Un fossé générationnel semble avoir émergé dans mon cercle d’amis chrétiens en réponse au référendum irlandais sur le mariage homosexuel.
Après que la majorité des votants ait soutenu le OUI, les commentaires Facebook et les ‘j’aime’ ont révélé (pour moi) un degré surprenant de soutien au résultat de la part de la plus jeune génération de chrétiens que je connais.
Je suis sûr que les autres de ma génération (généralement silencieux) sont quelque peu déconcertés par ce qui a provoqué un tel changement radical de perspective, d’apparence contradictoire avec l’enseignement biblique qu’ils ont essayé de transmettre à leur progéniture.
Ce qui me déconcerte est la vitesse à laquelle ce changement mondial a eu lieu. Les Pays-Bas furent le premier pays à légaliser le mariage homosexuel, ironiquement le 1er avril 2001 (ne blaguons pas). Et maintenant, même les Irlandais conservateurs suivent les Néerlandais ‘progressistes’, à peine quatorze ans plus tard.
Alors que je prépare un nouveau site web pour les pensées de la semaine, j’ai récemment revu certaines de mes toutes premières pensées, en 2001. Une d’elles retint mon attention avec le titre ‘L’imam, le rabbin et le rédacteur gay’. À cette époque, le gouvernement néerlandais était une coalition violette de libéraux et socialistes avec un point commun : un agenda antichrétien cherchant à créer une nouvelle image de la Hollande avec une politique ‘progressiste’ sur l’euthanasie, le mariage homosexuel, la prostitution et la drogue.
Superflu
Le rédacteur gay que je citais n’était autre que Pim Fortuin, qui ne s’était pas encore lancé en politique et écrivait des articles pour le magazine hebdomadaire Elsevier. Un an plus tard, son nom devint connu de tous en Hollande, en tant qu’aspirant Premier ministre flamboyant et ambitieux de devenir le premier dirigeant européen, accompagné, dans de grandes occasions, d’un beau jeune partenaire masculin. Cependant, avant que les élections n’aient lieu, il devint mondialement célèbre lors de son terrible assassinat près des studios de télévision d’Hilversum en mai 2002.
Ce que Pim Fortuin écrivit peu de temps avant ma pensée de la semaine du 21 mai 2001 ne mit pas seulement en question la sagesse du gouvernement concernant la politique de la drogue et de l’euthanasie ; il qualifia la nouvelle législation sur le mariage homosexuel de ‘ridicule’ et ‘superflue’.
‘Le mariage est une institution mondialement réservée pour un lien entre un homme et une femme’, écrivit-il dans Elsevier, ‘apportant à toute famille résultante la nécessaire protection légale, sociale, émotionnelle, mentale et culturelle.’ Il ajouta ensuite : ‘J’ai vraiment été surpris de voir comment les hétérosexuels ont laissé cette institution être appliquée si facilement aux relations homosexuelles’. Pourtant, une telle déclaration aujourd’hui risquerait d’être dénoncée comme ‘homophobe’. Mais regardez qui faisait cette déclaration !
Courage
Ce climat d’intolérance, au nom de la tolérance me dérange et cela ne me rassure pas que nous traitions ici des problèmes de justice, longuement reniés, sur le même pied d’égalité que l’esclavage et l’émancipation de la femme.
Le rabbin que je mentionnais dans ma pensée de la semaine était Jonathan Sacks, que j’ai périodiquement cité au fil des ans. A cette occasion, il se lamentait du fait que chaque déclaration publique de moralité personnelle serait accueillie par une salve de désapprobation. Au nom de la tolérance, nous avions enseigné que chaque style de vie alternatif était légitime. Le jugement moral, autrefois une vertu, était tabou, et même sermonneur. Le relativisme moral avait détruit notre boussole morale, disait-il.
Ce qui était juste était devenu ce qui ne nuisait pas à autrui, et avec le temps, dégénérait en ce que je ressentais vouloir et me permettre de faire. Mais étant donné que nous ne partagions plus de code moral, comment pouvions-nous nous mettre d’accord sur ce qui constituait un préjudice pour autrui ? L’avortement ? L’interruption des appareils d’assistance respiratoire ?
Reconnaître les droits des autres de choisir leur style de vie était une chose. Exiger que personne ne remette en question ‘la légitimité’ de ces choix en était une autre. Un tel politiquement correct, argumentait-il, était l’intolérance au nom de la tolérance, réduisant la voix raisonnée de l’opposition au silence.
Rabbi Sacks encourageait ses lecteurs à faire appel au courage afin de reconstruire un consensus moral, en commençant par la plus fondamentale des questions : quel genre de monde souhaiterions-nous léguer à nos enfants ou petits-enfants ?
Quel sera l’effet à long terme du déplacement des anciennes bornes du mariage (Proverbes 22:28) ? Que vont faire les futurs historiens de ces premières années du 21ème siècle, où la seule institution garantissant l’avenir de la race humaine fut radicalement redéfinie ?
Je crains de ne pas pouvoir accepter la gymnastique théologique de ceux qui essaient de faire en sorte que la Bible justifie ces nouvelles interprétations.
Permettez-moi de ne pas être d’accord.
À la semaine prochaine,