La Semaine du Mariage (Marriage Week) a débuté mardi dernier, dans seize nations européennes, et se terminera demain, le jour de la Saint-Valentin.
Richard Kane, fondateur de la Semaine du Mariage, dit que si vous avez la chance d’être dans une relation de mariage, vous devriez en prendre soin. Initiée au Royaume-Uni, il y a vingt ans, la Semaine du Mariage encourage les couples mariés de tous âges à investir du temps dans le renforcement de leur relation, par exemple en se servant mutuellement le petit-déjeuner au lit, en dégustant ensemble un repas à l’extérieur, en lisant ensemble un livre sur les relations conjugales, en regardant un film ou un concert ensemble, un week-end en amoureux…
Evidemment, tout le monde connaît la Saint-Valentin. En tout cas, les magasins sont là pour nous le rappeler. Mais qui connaît quelque chose au sujet de Valentin lui-même ? Comme dans beaucoup de traditions de notre société occidentale, nous avons conservé quelque chose d’une fête tout en ayant oublié la source.
Le Valentin d’origine était un prêtre chrétien du troisième siècle, vivant à Rome pendant le règne de Claudius le Cruel. Infâme pour persécuter les chrétiens et pour mener des campagnes impopulaires et sanglantes, Claudius croyait que les hommes célibataires combattaient mieux car les soldats mariés étaient trop inquiets de ce qui arriverait à leurs femmes et familles s’ils mourraient au combat. Il interdit donc tout mariage et fiançailles à Rome. Ceci affecta particulièrement les chrétiens, engagés dans des relations monogames, contrairement à la plupart de la société romaine, à l’époque païenne. Résistant à l’injustice du décret, Valentin défia Claudius et continua à célébrer en secret des mariages pour de jeunes amants.
Lorsque ses actions furent découvertes, Claudius ordonna l’exécution de Valentin. Le pauvre homme perdit sa tête le 14 février, vers l’an 270. La légende affirme que Valentin pria pour la fille aveugle de son juge et geôlier, Astérius. La fille fut guérie et Astérius devint un croyant. Valentin laissa une lettre d’adieu à la fille avec qui il s’était lié d’amitié, et la signa ‘De la part de ton Valentin.’
Recul
Aujourd’hui, Valentin serait considéré comme un idiot pour avoir payé un tel prix pour l’institution démodée du mariage. Après tout, ce n’est qu’un bout de papier, n’est-ce pas ? Certainement, si un couple a vécu ensemble pendant un certain temps, voire des années, c’est comme s’ils étaient mariés, non ?
De nos jours, beaucoup considèrent le concubinage comme le nouveau mariage. Car même sans les menaces d’un tyran comme Claudius, la majeure partie du globe a été témoin d’un recul du mariage au cours des dernières années.
Cela signifie qu’un plus grand nombre d’enfants naissent hors du mariage, que ce soit de parents célibataires ou de couples vivant en concubinage, dans les pays du monde entier. La question qui se pose est la suivante : Est-ce que le concubinage pénalise les enfants ? Sont-ils aussi bien avec des parents non mariés ?
Ces questions sont abordées dans le rapport de World Family Map 2017 (Carte mondiale de la Famille 2017) qui vient tout juste de paraître. Intitulé le Carrousel du concubinage, le rapport rassemble les données en provenance de 100 nations à travers le monde et apporte les conclusions suivantes :
- Les enfants nés dans des familles vivant en concubinage sont plus susceptibles de voir leurs parents se séparer avant l’âge de 12 ans que les nés dans des familles mariées, et ce dans presque tous les pays ;
- Au Royaume-Uni, ces enfants sont 94 % plus susceptibles de voir leurs parents se séparer avant l’âge de 12 ans ; aux Etats-Unis, le taux s’élève à 102% ;
- Même s’il est neuf fois plus stable qu’une famille monoparentale, le concubinage reste une pauvre option comparée au mariage.
Stabilité
Le contexte de l’étude était le désaccord parmi les spécialistes sur l’importance du mariage lorsqu’il s’agissait du bien-être des enfants. Certains soutenaient que le mariage en soi ne jouait pas un rôle important dans le bien-être des enfants, du moins dans certains pays, alors que d’autres affirmaient que le mariage continuait à jouer un rôle central dans le bien-être des enfants.
Le titre du rapport était dérivé d’une étude, datant de 2010, du sociologue Andrew Cherlin, The Marriage-Go-Round (le carrousel du mariage), qui a soulevé des inquiétudes quant à l’instabilité de la famille « car elle pouvait augmenter les problèmes comportementaux et émotionnels des enfants. Certains enfants semblaient avoir des difficultés à s’adapter à une série de parents et de partenaires de parents emménageant et quittant leur maison. »
Le rapport examinait aussi l’argument selon lequel le concubinage était moins stable uniquement parce que les personnes plus pauvres étaient plus susceptibles de le choisir. Il a constaté que le concubinage était moins stable, quelle que soit l’éducation de la mère : « Dans l’écrasante majorité des pays, les parents vivant en concubinage, parmi les plus instruits, ont encore un taux beaucoup plus élevé de rupture que les couples mariés ayant le plus faible niveau de scolarité. »
Le rapport ‘Carrousel du concubinage’ n’a également trouvé aucune preuve soutenant l’argument selon lequel plus le concubinage devenait courant, plus il était similaire au mariage, en termes de stabilité pour les enfants. « Des proportions plus élevées de naissances chez les femmes célibataires et les couples en concubinage sont toutes deux significativement associées à des proportions plus faibles d’enfants vivant avec leurs deux parents biologiques. » Les couples qui se sont engagés l’un envers l’autre, avant d’avoir un enfant biologique, avaient habituellement un engagement plus profond que ceux qui s’associent après une grossesse.
C’est pourquoi le mariage sain, et donc la Semaine du mariage, ne concerne pas seulement les couples, mais aussi les enfants en bonne santé. Le mariage, non seulement unit un couple l’un à l’autre, mais unit aussi les enfants avec leur propre père et mère.
Valentin avait raison. Cela vaut la peine de payer un prix pour le mariage.
À la semaine prochaine,