La perspective apostolique

mai 2, 2016

Quand l’apôtre Paul voyagea autour de la Méditerranée et écrivit ses lettres pastorales aux églises naissantes à Rome, Corinthe, Ephèse, Colosses et Philippes, il nourrit ses lecteurs d’une vision d’inclusion et d’universalité, transcendant les nombreuses ethnies de ceux rejoignant le Peuple de la Voie.

Aux Corinthiens multiculturels, sur l’isthme entre la péninsule du Péloponnèse et la Grèce continentale, il écrivait : en effet, que nous soyons Juifs ou Grecs, esclaves ou libres, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. (1 Cor 12:13)

(Jésus) a renversé le mur qui les séparait, la haine (2:14), disait-il aux croyants de cette fière et païenne ville d’Ephèse, sur la côte ouest de l’Asie Mineure, à proximité de l’endroit où les réfugiés se lancent aujourd’hui dans leur tentative désespérée pour la liberté.

Les Galates, une tribu celte qui s’installa dans le centre de la Turquie actuelle, lisaient dans l’exhortation de Paul que : il n’y a plus ni Juif ni non-Juif, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ (3 :28).

Paul rappelait à ses lecteurs romains : il n’y a aucune différence entre le Juif et le non-Juif, puisqu’ils ont tous le même Seigneur, qui se montre généreux pour tous ceux qui font appel à lui (10:12).

Plus à l’intérieur des terres, par rapport à Ephèse, les croyants de Colosses lisaient : Il n’y a plus ni Juif ni non-Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni étranger, ni sauvage (ou ‘ni barbare, ni Scythes’ dans d’autres traductions françaises), ni esclave ni homme libre. (3:11)

Paul avait vu les implications universelles de l’Evangile bien plus rapidement et plus clairement que Pierre. En fait, il avait dû réprimander Pierre, comme nous le lisons dans Galates 2:11-14, car il se retranchait dans une mentalité juive.

Ou, si vous voulez, une mentalité populiste. Car Pierre était tenté de revenir dans le mode de pensée ‘nous et eux’.

Tragédie

Paul implique que les vrais disciples de Jésus devraient être les premiers à s’élever au-dessus du nationalisme, du racisme et des préjugés ethniques. Pourtant, une des tragédies de la Réforme – à côté de ses aspects positifs – était la territorialisation de l’Eglise. Des églises protestantes sont apparues, reliant Dieu, le roi et le pays. Dieu devint un Anglais ; ou un Allemand ; ou un Néerlandais…

Nous voyons aussi une mentalité similaire dans la plupart des nations orthodoxes. Un bon Grec est un orthodoxe… Les catholiques ont tendance à être bien plus transnationaux dans leur vision de l’église, ce que le mot ‘catholique’, avec un ‘c’ minuscule, implique bien évidemment. Et pourtant là aussi, l’attitude nationaliste est très répandue : ‘un bon Polonais (Italien, Lituanien, etc.) est catholique’.

Combien nous avons besoin de la perspective apostolique ! Combien nous avons besoin de ne pas perdre de vue l’objectif final, que l’apôtre Jean nous donne dans le livre de l’Apocalypse : celui de tous les peuples, toutes les tribus, toutes les langues et toutes les nations rassemblées devant le trône !

Paul a eu le privilège de voyager et de voir le tableau d’ensemble. Cela fait partie de l’appel apostolique. La plupart d’entre nous vivent, cependant, au niveau local, y compris les pasteurs. Nous avons besoin des autres pour nous donner cette perspective apostolique.

Responsabilité

La semaine dernière, je me suis souvenu de ceci lorsque j’ai été invité à m’exprimer devant plusieurs centaines de leaders du cours Alpha, en provenance d’Europe et du Moyen-Orient, rassemblés en Hongrie. Des Egyptiens et des Libanais côtoyaient des Ecossais et des Français, partageant des histoires vraiment fantastiques de l’œuvre de Dieu à travers toute cette partie du monde. J’ai appris, par exemple, que les cours Alpha ont été organisés dans 169 pays et dans 112 langues, avec plus de 27 millions de participants ; que la plupart des projets ‘Alpha à l’école’ dans le monde sont organisés en France ; ce qui est aussi vrai pour les cours Alpha dans les prisons !

Je réfléchissais sur le privilège d’entendre personnellement ces rapports, avec la responsabilité de transmettre ce tableau d’ensemble, transnational. Ce sens de la responsabilité m’avait incité à commencer à écrire les Pensées de la semaine (Weekly Word) il y a quelques 15 années, en tant que directeur de Jeunesse en Mission Europe, surtout pour partager avec mes amis Jemmiens l’œuvre de Dieu que je voyais s’accomplir en Europe.

Aujourd’hui, cette perspective apostolique est nécessaire dans toutes les sphères de la vie : la politique, l’éducation, l’environnement, le monde des affaires, les médias, la famille, les soins de santé – c’est-à-dire des leaders qui regardent au-delà du cadre local, qui se connectent avec ceux qui ont une vision similaire dans d’autres nations ou ethnies, qui travaillent et prient ensemble pour la croissance du royaume de Dieu dans toutes ces sphères.

Car il y a beaucoup ‘d’apôtres’ travaillant pour répandre un ‘évangile’ différent à travers l’Europe et au-delà : des évangiles de peur et de demi-vérités, d’exploitation sexuelle et de trafic d’êtres humains, de terreur et d’extrémisme, de cupidité et de fortune extravagante, de pouvoir et de contrôle. Nous, chrétiens de tous les peuples, devrions nous élever au-delà de nos visions locales, afin d’aider à façonner l’avenir de l’Europe : une Europe de justice, d’égalité, de dignité humaine, de liberté, de solidarité, de paix, de sécurité et de bien-être – et où le nom de Dieu est révéré.

Le Forum sur l’état de l’Europe, dimanche et lundi prochains à Amsterdam est, en ce sens, un événement apostolique où des leaders de toute l’Europe se rassembleront afin de rêver d’une telle Europe. Paul, au début de ce mouvement qui allait transformer le monde, avait la foi pour ce que Dieu allait faire dans l’avenir. En examinant ces 2000 dernières années, nous devrions aussi avoir la foi pour ce que Dieu fera encore en Europe.

Si ceci résonne en vous, alors pourquoi ne vous joindriez-vous pas à nous à Amsterdam ?


À la semaine prochaine,

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