Il y a exactement 70 ans, les troupes canadiennes libéraient les villes de notre région des Pays-Bas de l’occupant Nazi, au milieu de scènes d’euphorie. Des événements de commémoration et des cortèges se déplaçant vers le nord, de ville en ville, réveillent les souvenirs des anciens et créent la mémoire des jeunes.
Certains souvenirs sont douloureux. Dans notre localité de Heerde, une cérémonie s’est tenue la semaine dernière sur un pont enjambant un canal proche, où 20 membres de la résistance néerlandaise, ainsi que des habitants locaux innocents, furent impitoyablement exécutés par des soldats allemands battant en retraite, 4 jours avant que les Alliés n’arrivent. Les combattants clandestins essayaient d’éviter la destruction du pont par les occupants en fuite. Il y a quelques jours, l’exécution tragique de Dietrich Bonhoeffer, quelques semaines avant la fin de la guerre, a aussi été commémorée dans le monde entier.
D’autres souvenirs rappellent la joie de la liberté, des retrouvailles entre bien-aimés, et de la restauration de la vie normale, même de l’autre côté du globe. Ma mère a souvent décrit le moment où elle a vu son fiancé descendre du train alors qu’elle attendait au milieu d’une foule dans l’expectative, à la gare d’Auckland. Mon père rentrait à la maison après 4 longues années de séparation, alors qu’il était avec les troupes ANZAC au Moyen-Orient et en Europe.
N’oublions pas
Alors que les événements d’il y a 70 ans sont célébrés, nous nous rappelons aussi de la Grande Guerre de 14-18, et en particulier de la campagne de Gallipoli qui débuta, en Turquie, il y aura exactement 100 ans, le week-end prochain. Les forces alliées tentèrent de s’emparer du détroit reliant la Russie à la Méditerranée dans une campagne désastreuse causant la mort de plusieurs milliers de personnes, au sein des troupes australiennes et néo-zélandaises (les ANZAC). La victoire turque fut une étape clé vers la déclaration de la République de Turquie, 8 ans plus tard, sous Atatürk, qui monta d’abord en puissance en tant que commandant à Gallipoli.
Gallipoli marqua aussi la naissance de la conscience nationale, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le 25 avril, date du débarquement, est connu comme Anzac Day, un jour solennel de commémoration pour les disparus des deux pays, commençant par une cérémonie religieuse à l’aube, en présence de plusieurs milliers de personnes. A de telles occasions, un hymne est inévitablement chanté : God of our fathers, de Rudyard Kipling, lauréat du Prix Nobel et poète de l’Empire britannique. Cet hymne inspira l’inscription sur beaucoup de mémoriaux dans le Commonwealth britannique : ‘Lest we forget’ (ne l’oublions pas).
De manière ironique, alors que ces paroles sont chantées, leur sens originel a été oublié. Kipling ne les a pas écrites en souvenir des disparus, aussi important que cela puisse être. Elles étaient une prière à Dieu pour la miséricorde envers la Grande-Bretagne et ses territoires, afin qu’ils n’oublient pas leur Dieu et n’abandonnent pas leur foi chrétienne :
Voici, toute notre pompe d’hier
Est un avec Ninive et Tyr !
Juge des Nations, épargne-nous encore,
Ne l’oublions pas – Ne l’oublions pas!
Mémoires courtes
Une des instructions répétées dans l’Ancien Testament est : ‘Souvenez-vous!’, ‘N’oubliez-pas!’ Souvenez-vous de la bonté de Dieu, de ses instructions, de ses voies, de sa direction dans le passé. N’oubliez pas ses commandements, ses bénédictions, ses leçons. Des monuments furent érigés et des fêtes organisées pour rappeler aux nouvelles générations la manière dont Dieu traita avec leurs ancêtres. Au contraire d’autres livres sacrés, la Bible contient beaucoup de livres d’histoire, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Ils nous rappellent que Dieu a toujours été actif dans les affaires humaines. Une mémoire courte amène une vision étroite. Malheureusement, ceci est bien vrai au sein des croyants. Notre perspective du passé nourrit notre vision de l’avenir. Notre manque de perspective du passé nourrit notre manque de vision de l’avenir. C’est pourquoi, nous devons nous souvenir comment Dieu a été à l’œuvre dans le passé de l’Europe. L’histoire de Jésus a été le seul plus grand facteur qui façonna le passé de l’Europe, et continuera encore à façonner son avenir. À Riga, lors du State of Europe Forum des 8 et 9 mai prochains, nous réfléchirons au rôle des valeurs bibliques dans la victoire de la guerre, il y a 70 ans, dans la victoire de la paix, il y a 65 ans, avec la déclaration Schuman, et dans le triomphe de la vérité et de la justice face au communisme, il y a 25 ans. Et pourquoi ces mêmes valeurs sont notre espoir pour l’Europe de demain. Vous pouvez toujours nous rejoindre là-bas.
À la semaine prochaine,