Pourquoi les choses ne sont-elles pas pires?

janvier 11, 2016

Le début d’une nouvelle année est un bon moment pour se demander pourquoi les choses ne sont pas pires dans notre monde. Alors que nous pouvons énumérer toutes les tragédies et horreurs de l’année écoulée et nous demander à quel point cette année sera mauvaise, nous devrions peut-être nous demander pourquoi il n’y a pas plus de choses qui vont mal dans notre monde.

Après tout, si la Bible enseigne que nous sommes tous pécheurs, pourquoi les gens font-ils de bonnes choses salutaires ? Pourquoi voulons-nous nous aider les uns les autres, rire et pleurer ensemble, aimer nos propres familles et vivre de façon créative ? Pourquoi sommes-nous atterrés par les mauvais actes des autres, comme par exemple par les atrocités de l’Etat islamique ? Pourquoi devrions-nous être aussi touchés par une photo d’un enfant réfugié noyé, étendu sur une plage ?

Pourquoi des gens qui n’ont pas entendu ou accepté l’Evangile, ou même ceux qui ont rejeté l’Evangile (ou tout au moins ‘l’églisianisme’), contribuent de manière positive à la civilisation humaine, découvrant de nouveaux remèdes pour les maladies, inventant des moyens pour améliorer le niveau de vie et se sacrifiant pour leurs enfants ? Pourquoi une société pécheresse ne chute pas tout simplement dans la spirale négative d’une dépravation croissante ? Pourquoi le Père, selon les paroles de Jésus, ‘fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie la pluie sur les justes comme sur les injustes ?’ (Matthieu 5:45)

La réponse d’Abraham Kuyper était ce qu’il appelait ‘la grâce commune’. Après les crues dévastatrices qui avaient presque anéanti la race humaine, Dieu promit à Noé de ne jamais plus permettre au péché de devenir si incontrôlable au point de détruire le monde et l’humanité – du moins jusqu’à ce que les objectifs divins aient été accomplis. L’arc-en-ciel nous rappelle cette promesse.

En d’autres termes, Dieu a mis des limites à l’influence du péché, de la mort et de Satan. Il a choisi de maintenir le cosmos et la vie humaine dans un état intermédiaire, empêchant la destruction totale et la dépravation jusqu’à ce que ses objectifs et ses promesses soient accomplies, lorsque ‘tous les peuples viendront se prosterner devant toi, Seigneur’ (Psaume 86:9).

Immérité

Cette protection était « commune » parce qu’elle était étendue à tous : bons et mauvais, riches et pauvres, croyants et incroyants. C’était « la grâce » parce que c’était une faveur divine imméritée, accordée souverainement. La grâce commune était étroitement liée – mais quand bien même distincte – de la grâce salvatrice, par laquelle les individus renaissaient spirituellement. Les deux grâces avaient pour but la restauration du monde entier jusqu’à ce qu’il reflète finalement la gloire de l’image divine, selon Kuyper.

La grâce commune est considérée de manière suivante :

  • Les soins durables de Dieu pour sa création, ‘soutenant l’univers par la puissance de sa parole’, la régularité des saisons, la productivité de notre planète avec des temps pour semer et pour récolter ;
  • les institutions gouvernementales à différents niveaux, y compris le gouvernement de la famille et le gouvernement civil. Même les parents païens savent qu’ils doivent élever leurs enfants afin qu’ils deviennent des adultes responsables, pour faire respecter l’ordre et la justice et punir les malfaiteurs. (Matthieu 7:9-10). Paul enseigne que les autorités civiles sont instituées par Dieu et sont même appelées ‘ministres de Dieu’ (Romains 13:1,6) ;
  • par le moyen de la conscience, la loi écrite dans nos cœurs, quelque chose de l’image de Dieu encore perceptible malgré la déchéance humaine (Romains 2:14-15) ;
  • par toutes sortes de progrès humains, aussi bien par des croyants que des incroyants, dans les domaines de la médecine, de la technologie, de la science, de l’ingénierie, de l’économie et du social, qui améliorent la vie des gens.

Etroitement liés sont les concepts de révélation générale (Dieu se révélant lui-même à tous à travers la création et la conscience) et de révélation spéciale (par le biais de la Bible et de Jésus-Christ, la Parole écrite et la Parole vivante).

Transformation

Le don de Dieu des compétences culturelles, aussi bien pour les croyants que les non (pré-) croyants permet une culture commune où les humains collaborent pour faire avancer la société à travers l’art, la science, l’économie et la politique. Cette compréhension de la grâce commune donna, aux disciples de Kuyper, une théologie et une raison pour des croyants de travailler ensemble avec des non-croyants pour un monde meilleur.

La grâce spéciale donna la compréhension des buts suprêmes pour de tels dons et compétences : la gloire de Dieu et la restauration de son intention initiale pour la race humaine. Les œuvres humaines ne peuvent jamais nous permettre de gagner cette grâce spéciale. Mais nous pouvons être reconnaissants pour tous les efforts humains qui ont amélioré et même prolongé nos vies : des hélicoptères qui nous emmènent rapidement à l’hôpital, une coopération mondiale en faveur d’une protection de l’environnement, des cours internationales qui traduisent les criminels de guerre en justice, etc.

Les chrétiens aux perspectives d’avenir sombres, comptant les guerres, les famines, les persécutions et les tremblements de terres, afin de voir à quelle distance de la fin nous sommes, ont tendance à rater le soutien de la main de Dieu dans les affaires humaines. Kuyper, fidèle aux enseignements de Calvin, est le père d’un engagement proactif des chrétiens dans les affaires culturelles, sociales et politiques, vers une ‘transformation’ de la société.

Ce qui ne remplace pas la nécessité pour les gens d’expérimenter la grâce salvatrice qui sauve. Mais cela veut dire que la prochaine fois que nous verrons un arc-en-ciel, nous devrions nous rappeler que Dieu n’en a pas encore fini avec nous.

 


À la semaine prochaine,

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