Et le gagnant est…

février 22, 2016

 

Donc, David Cameron a obtenu une espèce d’accord. Il doit maintenant convaincre son électorat britannique à voter pour rester dans l’Union européenne. En regardant la situation dans son ensemble, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur d’une possible sortie britannique (Brexit) : Vladimir Poutine.

Ce seul fait devrait suffire pour informer les Britanniques sur la manière de voter. Poutine a calmement construit son cheval de Troie au sein du Parlement européen, courtisant aussi bien les extrémistes de gauche que de droite. Pendant qu’il invective les ‘fascistes’ de Kiev, Poutine, dans le même temps, acclame Marine Le Pen comme la plus grande politicienne en Europe. Le Pen, à son tour, a soutenu la prise de contrôle de la Crimée par Poutine. Promouvant sa propre marque de nationalisme russe, il investit dans les efforts des Le Pen, des Wilders, des Orban et des Farage de l’ Europe pour saper la solidarité européenne.

Un Brexit serait une victoire pour sa campagne d’érosion du modèle ‘d’unité dans la diversité’ qui a été développé durant les soixante-six dernières années, depuis la proposition de Robert Schuman de créer la Communauté européenne du charbon et de l’acier, le 9 mai 1950.

Je comprends les électeurs britanniques. Ils sont obligés de prendre une décision pour le référendum du 23 juin, dans une atmosphère très émotive, nourrie par des arguments des deux camps trop souvent réduits à l’économie. Je me suis souvent demandé ce que les britanniques avaient fait pour mériter leur presse tabloïde unique en son genre, qui crie des demi-vérités dans leurs titres de plus de cinq centimètres de police de caractère, comme si les lecteurs étaient des imbéciles. Le résultat du vote prouvera ce jugement erroné, j’en suis certain.

Dissolution

Je compatis parce que les électeurs sont confrontés à un choix de Hobson : aucune issue ne sera satisfaisante. Un ‘non’ les laissera à l’extérieur d’un bloc socio-politico-économique encore puissant qui façonnera une grande partie de leur avenir, mais sans une place à la table des négociations (comme la Norvège et la Suisse d’aujourd’hui, dont les lois sont tranquillement alignées sur celles de la législation de l’UE, sans que leur public n’en ait conscience). Le soi-disant Royaume-« Uni » est divisé sur le vote selon les lignes nationales : les Ecossais, les Gallois et les Irlandais du Nord sont généralement pro-UE. Si le ‘non’, largement anglais, prédomine, ces divisions pourraient augmenter, forçant peut-être un nouveau référendum écossais, et qui sait, une dissolution du Royaume-Uni.

Pourtant, un ‘oui’ laisserait la Grande-Bretagne faire partie d’une UE qui a perdu sa boussole morale. Un malaise spirituel, une crise dans l’âme de l’Europe, est mis à nu par la crise des réfugiés. Beaucoup d’Européens ne donnent qu’un intérêt de pure forme aux valeurs professées de solidarité, de liberté, d’égalité et de dignité humaine. Le regain d’une mentalité ‘fasciste’ de Blud-und-Boden (sang-et-sol) prêché par les amis européens de Poutine, mentionnés ci-dessus, et gagnant maintenant les Républicains d’Amérique, est une cause d’inquiétude. Cette mentalité juge les gens sur base de la race et du territoire, une attitude fondamentalement antichrétienne. En Christ, disait Paul, il n’y a ni Juif, ni Gentil (ancien païen). L’évangile chrétien révolutionnaire déclare que nous pouvons tous recevoir des nouvelles identités en Christ.

Réponses

Quelle est donc la réponse ? Ne pas quitter le navire, mais se demander pour quel genre d’Europe nous devrions travailler. Le projet européen est né après la Deuxième guerre mondiale, principalement par des croyants se posant cette question, dans des moments plus critiques que maintenant. Qu’était leur vision à l’époque? Comment pouvons-nous récupérer cette vision aujourd’hui ? Et quelle est notre responsabilité et notre contribution, en tant que croyants, dans ce processus ?

Voici la bonne nouvelle. Dieu suscite son peuple à répondre de manière proactive. Lundi soir, j’étais à Bruxelles pour la présentation du livre, God and the EU, faith in the European project (Dieu et l’UE, foi dans le projet européen), une initiative britannique (!) pour encourager l’action éclairée à façonner l’avenir de l’Europe sur des fondements moraux et spirituels sains. Mardi, j’étais à La Haye afin de rencontrer les leaders du réseau de prière EU of Prayer (Union européenne de prière), en vue d’une préparation d’une semaine de prière, en avril, durant la présidence néerlandaise de l’Union européenne. Mercredi, j’étais à Amsterdam afin de travailler sur les préparatifs du Forum sur l’état de l’Europe qui se tiendra là-bas les 8 et 9 mai prochains, à l’occasion du soixante-sixième anniversaire de la Déclaration Schuman mentionnée ci-dessus. Un événement où des politiciens, des économistes, des environnementalistes, des activistes, des théologiens, des dirigeants d’église, des universitaires et des pédagogues se rassembleront pour discuter de l’avenir de l’Europe. Jeudi, j’ai rencontré Roy Searle, un leader d’église britannique bien connu aux Pays-Bas afin de parler du nouveau monachisme en tant que nouveau modèle missionnaire pour reconstruire la société.

Samedi, j’ai assisté au dernier des trois jours de la European Social Week (La semaine sociale européenne), un rassemblement d’Européens en provenance du monde des affaires, de la politique, de l’église et de la société, intéressés à façonner une Europe basée sur des valeurs chrétiennes. Parmi d’autres contributions encourageantes, j’ai entendu parler du modèle de la coopérative Mondragon, au Pays Basque, le septième plus gros groupe industriel d’Espagne. Développé sur base de l’enseignement catholique social, la coopérative comprend 260 entreprises et coopératives, avec un chiffre d’affaires annuel total de 11.875 millions d’euros, sans avoir jamais licencié l’un de ses 74.000 travailleurs, après soixante ans ! Les plus gros salaires ne sont pas plus élevés que six fois le salaire minimum. Oui, il y a des réponses à trouver. Ce n’est pas le moment de jeter l’éponge.

Tous ceux qui sont intéressés à chercher de telles réponses sont vivement encouragés à nous rejoindre à Amsterdam pour le Forum sur l’état de l’Europe. Les inscriptions sont désormais possibles.


À la semaine prochaine,

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