Etant donné le nombre de disciples de Jésus soutenant les politiciens populistes des deux côtés de l’Atlantique, il serait facile de supposer que Jésus était un populiste en son temps.
Dans un sens, il l’était ; si vous prenez la définition du dictionnaire du mot signifiant ‘soutien aux préoccupations des gens ordinaires’. Matthieu 9:36 nous dit que Jésus, voyant la foule « fut ému de compassion pour elle, car elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger».
Les foules commencèrent rapidement à le suivre lorsqu’il commença à guérir les gens et à proclamer que le royaume de Dieu était proche. L’occupation militaire de la Palestine par les Romains et l’attente qu’un jour, Dieu enverrait un Messie pour libérer son peuple faisait partie de son appel public.
Les pharisiens élitistes se sentaient menacés par sa popularité et cherchaient des fautes pour le critiquer : ses disciples cueillant des épis de blé le jour du sabbat ou ne se lavant pas les mains avant un repas ; Jésus guérissant le jour du sabbat ou faisant la fête avec les prostituées et les percepteurs d’impôts.
Au cours de sa dernière semaine de ministère avant la crucifixion, Jésus aiguisa sa critique des pharisiens. Tout en honorant leur mission, il prononça sept malheurs contre les chefs religieux qui ne pratiquaient pas ce qu’ils prêchaient (Matthieu 23).
Alors, est-ce que cela fait de Jésus un populiste dans le sens du terme tel qu’utilisé aujourd’hui, mobilisant un secteur aliéné du public contre une élite égoïste et hors d’atteinte ? Jésus essayait-il d’unir ‘les hommes oubliés’ contre les élites et experts dominants et corrompus ? Son plan était-il de mobiliser les masses pour l’action directe ? Faisait-il des promesses séduisantes pour restaurer les bons vieux jours en se débarrassant des Romains, des Samaritains et d’autres païens ? Cherchait-il des boucs émissaires à blâmer pour des problèmes contemporains ? Son message était-il ‘Israël d’abord’ ?
Provocant
Eh bien, Jésus a dit à ses disciples d’aller en ‘Israël d’abord’ pour leur première mission de guérison, et pas auprès des Samaritains et des païens (Matthieu 10:5-6). Mais c’était une question de priorité, pas de principe. Ce qui est devenu clair à mesure que le ministère de Jésus progressait, c’était qu’Il était un homme pour tous les peuples. Son message n’était pas un message de nationalisme et de haine, mais d’inclusion et d’amour : « aime ton prochain comme toi-même» ; et même : « Aimez vos ennemis ». Indiscutablement, c’est assez universel. Il n’y a pas beaucoup de place pour la torture dans ce commandement.
Lorsqu’on lui demandait : « qui est mon prochain ? », Jésus commença par l’histoire du Bon Samaritain, une allusion délibérément provocante, assurant la confrontation de ses auditeurs avec leurs préjugés raciaux. Dans le contexte actuel, il aurait pu parler du Bon Marocain, du Bon Mexicain, du Bon Turc, du Bon Syrien… qui vous voulez.
Jésus réprimanda aussi bien les disciples que les Juifs pour leur incrédulité lorsqu’il fit l’éloge de la femme syro-phénicienne et du centurion romain qui avaient montré plus de foi que tout ce qu’il avait vu en Israël. Finalement, il instruisit ses disciples à porter la bonne nouvelle de son royaume aux peuples du monde entier, un commandement qui a pris des années à l’église primitive, avec ses préjugés, pour comprendre.
Collusion
Jésus n’appela pas à un renversement des élites et des experts. Il ne prêcha pas : « Reprenons le contrôle de notre pays ». Il ne trouva pas de boucs émissaires ni chez les nouveaux venus ni chez les dirigeants. Il encouragea plutôt chaque personne à se repentir, à considérer le coût de le suivre, et à chercher le royaume de Dieu en premier lieu. Il devint de plus en plus pointu dans sa critique des gens qui n’avaient pas répondu à leur appel dans son ensemble, maudissant de manière prophétique le figuier qui ne portait pas de fruit. Il mit en garde les Juifs des conséquences de ne pas utiliser leurs talents pour les desseins de Dieu. Il leur dit même que le royaume de Dieu leur serait enlevé et donné à un peuple qui produirait des fruits (Matthieu 21:43).
En définitive, les exigences des populistes menèrent à Sa crucifixion par une collusion d’élites juives et romaines. Jésus ne se rangea ni aux côtés des populistes, ni des élites. A un moment donné, il évita la foule qui tentait de le forcer à devenir roi.
Face à la dichotomie du ‘peuple’ ou de ‘l’élite’, Jésus refusa d’être coincé. Ses réponses aux questions pièges introduisirent une nouvelle dimension. Il rejeta le cadre étroit : ‘rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. »
Aujourd’hui, nous nous trouvons souvent coincés par des dichotomies, des options binaires : Clinton/Trump ; Quitter/Rester (dans l’Union européenne) ; frontières fermées/frontières ouvertes ; notre nation d’abord/l’Europe…
Il est tentant de toujours vouloir avoir une réponse. Parfois Jésus s’éclipsait simplement, ou restait silencieux. Il cherchait toujours à savoir ce que faisait le Père, et répondait selon son caractère : de compassion, de pardon, de longanimité, de miséricorde, d’amour, de vérité et de justice.
Qui est donc notre prochain ? Qui est notre ennemi ? Qu’est-ce que cela signifie de les aimer ? Et est-ce que cela comprend les populistes ? Le président ? Le Premier ministre ?
Qu’est ce que Dieu exige de moi, si ce n’est d’agir avec raison, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement ?
À la semaine prochaine,