Utrecht était le centre du monde cycliste ce week-end avec le départ du Tour de France. Cette ville vieille de 2000 ans est habituellement le point de départ du Tour de l’héritage continental, lequel démarra aussi ce week-end.
Pour des raisons évidentes, nous avons évité les foules pendant que les superstars du cyclisme filaient dans les rues de la ville. Nous nous sommes d’abord dirigés vers le nord, en Frise, dans notre recherche des ‘minorités fidèles’ ayant façonné l’Europe par leur foi : Boniface, l’apôtre des Germains ; Menno Simmons, le réformateur de paix ; Les Frères de la Vie Commune et Thomas a Kempis, un mouvement qui se répandit de Deventer et Zwolle, vers l’Europe du Nord, et qui ouvrit la voie à la Réforme. Et donc aujourd’hui, nous avons visité Utrecht, pendant que les travailleurs nettoyaient les rues après l’exode massif des cyclistes et des spectateurs d’hier. Cette ville est, à mon avis, le meilleur endroit pour illustrer comment l’Europe reçut son âme. Nous étions sur la place en face de l’église Dom, totalement éclipsée par la Tour Dom achevée à la fin du 14ème siècle. J’expliquais à notre groupe que nous allions voir des preuves autour de nous de la conversion des Coptes, des Romains, des Francs, des Irlandais, des Scots, des Anglo-Saxons, des Frisons, des peuples germaniques et des Vikings.
La roue de la torture
Chaque Néerlandais connaît le nom de la Hoog Catherijne, le grand centre commercial adjacent à la Gare Centrale d’Utrecht. Mais j’ai rencontré peu de Néerlandais qui ont pu m’expliquer qui était cette ‘Catherijne’. Dans les siècles passés, un couvent portant le nom d’une certaine St Catherijne était situé où le centre commercial se trouve maintenant, avant d’être déplacé vers un site au sud du Dom, maintenant un musée bien connu sur l’histoire chrétienne des Pays-Bas. À côté se trouve la cathédrale catholique de St Catherijne, avec un vitrail dépeignant la sainte souffrant sur la roue de la torture. Enfant en Nouvelle-Zélande, j’étais familier avec les feux d’artifices nommés la roue de Catherine, une roue de feu tourbillonnante, mais je n’avais aucune idée de son origine. Catherijne/Catherine était une jeune femme copte d’Alexandrie, et une évangéliste passionnée de 25 ans qui amena la femme de l’empereur romain à la foi vers la fin du troisième siècle, une période de grande persécution de l’église copte en Egypte par les Romains. Pour ses efforts, elle fut torturée sur la roue, et puis exécutée. La légende dit que des anges transportèrent son corps dans le Sinaï, sur le site du célèbre monastère portant son nom. Catherijne est donc une preuve de la conversion des coptes. Saint-Martin, le saint patron d’Utrecht, était un soldat romain converti par la lecture de la biographie de Saint-Antoine, un moine et ermite copte. La célèbre histoire de Martin coupant sa cape rouge d’officier en deux afin de donner la moitié à un mendiant est l’origine du drapeau d’Utrecht et du symbole de la ville : un rectangle rouge et blanc divisé diagonalement en deux. Les maillots de l’équipe de football de la ville, également divisé diagonalement en rouge et blanc, sont des souvenirs de la conversion des Romains. Des soldats francs construisirent la première chapelle dans la ville en l’honneur de Martin, preuve de la conversion des Francs. Lorsque l’Anglo-Saxon Willibrord, apôtre des Frisons, arriva aux Pays-Bas, de la Grande-Bretagne, il dédia de nouveau la chapelle à Saint-Martin, nom toujours associé à l’église Dom. Willibrord faisait partie du mouvement des Anglo-Celtes qui débuta quand Patrick évangélisa les Irlandais, lesquels évangélisèrent les Scots, lesquels évangélisèrent les Angles et les Saxons qui avaient envahi la Grande-Bretagne après le départ des Romains.
Les runes des vikings
Boniface, collaborateur de Willibrord à Utrecht, durant quelques années, fut par la suite chargé par le pape de se rendre à l’est, au-delà du Rhin, afin d’atteindre les peuples païens germaniques, tâche qu’il assura efficacement, provoquant un changement du cours de l’histoire germaine. De manière assez incongrue, une large pierre avec des inscriptions runiques se tient près du mur du jardin du cloître, un témoin silencieux de la conversion des Norvégiens et des Danois. C’est une copie de la pierre de Jelling dont l’originale se trouve au Danemark, et qui raconte comment Harald à la dent bleue soumit les Norvégiens et les Danois, et les introduisit au Christianisme. Les lettres runiques ‘H’ (Harold) et ‘B’ (dent bleue – il aimait les myrtilles) sont à l’origine de l’icône bien connue de Bluetooth. La conversion de ces peuples européens, et de beaucoup d’autres, de l’Arménie à l’Islande, au cours du premier millénaire, amena un changement important dans la conception du monde, passant du polythéisme au monothéisme, donnant une nouvelle compréhension de Dieu, de l’homme et des relations, et apportant une nouvelle manière de vivre. Une conception commune, chrétienne au sens large du terme, posa les fondations de l’émergence de la culture et de la société européenne. En bref, voici comment l’Europe reçut son âme, ses valeurs et sa vision. Demain, nous irons à Amsterdam afin d’y apprendre comment l’Europe a perdu son âme. Vous pouvez suivre notre tour au travers de vidéos régulières sur la page facebook du Centre Schuman.
À la semaine prochaine,