Inquiets de la manière dont certains politiciens ont utilisé la tradition chrétienne comme un bâton pour chasser les migrants d’Europe, durant les élections néerlandaises, deux théologiens ont récemment rédigé un manifeste à présent signé par de nombreux autres théologiens, dirigeants d’église, éditeurs, diffuseurs et éminents croyants.
Janneke Stegeman, ‘théologienne de vaterland (patrie)’ et Alain Verheij, autoproclamé ‘théologien de twitterland (la patrie Twitter)’, ont remarqué le comportement charmeur de certains politiciens envers la culture chrétienne. Tout en appréciant le regain d’intérêt pour la politique dans ‘notre belle tradition’, ils voulaient clarifier certains points avec ces politiciens avant qu’ils puissent apprécier combien de points en commun ils partagent.
Librement traduit, leur manifeste (qui a inspiré certaines parties de la pensée de la semaine dernière) affirme :
- Amis de cœurs, nous ne le serons jamais (heureusement).
Une église n’est pas un parti politique, un parti politique n’est pas une église. C’est pourquoi nous avons la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Quand les deux s’assoient sur les genoux de l’autre, vous obtenez une dictature politique ou religieuse, où ni Dieu, ni le peuple, mais seulement ceux en position de pouvoir, sont bien servis.
Que les résultats des élections basculent à gauche ou à droite, l’Eglise poursuivra toujours sa propre voie. Et elle n’aura pas peur d’être critique envers le gouvernement, là où l’Evangile le requiert. Dans la Bible, les meilleurs prophètes vivaient loin des palais pour le bien de tous.
- Le royaume de Dieu n’est pas d’ici.
Les chrétiens ne doivent pas suivre les politiciens comme des moutons. Leur royaume n’est pas d’ici ; leur roi n’est pas de cette terre. Vous pouvez l’appeler ‘d’un autre monde’, ‘la tête dans les nuages’, super-spirituel ou même dangereux pour l’Etat (car Jésus n’avait aucun message à César).
Nous voyons ça un peu différemment.
Nous utiliserons toujours nos mains et nos mots pour créer une meilleure version de la terre où nous nous trouvons.
Nous travaillerons toujours en vue de ce royaume promis sur terre, dans le pays où nous vivons.
Nous chercherons toujours des connexions avec nos prochains.
Et pourtant le fait demeure qu’il est impossible de mobiliser la culture chrétienne en tant que force politique.
Notre royaume est une utopie outrancière – trop radicale pour le compromis de vos coalitions, trop enveloppante pour vos frontières, trop exigeante pour des décideurs responsables.
- ‘Chrétien’ est une invitation, non un rejet.
Quiconque peut appartenir à la culture chrétienne : les Juifs, les païens, les femmes, les hommes, les esclaves, les rois.
C’est ce que disait l’apôtre Paul, un de nos fondateurs.
Ce Juif chrétien, avec un passeport romain, l’a écrit en grec.
Vous ne devenez pas un chrétien par la race ou la naissance ou à cause de votre histoire ; mais plutôt par l’adoption gracieuse d’un Père céleste aimant.
Le caractère d’invitation est profondément enraciné dans la culture chrétienne.
Partout où le terme ‘chrétien’ est utilisé, il doit faire penser à un accueil.
Exclure des groupes entiers tout en vous appelant chrétien n’est pas une option dans notre tradition.
Même si cette personne est considérée comme un concurrent ou comme une menace.
‘Aimez vos ennemis’ est une règle de base que nous avons magnifiquement (parfois douloureusement) appris de notre Seigneur Lui-même.
- La culture chrétienne est compassion.
Jésus explique qui peut être appelé ‘chrétien’ à travers l’histoire des brebis et des boucs.
Les brebis (les chrétiens) sont aux côtés de Jésus car ils nourrissent ceux qui ont faim, donnent à boire à ceux qui ont soif, recueillent les étrangers, revêtent ceux qui sont nus, réconfortent les malades et rendent visite aux prisonniers.
Ceci est plus que toutes les croyances, tous les bâtiments d’église ou l’histoire de l’Eglise, ceci est le fondement de toute la culture chrétienne : la compassion.
Aimez Dieu plus que toutes choses et traitez-vous les uns les autres comme vous voudriez être traités – ceci est le cœur de la Loi et des Prophètes, et donc le cœur de la tradition chrétienne.
- La moralité chrétienne est pratiquement impossible à traduire en programme politique.
Ceux qui veulent appliquer le Sermon sur la Montagne ou d’autres paroles de Jésus dans un programme politique vont, tôt ou tard, commencer à s’arracher les cheveux.
La vengeance est subordonnée par le fait de tendre l’autre joue !
Le pardon doit être répété à l’infini !
À ceux qui exigent quelque chose de vous, vous ne devriez pas refuser mais plutôt donner le double !
Aucun politicien ne peut convertir ceci en une politique !
De manière réaliste, la moralité chrétienne est une invitation ouverte pour les opportunistes violents pour exploiter une culture sans défense.
Siècle après siècle, les disciples de Jésus ont dit : ‘Vous ne pouvez pas être sérieux !’
Mais Il était en effet suffisamment sérieux pour le mettre en pratique, pour se livrer afin d’être moqué, craché dessus, torturé et crucifié. Les flirts politiques devraient aussi compter avec l’exemple du ‘premier’ chrétien, Jésus-Christ.
- Pour terminer, nous, en tant que chrétiens, refusons d’être utilisés pour cette campagne électorale vide.
Nous refusons d’être le bâton symbolique avec lequel d’autres sont chassés.
Le cœur du christianisme a une compassion au-delà des frontières, est bien au-dessus des affaires politiques locales, et devrait être ‘une bénédiction pour tous les peuples’.
À la semaine prochaine,