La vente récente du Salvator Mundi de Léonard de Vinci (peint vers 1500) pour 450.3 millions de dollars, a fait les grands titres de l’actualité mondiale, comme l’achat le plus élevé jamais réalisé pour un tableau. Qui a eu autant d’argent pour payer un tel prix pour une peinture qui, en 1958, a été vendue pour seulement 45 livres sterling ?
Le dernier rebondissement d’une histoire improbable est la révélation de cette semaine que Mohammed bin Salman, le prince héritier d’Arabie Saoudite, était le mystérieux acquéreur. Sachant que le pays du prince, résolument musulman, interdit et persécute le christianisme, ceci est remarquable. Les représentations de toutes les figures religieuses sont interdites. Mais cette représentation particulière n’est pas seulement celle de n’importe quelle figure religieuse.
En effet, de Vinci dépeint Jésus de Nazareth comme le Sauveur du monde et le Maître du cosmos. Sur sa main gauche, il tient un globe de cristal de roche transparent, signifiant ‘la sphère cristalline’ des cieux, telle que perçue à la Renaissance. Jésus est le Rédempteur de l’humanité ; il est la Seconde Personne de la Trinité.
C’est un blasphème pour les musulmans qui confessent « qu’il n’y a qu’un seul Dieu, que son nom est Allah, et qu’il n’a pas de fils ».
Les premiers rapports indiquaient que l’acquéreur était un cousin éloigné de MBS (comme le prince héritier est communément appelé), un autre prince saoudien appelé Bader bin Abdullah bin Mohammed bin Farhan al-Saud (vraisemblablement alias BBABMBFAS ?). Apparemment, il agissait au nom du prince héritier.
Des responsables ont confirmé que la peinture sera exposée au Louvre d’Abou Dhabi récemment ouvert. Mon fils Philip a récemment créé une vidéo pour la nouvelle galerie avec la commission pour illustrer ‘la manière dont nous sommes tous connectés (toutes les choses et toutes les personnes). Par exemple, une image pourrait montrer une bible étant ouverte, et l’image suivante pourrait être un coran se refermant’.
Ecrivant pour le webzine Mercatornet sur la religion et la spiritualité sur la place publique, l’analyste politique tchèque Peter Kopa se demande si l’esprit de réforme audacieux de MBS marque un moment de rapprochement entre le christianisme et l’islam dans le monde arabe musulman.
L’Arabie Saoudite est connue pour son intolérance religieuse, remarque-t-il. Tous les citoyens doivent être musulmans ; les mosquées sont les seuls lieux de culte religieux autorisés ; le système légal est basé sur le Coran et la Sunna. Et bien que cela ne soit pas arrivé ces derniers temps, le blasphème contre l’islam peut être légalement puni de mort.
Pourtant, les choses semblent changer, observe-t-il. Malgré la stricte atmosphère religieuse dans le royaume saoudien, imposée par la Commission pour la Promotion de la Vertu et la Prévention du Vice, près de la moitié des hommes de moins de 35 ans bravent la directive du Coran d’aller à la mosquée le vendredi.
Le projet d’ouverture d’une branche du Louvre dans le monde arabe n’est pas sans risque. Car, comme pour les collections de toute galerie d’art occidentale plus ancienne que, disons, deux siècles, une grande partie du Louvre se concentre sur des scènes bibliques. Où cela pourrait-il aboutir ?
Mercredi dernier en soirée, sur l’île grecque de Lesbos, j’ai été témoin d’un autre moment de ‘fissure dans l’univers’. À bord du ketch Next Wave (Prochaine Vague) de 42 mètres, amarré au port de Mytilène, en tant que base d’opérations pour un travail humanitaire dans le camp proche de Moria, environ 100 personnes, des membres d’équipage, le staff, des étudiants de l’EFD (Ecole de Formation de Disciples) Refuge et des réfugiés, étaient serrées sur chaque siège disponible et sur l’espace au sol, attendant que la réunion communautaire hebdomadaire commence. Le bourdonnement d’attente me rappelait l’atmosphère du bateau de Jeunesse en Mission d’Amsterdam, appelé l’Arche, il y a 40 ans. Au lieu de hippies et de globe-trotters attendant de s’aventurer sur la route de la drogue, à travers le Moyen-Orient vers l’Afghanistan, le Népal et l’Inde, la moitié de ceux qui étaient présents étaient des réfugiés venant d’Afghanistan, du Moyen-Orient et d’Afrique, principalement des Musulmans.
Lorsque le moment est venu pour moi de prendre la parole, un réfugié volontaire, que je ne connaissais pas, a été poussé en avant pour me traduire en arabe. Etant sur un bateau, j’ai parlé de l’espoir, et de son symbole biblique, l’ancre. J’ai parlé des raisons et des objectifs de notre espoir, qui se trouvent tous deux dans le Dieu trinitaire, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mon traducteur suivait fidèlement mon histoire.
Plus tard, il m’a dit qu’il était un musulman palestinien et qu’il lui avait été difficile de traduire mes références à Jérusalem et à Israël. Pourtant, il n’a fait aucune objection à mes références à la Trinité, blasphématoires comme elles le seraient normalement pour les musulmans. Il était remarquable de voir autant de musulmans écouter avec respect, le résultat des relations de confiance construites par le staff et par les étudiants.
L’auteur Dr. David Garrison ne serait pas surpris. Son livre Un souffle dans la maison de l’Islam* affirme que Dieu est actif aujourd’hui, créant plus de mouvements musulmans vers Isa (Jésus) que jamais auparavant. Alors que les deux premiers mouvements ne sont seulement apparus qu’au 19ème siècle, dix autres ont émergé à la fin du 20ème siècle.
Pourtant, depuis les attentats du 11 septembre 2001, nous avons observé plus de 60 nouveaux mouvements musulmans vers Christ. Les fissures semblent s’élargir. Selon les mots de Leonard Cohen : ‘That’s how the light comes in’ (voilà comment la lumière entre).
* Pour le site du livre en anglais, cliquez sur ce lien.
À la semaine prochaine,