Cette semaine, aux Pays-Bas, nous votons l’approbation de l’accord d’association Ukraine – Union européenne. Malheureusement, ceci n’est pas uniquement une affaire néerlandaise. Le seul et cynique but des initiateurs de ce referendum est de détruire l’Union européenne. Si les résultats des votes sont négatifs – et les sondages estiment qu’ils le seront – ceci aura des implications pour les Ukrainiens d’abord, et pour les Européens en général.
Les initiateurs eurosceptiques jouent sur les peurs populaires au sujet des problèmes des réfugiés et de la migration. Que le referendum soit au sujet de l’Ukraine, c’est en réalité fortuit. Ils ont trouvé un moyen de recueillir suffisamment de signatures via internet pour exiger le premier de, ce qu’ils espèrent être, une série de referenda sur diverses questions afin de ‘démocratiser’ la politique, disent-ils, exigeant une implication populaire. Ce qui peut sembler démocratique se dirige vers une politique « Facebook » – et nous savons tous quels déchets les gens y postent.
Sans être juridiquement contraignant, un résultat négatif pourrait forcer le gouvernement à réévaluer son approbation antérieure de l’accord qui doit être ratifié par les 28 Etats membres de l’Union européenne. La BBC rapporta le rêve des Ukrainiens de voir leur pays échapper à la fosse de la corruption et au chaos. « Ils luttent toujours pour s’en sortir. Les électeurs néerlandais ne devraient pas marcher sur leurs doigts. »
Je suis contrarié que des activistes néerlandais soient si insensibles à l’aspiration des Ukrainiens, et que l’indifférence et l’ignorance du public néerlandais sur cette question est d’aider et d’inciter leurs efforts pour donner une victoire à Poutine ; surtout compte tenu de la preuve de l’implication des autorités russes dans la destruction du vol MH17. Que ce soit consciemment ou pas, ces populistes font effectivement partie du cheval de Troie européen de Poutine. Tous leurs arguments sont en accord avec la propagande russe de base.
Spectacle
Bon, qu’est-ce que cela a à voir avec la peinture de Jérôme Bosch, « Le jardin des délices » représenté ci-dessus ? Et bien, il s’agit des frontières de la liberté. Ce week-end, Romkje et moi avons visité l’exposition, affichant complet, des œuvres du célèbre artiste néerlandais, rassemblées pour la première fois de l’Histoire, dans sa ville natale de Bois-le-Duc. Bosch a été fortement influencé par le mouvement de la Dévotion moderne, comme je l’ai écrit auparavant, et a traité des thèmes du bien et du mal, de la vertu et du péché, du ciel et de l’enfer, dans de nouvelles manières surprenantes et saisissantes dans son art. Bien que parfois décrit comme un pornographe, il était en réalité un moraliste, avertissant des conséquences de la fausse liberté.
La scène, dépeinte ci-dessus, de cavaliers nus sur des animaux, en cercle, peut être comprise comme une satire du spectacle des cours princières de son temps. Placé entre deux panneaux décrivant le paradis et l’enfer, la pièce centrale déclare que la liberté a besoin de retenue.
Ce qui peut ressembler à l’argument populiste contre les frontières ouvertes : ‘nous devons protéger notre liberté en construisant des murs pour garder en-dehors ceux qui sont différents.’ Mais construire des murs n’est pas la même chose que de garder les frontières. Les murs empêchent les gens d’entrer. Les frontières régulent le trafic.
Cette question est cruciale en Europe aujourd’hui : la liberté et les frontières. Le thème du Forum sur l’état de l’Europe, le mois prochain à Amsterdam (8 et 9 mai), est le paradoxe que la liberté a besoin de frontières pour être durable. Nous assistons à une polarisation entre ceux exigeant des murs et un retour au nationalisme, et ceux plaidant pour l’ouverture. Certains suggèrent, bien que ce soit une tension saine dans une démocratie, qu’une société ouverte a besoin de rechercher le milieu moral.
Persuasion
Dans un monde sans frontières, post-moderne, post-communiste et post-national, la démocratie et le capitalisme néo-libéral étaient considérés comme l’avenir mondial. Beaucoup prennent conscience de l’illusion de ce rêve. Mais est-ce que la réponse est d’ériger des murs et de retourner au nationalisme ? Trouver ce milieu moral sera un dur labeur.
Bosch aborde le cœur des questions de la liberté. La vraie liberté commence dans le cœur, en juste relation tout d’abord avec Dieu, et ensuite avec d’autres humains. La liberté, dans ce sens, a besoin de valeurs spirituelles, de discipline internalisée et d’autogouvernement. La vérité nous rendra libres, promettait Jésus. Et là où est l’Esprit, là est la liberté.
Pourtant, Bosch ne peignait pas pour les institutions religieuses, mais pour les princes, les rois et les empereurs : les acteurs dans le monde de la politique et du pouvoir. Alors, comment cela se traduit-il à notre situation en Europe aujourd’hui ? Le débat sur la liberté et les frontières est celui qu’en tant que disciples de Jésus, nous ne devons pas esquiver et spiritualiser. Oui, Paul nous dit que les armes de notre guerre ne sont pas charnelles mais sont puissantes pour renverser des forteresses spirituelles. La prière est cruciale.
Mais Paul comprit également le pouvoir de persuasion (Actes 13:34 ; 17:4 ; 18:4 ; 19:8 ; 28:23). Un politicien norvégien poussa une fois dans ses retranchements un collègue de JEM en lui demandant : « Pourquoi vous, les chrétiens, offrez des réponses aux questions que nous ne posons pas, mais ne répondez pas à celles que nous posons ? »
C’est pour cette raison que nous nous rassemblerons à Amsterdam dans cinq semaines : pour comprendre les questions d’aujourd’hui, pour chercher ce ‘milieu moral’, et pour apprendre comment convaincre sur les questions à propos de la liberté concernant les réfugiés, les migrants, le soin responsable de la création, la famille, le rôle des églises en Europe aujourd’hui, et l’avenir de l’Union européenne.
À la semaine prochaine,