pris le monde par surprise. Dans un discours de trois minutes à peine, Schuman a jeté les bases de la maison européenne dans laquelle aujourd’hui 500 millions d’Européens, de 28 nations (encore), vivent ensemble dans la paix. Sa vision était que l’Europe devienne une communauté de peuples profondément enracinée dans les valeurs chrétiennes. Ce discours est reconnu comme étant la naissance de ce qui est devenu l’Union européenne.

Nous faisons bien de célébrer le 9 mai comme étant la Journée de l’Europe. Non pas comme un impératif politique pyramidal depuis Bruxelles, mais comme un impératif politique descendant de Bruxelles, mais comme un mouvement populaire partant de la base, une expression culturelle de gratitude pour notre enrichissement grâce à la connexité avec nos prochains.

Suivant l’exemple de Schuman, nous pouvons aussi faire de cette journée une journée de prière pour le pardon et la réconciliation dans notre Europe de plus en plus fragmentée et polarisée.


À la semaine prochaine,

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