Le paradoxe de la Trinité

mai 28, 2018

Dimanche dernier, c’était le Dimanche de la Trinité sur les calendriers des églises traditionnelles, le premier dimanche après la Pentecôte. Pour ceux d’entre nous issus des traditions d’églises libres, Trinitatis n’est pas une chose à laquelle nous prêtons une grande attention, à notre grand dam.

Car une approche consciemment trinitaire de la vie et de la foi est essentielle pour un style de vie chrétien équilibré sous tous les aspects. Et réfléchir sur la Trinité, et sur le fait que l’on vive ou non une foi pleinement trinitaire dans laquelle nous comprenons l’œuvre de chaque Personne de Dieu, peut nous aider à vivre une foi plus équilibrée.

Bien qu’il ne se trouve nulle part dans la Bible, le mot « Trinité » fut utilisé pour la première fois, pour mentionner les Personnes de Dieu, par un Berbère nommé Tertullien. Né moins d’un siècle après la mort de Paul, Tertullien a vécu à Carthage, dans la Tunisie actuelle, à cette époque-là partie de l’Afrique du Nord romaine. Aujourd’hui, cela fait partie du monde musulman pour lequel des millions de chrétiens prient pendant le jeûne de 30 jours du Ramadan (voir www.30daysprayer.com).

Tertullien a été nommé le ‘père du christianisme latin’ et le ‘fondateur de la théologie occidentale’. Avec d’autres pères de l’église primitive, il cherchait à énoncer le paradoxe révélé que Dieu est un et pourtant trois. Ils n’ont pas résolu le paradoxe. Ils l’ont simplement nommé. La Trinité n’est pas une solution. C’est simplement une désignation en un mot qui maintient le paradoxe intact : trois en un, notre Dieu trinitaire.

Perdu dans la traduction

Nous pouvons comprendre le défi que ces pères de l’église primitive ont dû affronter alors qu’ils cherchaient à exprimer des concepts qui se sont facilement perdus dans les traductions de l’hébreu vers le grec ou le latin. Prenons le mot ‘Shema’ par exemple, dans la prière de Deutéronome 6:4 – « Shema Israel, Adonai Elohenu, Adonai Echad ». « Ecoute, Israël ! L’Eternel, notre Dieu, est le seul Eternel » (version Louis Segond)Le mot hébreu traduit par « seul » est echad, qui exprime un composé d’unités de l’unicité .

Ce même mot est utilisé pour un homme et une femme devenant une [echad] seule chairen Genèse 2:24. Ou en Genèse 11:1 –  « Toute la terre avait une seule [echad] langue et les mêmes [echad] mots. » Ou bien cinq versets plus loin : « Et l’Éternel dit: Voici, ils forment un seul [echad] peuple et ont tous une même [echad] langue ».

Le mot hébreu El est la forme singulière de Dieu. Pourtant, sur les 2.845 fois que le mot ‘Dieu’ est utilisé dans l’Ancien Testament, sa forme plurielle Elohim est utilisée 2.607 fois.

Non seulement, le mot traduit par ‘Dieu’ est habituellement utilisé dans sa forme plurielle, mais plusieurs versets font référence à Dieu en tant que ‘Nous’ :

  • Puis Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. » (Genèse 1:26)
  • L’Éternel Dieu dit: « Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. » (Genèse 3:22)
  • « Allonsdescendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. » (Genèse 11:7)

Implications pour la vie quotidienne

Les implications de la doctrine de la Trinité sont profondes. Comme l’a souvent dit Michael Schluter, avant que quoi que ce soit de matériel ait existé, il y avait des relations. L’amour entre les membres de Dieu existait avant la création. L’amour appartient à la réalité ultime. L’amour est de toute éternité. Dans les religions monothéistes sans la Trinité, il n’y a personne à aimer avant la création.

Le Pape François souligne que la Trinité est une réalité relationnelle. La doctrine de la Trinité est une description de cette réalité. Notre point de départ pour l’unité n’est pas la doctrine mais la relation. La description peut suivre.

La Trinité signifie aussi que la réalité ultime est l’unité dans la diversité. Le but de l’histoire est que tout soit correctement lié l’un à l’autre, dans le shalom, l’unité dans la diversité. Par conséquent, contribuer à la recherche de l’unité de l’Europe dans la diversité s’aligne sur le but ultime de Dieu pour l’histoire. Et c’est pourquoi nous devons aider à restaurer les fondements bibliques du projet européen, pour une union de peuples sans cesse plus étroite (non des nations).

Nous pouvons être en mesure de débiter rapidement le Crédo des Apôtres qui décrit le rôle de chacune des trois Personnes de la Trinité. Mais cela ne garantit pas que nous vivions activement notre confiance en chaque Personne de Dieu.

Croire au Père, créateur du ciel et de la terre, implique une confiance active que tout ce qu’il a fait, y compris la matière, l’espace, le temps et l’énergie, sont des dons de lui ; que nous, humains, avons de la valeur et de la dignité parce que nous reflétons son image ; que notre travail fait partie de son mandat de création pour mettre de l’ordre dans le chaos et prendre soin de sa création.

Croire en Jésus-Christ, son Fils unique, crucifié, mort et enterré et ressuscité d’entre les morts, implique que nous ayons confiance en lui pour notre salut, non dans notre propre capacité, ni dans nos remèdes psychologiques ou toute autre alternative.

Croire au Saint-Esprit implique notre dépendance à son pouvoir  dans notre vie quotidienne, non à des techniques particulières ou même à des disciplines spirituelles.

Nous ne comprendrons jamais complètement le paradoxe de la Trinité. Cela fait partie du mystère des profondeurs insondables de notre Dieu.

 


À la semaine prochaine,

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