Les cathédrales, dominant depuis des siècles de nombreux horizons urbains, demeurent des témoignages vibrants d’une réalité transcendante dans un continent trop souvent relégué au rang de postchrétien.
Beaucoup d’entre nous, ayant un arrière-plan protestant-évangélique-pentecôtiste, ne savent pas exactement comment s’identifier à ces fiers symboles d’un mariage galvaudé et en général révolu entre l’Eglise et l’Etat, l’ère d’une chrétienté que peu souhaiteraient voir ravivée. Pour un anticonformiste de cinquième génération comme moi-même, elles représentaient une trahison de la simplicité et de l’humilité de l’Evangile.
Et pourtant, particulièrement au cours des dernières années, comme ma femme et moi avons organisé de nombreux Tours de l’héritage, à travers le continent et les Îles britanniques, j’ai développé une admiration et un émerveillement profonds pour ces créations magnifiques avec leur témoignage fidèle et durable de nombreuses vérités bibliques.
Paradoxalement, dans notre partie du monde très sécularisée, les cathédrales continuent à faire partie des sites touristiques les plus visités d’Europe. La Cathédrale Notre-Dame de Paris, au cœur de Paris, rivalise avec Disneyland, dans la périphérie de la capitale française, tous deux avec environ 14 millions de visiteurs par an, faisant de ceux-ci les sites touristiques les plus visités d’Europe. Cela représente plus de 38.000 visiteurs par jour !
La Cathédrale de Cologne est l’attraction la plus visitée d’Allemagne, avec six millions de visiteurs chaque année, chiffre sensiblement le même que pour la célèbre Cathédrale de Milan. La Cathédrale de Strasbourg attire quatre millions de touristes, tandis que l’œuvre toujours inachevée de Gaudi, La Sagrada Familia à Barcelone, attire trois millions de visiteurs par an.
Ces cinq cathédrales représentent, à elles seules, 33 millions de visiteurs par an. Et tous ces visiteurs sont confrontés à des témoignages en pierre et en verre, au sujet de Dieu, de Jésus et du salut.
Trésors
Précédemment cet été, j’ai visité des cathédrales en Irlande, en Ecosse et en Angleterre, notamment celles de Saint-Patrick à Dublin, d’York, de Durham, de Lincoln, de Coventry et de Cantorbéry. Chacune d’entre-elles a des liens historiques avec sa ville et sa nation, faisant d’elles des trésors inestimables du patrimoine national. Elles nous rappellent à quel point l’histoire chrétienne est étroitement liée au passé de l’Europe. Chacune témoigne également des éléments de l’histoire biblique, souvent avec des représentations graphiques des tristes réalités du Jugement dernier, sur le portail.
Il y a quelques jours, je suis devenu l’un des deux millions de ceux qui auront visité la Cathédrale de Chartres cette année (voir photo), célèbre pour ses dessins de labyrinthe sur le sol de la nef. À l’entrée, un avis de bienvenue invite les visiteurs à se joindre à un voyage de découverte spirituelle, comme ils marchent respectueusement à travers l’édifice, à partir de l’entrée Ouest et se dirigeant vers la lumière de l’extrémité Est, où le soleil se lève, en passant par l’autel, au cœur de l’édifice, en forme de croix. Le labyrinthe, entièrement exposé les vendredis, lorsque les chaises de la nef sont retirées, représente aussi le voyage de la terre vers le ciel, vers le Créateur, au travers du salut en Christ.
La forme actuelle de la Cathédrale de Chartres, construite à l’apogée de l’architecture gothique au 13ème siècle, est typique des structures hautes, légères, claires et spacieuses, mettant l’accent sur les larges vitraux intensément colorés, et qui supplantèrent le style roman précédent (ou Norman en Angleterre), aux intérieurs plus sombres et plus lourds avec leurs petites fenêtres et leurs fresques murales. (La description de ‘gothique’, comme terme de dénigrement, signifiant ‘barbare’ ou ‘rustre’, n’est entrée dans l’usage qu’au cours du siècle des Lumières. Les penseurs du siècle des Lumières voulaient revenir aux formes classiques ‘pures’ de la Grèce et de Rome. À l’origine, l’architecture gothique se référait au style français.)
Symbolisme
Dans la société médiévale, la cathédrale reflétait une plus grande réalité du monde invisible, l’infini, l’intemporel. Elle exprimait le point de vue que Christ était ‘tout en tout’, l’intégration de la société autour de Christ, maintenus ensemble par le Christ cosmique, la pierre angulaire de la réalité. La forme en croix de la cathédrale – avec le transept constituant la partie horizontale de la croix, croisant la partie verticale, à l’autel, et séparant la nef du chœur et du sanctuaire – reflétait non seulement la Christologie mais aussi l’anthropologie. La disposition de la cathédrale reflétait la tête humaine, les bras, le torse et les jambes. L’homme était un microcosme du macrocosme. L’homme était le temple de Dieu : l’autel était le cœur.
La cathédrale intégrait toutes les formes d’art, y compris l’architecture, la sculpture, la peinture, l’art du vitrail, le tissage, la musique et la chorégraphie liturgique, avec ses rites et ses processions. Elle devint un exemple incomparable et écrasant de la fonction sociale de l’art chrétien : tous les arts servaient le symbolisme universel christocentrique.
La construction de la cathédrale engageait pratiquement tout le monde dans la ville, directement ou indirectement. C’était un projet commun et non élitiste. Il créait du travail pour beaucoup. C’était le foyer commun pour la région. Souvent, des éléments des anciennes religions de la nature et du paganisme étaient retenus et ‘baptisés’ avec un sens et un symbolisme chrétien.
Longtemps après que beaucoup de nos bâtiments d’églises modernes ne soient démolis ou remplacés, je soupçonne que les cathédrales d’Europe continueront à témoigner de Celui qui est mort sur la croix afin de réconcilier l’humanité avec le Créateur. Elles continueront à susciter la curiosité des générations futures et, espérons-le, à faire redécouvrir ces vérités intemporelles qui donnèrent à l’Europe son âme, ses valeurs et sa source de vie.
À la semaine prochaine,