Trois mois après avoir déménagé au cœur d’Amsterdam, à maintes reprises, Romkje et moi, nous nous retrouvons à la fois surpris et reconnaissants. Surpris par la découverte de nouvelle vie dans des endroits inattendus. Reconnaissants pour ce que nos collègues de Jeunesse en Mission décrivent comme un changement dans le climat spirituel de la ville.
En tant que nouveaux venus dans le quartier, nous avons décidé de rencontrer différents dirigeants d’églises de la ville, leur demandant de nous aider à voir la ville à travers leurs yeux. Voici donc quelques premières impressions.
La réputation d’Amsterdam en tant que ville impie, où tout est permis, n’est pas le mot de la fin. Oui, la ville a encore son infâme Red Light district auquel Floyd McClung faisait allusion dans le titre de son livre de 1988, Living on the devil’s doorstep (Vivre à la porte du diable). Et oui, vous pouvez encore presque planer avec l’odeur de l’herbe tout en marchant à travers les différents quartiers.
Mais quelque chose d’autre se passe aussi dans la ville. Alors que durant des décennies, les églises perdaient des membres nominaux, peu de ceux qui assistent aujourd’hui le font simplement par habitude ou par attente sociale. Peut-être que le fond du trou a été atteint il y a quelque temps. Ceux qui maintenant remplissent littéralement les églises de la ville le font intentionnellement, pour être à la recherche de Dieu. Ou, en utilisant les mots d’un jeune pasteur, ‘Dieu connaît’.
Des dénominations traditionnelles plantent activement de nouvelles formes de communautés dans de nouveaux quartiers, ainsi que diverses « importations » comme les églises de migrants, Hillsong, Vineyard et d’autres réseaux internationaux.
Rob Visser, pasteur des églises protestantes de la ville d’Amsterdam jusqu’à récemment, dit que presque chaque rue a une sorte d’histoire spirituelle. Il souligne que plus de 200 communautés religieuses différentes coexistent à Amsterdam, dont beaucoup apportent de la compassion à ceux qui sont en marge de la société. Afin d’aider, aussi bien les habitants que les touristes, à découvrir le rôle de la foi dans la formation de la ville, à la fois dans le passé qu’actuellement, il a développé une visite à pied, avec une brochure et une application, appelées (appelé) Une ville pieuse (Een goddelijke stad).
Culte animé
Visser explique que la riche histoire de la religion et des églises d’Amsterdam a contribué à donner à la ville sa réputation de liberté, de tolérance et de diversité. Il cite l’écrivain néerlandais Geert Mak, qui décrit à quel point le conseiller du Roi Louis XIV fut surpris par tous les groupes vivant côte à côte à Amsterdam. Des Anabaptistes aux Quakers, et des Moscovites aux Libertins, ‘sans même parler des Juifs, des Turcs et des Perses’. A l’époque, tout comme aujourd’hui, ils vivaient tous ensemble ici paisiblement.
Amsterdam, déclare-t-il, est une ville d’églises où Dieu est adoré et Dieu est pratiqué. La Westerkerk (l’Eglise de l’Ouest) est étroitement liée à l’histoire d’Anne Frank ; la Oude Kerk (la Vieille Eglise) avec le Red Light District (les membres de l’église exigeaient que les maisons closes soient identifiées avec des lumières rouges afin de protéger leurs propres femmes) ; et la Noordekerk (l’Eglise du Nord) avec le district de la classe ouvrière du Jordaan.
Hier, Romkje et moi-même avons assisté à un culte animé avec des familles, des jeunes et des vieux, dans l’église protestante Noordekerk. Le sermon chaleureux et éloquent, centré sur Christ, invitait la congrégation, avec ferveur, à célébrer la bonté et la présence de Dieu.
Dans la brochure d’information que nous avons reçue à la porte, nous découvrions l’existence d’un dialogue entre le conseil municipal et les communautés religieuses d’Amsterdam au sujet du rôle de la religion dans la ville. Les autorités de la ville ont récemment reconnu la nécessité de ce dialogue pour gérer des problèmes concernant les différentes communautés religieuses de la ville.
Post-séculier
Les chiffres officiels, lisions-nous, montraient que seulement une personne sur cinq, parmi les non-religieux de la ville, se disait athée. Les autres indiquaient qu’ils étaient sur une sorte de chemin spirituel, même en tant qu’agnostiques. D’un tiers des Amstellodamois qui se considéraient comme religieux, 43 pour cent étaient chrétiens, 38 pour cent étaient musulmans. La plupart des autres reconnaissaient être à la recherche d’un sens à leur vie.
Dans le courant du mois, ce dialogue se poursuivra avec une soirée à la Noordekerk, avec des politiciens, juste avant les prochaines élections communales. A l’ordre du jour figurent l’écart entre les riches et les pauvres, la solitude, les réfugiés et l’intégration, la moralité et les valeurs en politique et le rôle de la religion dans la ville.
Cette nouvelle ouverture, de la part du conseil communal, pour le dialogue sur la place de la foi dans la ville, reflète ce que certains appellent la phase ‘post-séculière’ à laquelle la société occidentale est arrivée récemment : où les sécularistes reconnaissent la légitimité et la nécessité du rôle des communautés religieuses sur la place publique, au lieu d’insister sur le fait que la religion soit reléguée dans la sphère privée.
En revenant à pied à notre appartement, nous passions devant un bâtiment néo-gothique au moment où un couple sortait d’une porte latérale. La curiosité nous a attirés à l’intérieur. A notre grande surprise, nous avons découvert une immense église richement décorée, bourdonnant avec plusieurs centaines de fidèles. « Y-avait-il quelque chose de spécial qui se produisait ici ? » demandions-nous. « Oh non », nous répondit-on, « cette église est remplie chaque semaine de protestants et de catholiques adorant Dieu ensemble ». Plus de 800 personnes s’étaient dernièrement rassemblées ici pour un repas de Noël, avons-nous appris.
En retournant chez nous, nous nous sentions surpris et reconnaissants de découvrir ces églises qui, toutes, recherchaient le bien-être de la ville.
À la semaine prochaine,