Déménager pour la première fois, après près de quatre décennies, peut être un exercice profondément nostalgique.
De vieilles lettres de votre vie prémaritale, ou bien du temps de votre mariage et de la naissance de vos enfants, refont surface, vous forçant à admettre qu’une longue vie a été vécue et que beaucoup de temps s’est écoulé. De vieilles boîtes trouvées dans des armoires, dans le grenier et dans la cave, contenant des vêtements de bébé de vos enfants, trop petits pour aller à leurs propres enfants. De vieux sacs et de vieilles valises que vous avez oublié avoir possédés, ravivent des souvenirs de plusieurs voyages dans des contrées lointaines. Vous vous arrêtez et vous vous demandez si vous osez ouvrir la boîte de pandore pour en explorer le contenu, avant de les jeter par la fenêtre pour une élimination ultérieure.
De vieux livres que personne ne voudrait lire aujourd’hui sont retirés des classiques qui valent la peine d’être gardés. De vieilles machines à écrire, des claviers et des ordinateurs sont témoins du changement exponentiel que nous avons fini par accepter comme normal. De vieilles chemises de caftan que votre mère avait faites quand vous étiez encore célibataire, vous rappellent les bons vieux jours hippies. De vieilles tentes éveillent des souvenirs vagues de voyages d’été quelque part et parfois au cours du dernier millénaire.
Tout cela suscite une profonde gratitude pour la famille, les amis et la fidélité de Dieu qui ont enrichi ces quatre décennies.
Sens
Comptez plutôt cinq décennies. Car cette semaine, par pure coïncidence, mes anciens camarades de lycée se rassemblent, après cinquante ans, à l’autre bout du monde, pour une réunion que je vais devoir manquer. Une avalanche de courriels, partageant des histoires de vie, a rajouté une couche supplémentaire de nostalgie à tout ce qui précède. Un camarade de classe est devenu physicien et a fait partie de l’équipe qui découvrit le « boson de Higgs », le faisant sauter dans le collisionneur de Hadron – une perspective très troublante. Un autre recommandait le titre « Chaque fois que je trouve le Sens de la Vie, ils le modifient. »
En effet, les réunions et les déménagements sont des événements qui nous obligent à réfléchir sur la vie et son sens. Qu’avons-nous fait de nos vies ? Quels ont été les fruits de nos efforts ? Sur quelles valeurs avons-nous choisi de construire ?
Aujourd’hui, des dirigeants d’églises de notre district viennent également pour un dîner annuel au Centrum ‘s Heerenhof, un événement que nous avons organisé ces dernières années pour la prière, la communion fraternelle et le partage. Romkje et moi-même parlerons de notre déménagement à Amsterdam et commenterons nos années à Heerde. Lorsque nous avons commencé ici à Heidebeek, avec Floyd et Sally McClung en 1975, nous étions considérés comme un groupe de hippies bizarre et étranger ne partageant aucune affinité avec les gens du coin. Nous étions les nouveaux arrivants. Cela n’a pas aidé d’appeler la semaine de démarrage des événements de mission d’été, ‘the kick-off’, un nom qui confirmait aux voisins que nous étions tous des drogués*.
Le temps et la cohérence ont établi un climat de confiance au cours des décennies. Des dirigeants et des pasteurs sont venus et sont partis et ma femme et moi nous retrouvons désormais les ‘vieux’ du groupe. Un changement majeur survint dans les années 90 lorsque Romkje démarra les groupes Alpha, d’abord dans notre maison et se répandant ensuite dans presque toutes les églises des villes environnantes. Le Centrum ‘s Heerenhof a été un endroit de nouveaux départs – pour beaucoup d’individus mais aussi pour des initiatives comprenant des enregistrements de louange dans les années 80, un réseau national d’écoles primaires évangéliques, une chaîne nationale de libraires, des conférences de renouveau pour des pasteurs en général, l’organisation de beaucoup de congrès et de conférences, et plus encore.
Rebible
Des signes encourageants émergent, montrant que la réflexion sur les racines peut bien se produire à plus grande échelle. Inez van Oord, l’éditrice de Happinez, un magazine en papier glacé Nouvel Âge, très populaire, offrant le bonheur à travers une gamme de spiritualités orientales, a récemment publié un livre intitulé Rebible, dans lequel elle redécouvre les histoires du livre de sa jeunesse. Sa capacité à ‘ressentir les tendances’ avant le grand public lui a permis de lancer plusieurs publications qui ont beaucoup retenu l’attention des lecteurs. Au sujet de son dernier livre, elle dit que ‘ces dernières années, nous avons adopté Bouddha comme un nounours, lu des gourous spirituels et visité des ashrams et des monastères en Inde, et finalement vous vous demandez : quelles sont mes racines, d’où je viens ? C’est en fait le Christianisme. Nous sommes nés sur une terre chrétienne. J’ai laissé passer les années, mais j’ai trouvé le moment opportun pour explorer la spiritualité chrétienne. La bonne chose est : nous pouvons le faire à nouveau. C’est bon de parler de Moïse. Vous voulez savoir qui vous êtes. Qui sait ? Peut-être est-il plus familier de revenir au Christianisme. Cela a enraciné ma jeunesse, c’est de là que je viens. Donc la question est : que puis-je faire avec cela ?’
Si Inez a raison dans son intuition, nous pourrions bien entrer dans une période où le vide spirituel de notre âge séculier incitera bien d’autres personnes à réfléchir sur leurs racines spirituelles. C’est ce que le philosophe Charles Taylor conclut dans son livre très célèbre ‘L’âge séculier’ : « Nous sommes au début d’une nouvelle ère de recherche religieuse, dont personne ne peut prévoir le dénouement. »
* Kick-off drugs est une expression anglaise désignant le fait d’essayer d’arrêter la consommation de drogues.
À la semaine prochaine,
[…] du magazine de spiritualité à succès Happinez. Comme mentionné dans une précédente pensée de la semaine, Inez van Oord affirme dans son livre Rebible que « nous avons câliné des bouddhas et des […]