Il y a des années, au péril de ma vie, j’ai voyagé en transport en commun de Nairobi à Kitale, dans le nord du Kenya. Alors que nous passions devant plusieurs épaves de bus, sur le côté de la route, je commençais à me demander si le choix de mon transport était bien sage.
Espérons que la situation ait changé depuis, mais à l’époque, il était tout à fait commun pour les conducteurs de mâchonner du khat, un stimulant similaire à de l’amphétamine, causant une intoxication légère. Associez à cela un fatalisme musulman populaire que tout ce qui se produit est la volonté d’Allah (Inch’Allah) et vous obtenez un voyage très effrayant.
Même si j’étais assis à l’arrière, mes yeux étaient collés anxieusement vers la route devant. Le conducteur dépassait des véhicules dans des virages sans visibilité et serrait son véhicule dans des espaces impossibles. À un moment donné, j’ai même crié au conducteur : « Ne faites pas ça! ». Aucun des passagers environnants ne semblait prêter attention à ce gars blanc trop tendu. Certainement pas le conducteur. Je ne pouvais rien faire d’autre que de prier et d’espérer en Dieu. Evidemment, j’ai survécu pour raconter l’histoire.
Pétales
Les événements mondiaux, au cours des dernières semaines m’ont rappelé ce voyage. Avec un conducteur imprévisible et erratique au volant, insultant et confondant aussi bien les amis que les ennemis, la communauté internationale semble être un véhicule à la dérive, une bombe prête à exploser.
Préoccupés par la situation apparue à notre époque, des deux côtés de l’Atlantique, un petit groupe de penseurs et d’activistes chrétiens de plusieurs pays européens, de l’Est comme de l’Ouest, se sont réunis, la semaine dernière, près de Schiphol pour réfléchir sur ce que devrait être notre réponse chrétienne. L’invitation a été envoyée avec le titre sinistre : ‘Les pétales tombent’ – une référence à une autre image de la société occidentale, comme un vase de fleurs coupées de leurs racines, commençant désormais à se faner.
Nous ne devrions pas vraiment avoir été pris au dépourvu, avons-nous réalisé. Après tout, nous avons poursuivi le mythe séculier du progrès pendant des décennies. Ce mythe, maintenant exposé comme la nature parasitaire du sécularisme, devient plus évident. Tandis qu’on aime parler d’égalité, de dignité, de solidarité et de liberté, nous avons oublié les racines bibliques de ces concepts. Il y a des décennies, Schuman et Delors nous avaient mis en garde qu’un projet européen sans âme, une Europe sans spiritualité et sans sens, serait vouée à l’échec. Tôt ou tard, les jeux seraient faits. Qui sait si nous en sommes arrivés là ?
Tout comme lors de mon voyage effrayant, nous devons prier et espérer en Dieu. Ce fut notre point de départ alors que nous réfléchissions ensemble sur le Psaume 25, nous demandant ce qu’il enseignait à propos de David, de Dieu et de ceux qui craignent Dieu. David a consciencieusement choisi d’élever son âme vers Dieu et d’espérer en Lui ‘toute la journée’ (verset 5 – Traduction New International Version anglaise). Notre confiance doit d’abord être en Lui, non pas dans des dirigeants humains ou dans des systèmes terrestres, y compris la démocratie, les parlements, la protection sociale, les fonds de pension, le progrès humain ou le droit international. Où est – honnêtement – notre foi ? Notre confiance ? Notre attente ? Nous demandions-nous.
Pouvons-nous faire confiance à Dieu pour utiliser des circonstances négatives afin de poursuivre ses objectifs ? L’esclavage de Joseph en Egypte se transforma en salut pour son peuple ; l’exil de Juda était une purification pour les survivants ; la crucifixion était le tournant de l’Histoire ; le naufrage de Paul apporta la guérison et le salut aux Maltais… « Tous les sentiers de l’Éternel sont miséricorde et fidélité, pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements. » (verset 10).
Populaire
‘Que l’intégrité et la droiture me protègent’ priait David. Et nous devrions également prier cela. Notre responsabilité est de vivre les valeurs du caractère de Dieu : l’amour du prochain et de l’ennemi, la vérité, la justice, la miséricorde, la grâce, le pardon, la recherche du bien commun et du bien-être de notre communauté, de notre ville, de notre pays, de notre continent et de notre planète.
Nous nous sommes mis en garde contre l’envolée de la colère et de l’hostilité autour de nous, de tous les côtés, polarisant en deux camps ‘nous’ et ‘eux’, oubliant la révélation de Soljenitsyne que la ligne séparant le bien du mal traverse tout cœur humain.
Espérer en Dieu n’est cependant pas une attitude passive. Parfois cela demande une action de confrontation et de sacrifice, comme le mouvement des droits de l’homme de Martin Luther King qui lui coûta la vie. Nous avons vu qu’il fallait discerner quand le populisme était sain et quand il était toxique. Est-ce que les résultats reflètent l’amour, la vérité et la justice ? La foule se précipitant dans les rues et places de Roumanie, la semaine dernière, afin de protester contre les plans du gouvernement visant à libérer des collègues politiques corrompus de prison, représente un autre mouvement de bas en haut, un ‘populisme’ positif.
Le défilé de voitures Let’s Bring Them Here (Amenons-les ici), prévu le 6 mars à Bruxelles, est aussi une action populaire reflétant le caractère de Dieu, afin de rappeler aux dirigeants de l’Union européenne leurs promesses de déplacer des dizaines de milliers de demandeurs d’asile coincés en Grèce. Jusqu’à présent, leurs promesses ne sont toujours pas remplies, laissant des milliers de personnes languir au seuil de l’Europe.
Que Dieu nous donne généreusement des dons d’espérance, de grâce et de discernement dans ces temps troublants – pour faire une différence pour le bien de son royaume.
À la semaine prochaine,