Se souvenir et construire

août 22, 2016

Ceci est le dernier des quatre extraits hebdomadaires du texte du Masterclass, Europe and the Gospel (L’Europe et l’Evangile), par le professeur Evert Van de Poll. Cette édition spéciale peut être obtenue par l’intermédiaire de Schuman Resources.

EVdP: À mi-chemin entre les bâtiments impressionnants du Conseil européen et du Parlement européen, à Bruxelles, se trouve une petite chapelle. Elle semble un peu perdue dans ce quartier dominé par les bureaux de l’Union européenne. Là se dresse la Chapelle de la Résurrection, contigüe à un ancien couvent transformé en bureaux.

En 2002, elle fut confiée aux Jésuites afin d’être utilisée comme un centre de nourriture spirituelle pour les personnes travaillant dans le quartier européen de Bruxelles. Depuis lors, ce lieu d’adoration est aussi appelé ‘la Chapelle de l’Europe.’

Pas à sa place, cette petite chapelle ? On pourrait penser que ce n’est qu’un autre vestige du passé, un souvenir d’une époque révolue. Malgré cela, elle ramène le christianisme à la mémoire des fonctionnaires, des lobbyistes et des preneurs de décisions. Elle invite les chrétiens à se souvenir et à construire, à prier et à s’impliquer, d’une manière ou d’une autre.

Comment les églises répondent-elles  à la construction de ‘l’Europe’ ? L’Eglise catholique romaine a toujours eu un vif intérêt. Les protestants œcuméniques ont exprimé des opinions plus nuancées, (retenant) l’idéal d’une Europe pacifique, mais critiquant l’intérêt de l’Union européenne pour une économie de marché libre au détriment de la protection sociale. Plusieurs dirigeants orthodoxes orientaux ont approuvé l’idéal de l’unité européenne (tout en étant) critiques envers le matérialisme et le sécularisme des Européens occidentaux.

Comme on pouvait s’y attendre, dans un mouvement caractérisé par l’autonomie des églises et des organisations, il n’existe pas de réponse évangélique. Différents points de vue existent :

  • Rejet suspicieux – Des chrétiens pré-millénaristes considèrent l’Union européenne comme un type (si pas l’incarnation réelle) de l’antichrist, la Bête de la fin des temps décrite dans le Livre de l’Apocalypse. Certains protestants réformés craignent que l’Union européenne se révèlera être encore une autre tentative de créer une unité politique s’étirant à travers l’Europe, avec des liens étroits avec l’Eglise de Rome. (Certains) craignent qu’elle remplacera à terme la souveraineté nationale à laquelle beaucoup de chrétiens sont attachés.
  • Critique de l’Eurocentrisme – (Certains) évangéliques critiquent la politique économique protectionniste de l’Union européenne, comme un traitement injuste des pays les plus pauvres, ou la politique d’immigration. Certains considèrent que toute cette idée d’une unité ‘européenne’ est en fait une tendance à l’Eurocentrisme. Les directives de l’Union européenne faisant appel à la tolérance et dirigées contre la discrimination pour des raisons de race, de religion, d’orientation sexuelle, etc., (font naitre la peur de) l’imposition de vues éthiques en contradiction avec la moralité chrétienne traditionnelle, par exemple dans le domaine de l’autorité parentale, de l’homosexualité, du mariage de même sexe, de l’adoption, des expériences médicales, de l’avortement, et ainsi de suite.
  • Une approche constructive nuancée – Selon une déclaration de l’Alliance évangélique européenne (EEA) (‘The European Union’, dans EEA Perspectives, Septembre 2005), les évangéliques n’ont pas réfléchi de manière adéquate à l’Union européenne et à la configuration future de notre continent. Si l’Union européenne est une communauté de nations travaillant ensemble afin de régler leurs différends par la politique plutôt que par le conflit, alors les chrétiens voudront la soutenir activement. Si, d’un autre côté, l’Union européenne est un ‘super-état’ embryonnaire, alors les principes bibliques pourraient nous mener à être préoccupés des risques liés à la concentration du pouvoir dans les mains de moins de personnes déchues.

En tant que chrétiens, nous devons nous demander quelles formes d’intégration européenne favoriseront le plus les valeurs bibliques dans le système politique et économique. L’Union européenne a besoin d’être axée sur des valeurs et pas seulement sur l’économie. Qu’est-ce que cela signifie ? (La déclaration appelle à : )

Une Europe engagée dans la réconciliation, la paix, la liberté de conscience, la religion et la Convention européenne des Droits de l’Homme. Une Europe marquée par le respect de chaque individu, le caractère sacré de la vie, et de l’institution de la famille. Une Europe engagée pour les pauvres et les démunis : une Europe où les sans-voix ont une voix, où des opportunités sont créées pour les personnes défavorisées et des possibilités rédemptrices sont encouragées, aussi bien pour les victimes que pour les coupables. Une Europe avec une identité forte, dont l’autodéfinition encourage néanmoins activement les Européens à prendre leur place en tant que partenaires avec le reste du monde, devrait humblement reconnaître qu’elle a beaucoup à apprendre aussi bien qu’à donner.

En bref, une Europe façonnée par ces valeurs intemporelles qui ont joué un rôle si important dans la formation du passé : une Europe progressiste engagée à surmonter les animosités historiques, et à apporter une contribution généreuse au bien-être du reste du monde.

Cette déclaration montre la voie entre l’euphorie et le rejet ; elle encourage les chrétiens à jouer un rôle constructif.

La Chapelle, dans le quartier européen de Bruxelles, est bien placée. Mais toute communauté d’église, n’importe où au sein du continent, peut être ‘une Chapelle pour l’Europe.’ Des Chapelles pour l’Europe –des lieux de prière pour les décideurs européens, pour intercéder pour nos politiciens nationaux.

 (c) Evert Van de Poll: Europe and the Gospel


À la semaine prochaine,

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